Ma vie est un Roman
Personnages




Vladimir Boukovski

« Je ne suis pas du camp des réactionnaires, je ne suis pas du camp des révolutionnaires, je suis des camps de concentration. » : tels ont été les premiers mots de Boukovski, figure emblématique de la dissidence soviétique, passé des hôpitaux psychiatriques à la prison de Lefortovo et échangé contre le Chilien Corvalan en 1976, face à la presse (déjà hémiplégique) du monde libre qui n’avait d’autre question à lui poser que celle de son appartenance politique. Il répondait : " Je ne suis pas du camp des réactionnaires, je ne suis pas du camp des révolutionnaires, je suis du camp de concentration". Beaucoup plus tard, la télévision française osa lui opposer, au cours d'une émission littéraire, dans la discussion un directeur de la presse communiste … un peu comme si à un ancien déporté des camps nazis, on opposait la parole du directeur de Je suis partout ! Nikita Krivochéine m’avait, pour aller interviewer Boukovski à Londres, prêté son appartement. Il avait oublié d’en aviser son camarade Telnikov qui le lui gardait et arrosait ses plantes. Telnikov crut donc bien faire en y amenant tout droit Boukovski, se dérobant aux journalistes. Et Boukovski eut pour première vision de l'occident celle d'une femme en deshabillé noir sortant du lit et lui proposant gracieusement de prendre la chambre pendant qu’elle ferait les bagages. Il ne voulut jamais croire que je n’étais pas une « créature » du KGB. Et c’est ainsi que je n’eus pas mon interview. Quand le livre, Droit d’asiles en Union Soviétique, parut, il comprit qu’il s’était trompé et m’accorda en scoop un interview pour VSD, le journal où je travaillais alors. Il vit en Angleterre et je ne l’ai pas revu. Mais j’ai lu ses livres et c’est l’un des êtres les plus sensibles et les plus intelligents qui soit parvenu alors à échapper aux griffes de nos amis de l’Est. Par la suite, il eut le choc de l’Occident, complice ou niais. Mais ceci est une autre histoire …





Giovanella Bruno di Belmonte (cf. Savignano)





Diko Byzanthios

Peintre grec (écoutant à dr. sur la photo) les mélodies grecques de William Skyvington), ami d’Ionesco et de Jean-Paul Aron, Diko a été, à une époque de ma vie, un compagnon de bout de chemin lointain, agréable et attentionné. Amoureux des jolies femmes et de l’air du temps, il déplorait la disparition de l’ennui, seul garant de l’amour selon lui, et il n’avait sans doute pas tort.





Jérôme Caillot

G-ROM (ici, à la Sorbonne, le jour de ma soutenance de thèse, puis à Rome, pour la projection de notre CD) m’a tout appris au fin fond de Montreuil de ce qu’il y avait à savoir sur le mystères des ordinateurs. Puis, pendant une année, nous avons travaillé ensemble sur ce CD pour la Compagnie de Jésus , qui nous a demandé tant d’efforts, d’invention, et ressemble fort à un parcours initiatique. Nous avons vécu ensemble, dans la même maison, lui travaillant jusqu’aux petites heures du jour, sans parfois nous rencontrer ou nous parler de la journée. Tout cela a fini par un voyage à Rome, toujours en tout bien tout honneur comme le dit une curieuse expression, avec une complicité et un émerveillement ou un amusement partagés. Cela reste une des aventures de ma vie les plus riches et les plus émouvantes avec un homme qui ne m’a jamais regardée – sauf sur écran d’ordinateur. Car Jérôme est non seulement un « développeur » capable de trouver une solution à tout, mais aussi l’un des interlocuteurs les plus cultivés avec lequel j’ai pu m’entretenir.





André Calles

André, après avoir publié Comment vivre au-dessus de ses moyens sans vraiment se fatiguer, qui avait été jugé si astucieux par le fisc que la publication avait été suspendue, a passé sa vie à nous faire attendre la fin d’un manuscrit mythique sur le Transsibérien. Surtout nous étions quelques-uns à nous enchanter des saillies de celui qui fut l’un des derniers « hommes entretenus » du siècle, pour son esprit, ses boutades et ses carnets d’adresses. Le directeur de Newskweek, le couturier « qui aimait les femmes », quelques dames qui pour être de la haute n’en étaient pas moins auparavant passées par les officines de Madame Claude le chouchoutaient. Nous avons passé des moments drôles, cultivés, délicieux dans sa petite maison de Ramatuelle ou celle de Gisor. …


Et dédicace retrouvée à Bécherel


Père J-Y Calvez, s.j.

C’est grâce au Père Calvez que j’ai rencontré le mythique général des Jésuites, le Père Arrupe. Malgré lui, il s’est retrouvé me patronner pour le livre que j’ai consacré à la Compagnie, Les Jésuites ou la Gloire de Dieu, (Cocktail de lancement) puis pour le CD ROM Roots for tomorrow/ La pédagogie jésuite transmise aux laïcs . Mon non-marxisme viscéral irritait cet auteur d’une somme sur le marxisme. Mais nous avons toujours gardé des rapports de méfiance, d’amusement et, au fil du temps, d’une certaine affection.





Guy des Cars

Qui connaît encore le nom de Guy de Pérusse des Cars (1911-1993) ? Qui sait que pour son courage au front, il reçut la Coix de Guerre, avant de publier son premier grand succès, L’Officier sans nom ? Ce fut je crois pour la sortie de La Maudite, en 1970 que j’allai interviewer pour la première fois l’auteur de L’Impure, qui était considéré avec un peu de hauteur dans le milieu littéraire car … ses livres étaient des best-sellers. Il n’en serait sans doute pas de même aujourd’hui. Non seulement le descendant des ducs de Pérusse des Cars me reçut avec aménité, mais il m’envoya peu après, à mon retour d’Iran, où j’étais allée pour les Fêtes du Shah (octobre 1971), un pain de foie gras de ses terres. Or, pour ce Noël 1971, j’étais particulièrement fauchée : j’invitai tous mes amis et échangeai foie gras et caviar (Djavad Alamir m’en avait offert plusieurs boîtes) contre quelques steaks et escalopes. Je m’en souvins lorsque nous tirions un peu le diable par la queue avec Anne de Boismilon, au moment de notre enquête sur les Filles de Claude. Je l’appelai donc sous le fallacieux prétexte de l’interviewer, vers l’heure du déjeuner, et – pas dupe – il nous invita chez Ledoyen où nous mangeâmes deux déjeuners par personne. Il rit de notre empressement et nous déposa au passage, chacune chez elle, dans sa Rolls (ce qui nous remonta notre cote auprès des fournisseurs). Ce fut un homme drôle, charmant, d’une rare courtoisie.


> Personnages



© - Conception et direction artistique : Elizabeth Antébi - Réalisation : Anares Multimédia