Ma vie est un Roman
Personnages




Fred Adler

Fred Adler était un venture-capitalist (financier du capital-risque) de charme lorsque je l’ai rencontré à New York, dans son building à la vue somptueuse de New York, 145 Park Avenue, 42e étage. Le venture-capital était dans les années 80 une idée neuve aux Etats-Unis, née des premiers succès de la « vallée du silicium ». Je fus, en France, la première à écrire un article sur le phénomène. L’Express me le refusa car c’était « trop nouveau » et qu’il fallait attendre que d’autres journaux en parlent (ailleurs, on eût parlé de scoop) ; grâce à Jean Demachy, Lui le publia. J’avais rencontré aux Etats-Unis pas mal de venture-capitalistes, conseillée souvent par l’ami Jacques Vallée qui l’était devenu, mais ceux qui m’avaient profondément impressionnée ont été, pour des raisons diverses, voire opposées, Jean Deléage sur la Côte Ouest, Adler sur la Côte Ouest. Deléage était Français, acéré, et avait eu cette phrase à laquelle je songe souvent : « En Amérique, un bilan est clair, fait pour communiquer. En France, illisible et fait pour cacher. » Il savait à merveille décortiquer les rouages et mécanismes des affaires pour un public non averti. Fred Adler, lui, opérait par le charme. Il avait dans son bureau une toile représentant un vieil Indien qui s’éloigne vers la colline en laissant des traces de sabots sur le sable. « Et disait-il, le vent va se lever, réorganiser les grains de sable. Nul ne gardera trace du passage de cet homme qui emporte avec lui les secrets d’un monde évanoui. »





Pierre Aigrain

C’est en 1980, quand j’écrivais La Grande Epopée de l’Electronique, que j’ai rencontré Pierre Aigrain, présentée par un de ses amis, Claude Dugas, qui m’avait beaucoup aidée. Aigrain, après avoir été ministre de la Recherche, était devenu conseiller du Président chez Thomson. Il a fait acheter 4 000 exemplaires du livre terminé (en anglais et en français), tant il en aimait la conception. Mieux : pour le cocktail de lancement de Biotechnologies : le Génie de la Vie, mon livre suivant dans la même collection, il est venu me parrainer au Ministère de la Recherche et de l’Industrie, avec Hubert Curien, qui m’avait prêté une salle au dernier étage. Je suis donc arrivée au bras de l’ancien et du nouveau ministre.

Pierre Aigrain, en 1985, au cocktail de lancement des Biotechnologies.





Djavad Alamir

Le Prince Dawallou (de la dynastie écartée du trône par le père du Shah) avait accueilli en 1971 les journalistes venus pour les fêtes du deux mille cinq-centième anniversaire de l’Empire perse, en tant que familier de la cour et … correspondant d’un journal français - le Monde, je crois. Il m’avait conviée à sa table au Bal des Petits Lits Blancs, m’avait présenté le Premier Ministre Hoveyda, avec qui j’ai ouvert le bal, juste après que la Shabanou Farah Dibah eût esquissé le premier pas sur la piste. Après la révolution de Khomeiny, « l’homme qui fait trembler l’Occident » - comme le proclamait une affiche apposée sur la Maison de l’Iran et masochistement gardée par des CRS sur les Champs-Elysées -, Djavad s’installa en France et reprit des activités de producteur télévisuel sur des sujets de société. J’ai réalisé quelques films pour lui, avant de me consacrer à mes livres.





Jack Anderson

Ce journaliste mormon, originaire de Salt Lake City, terrifiait le monde politique de Washington avec sa chronique Merry-go-round, « Le Manège ». Il fut la première personne que j’interviewai en arrivant sur la Côte Est des Etats-Unis, à l’époque où la correspondante de l’Express, Gilberte Furstenberg, vint me sauver de l’hôtel borgne où j’avais échoué, et … m’apprendre l’anglais. Je me rappelle un homme chaleureux, magnétique, sur ses gardes, auquel pour finir, sortant de mon livre Ave Lucifer, j’avais demandé comment lui, Mormon, définirait le diable. Avec un éclair dans le regard, il m’avait répondu : « L’heure que j’ai passée avec vous ! »





Lisa Antéby

Grâce à Lisa, j’ai redécouvert en 1996 Jérusalem où je n’étais pas venue depuis près de vingt ans. Son charme et la variété de ses connaissances m’ont d’entrée bluffée – spécialiste des juifs d’Ethiopie connus sous le nom de falashas, elle parlait couramment amharique et hébreu – outre bien entendu l’anglais (elle a fait une partie de ses études aux Etats-Unis) et le français. Nous avons partagé des découvertes, des émotions et surtout bien des rires, en particulier à Tolède, durant un congrès très savant, en 1998. Et puis elle a passé son doctorat, reçue bien entendu avec les félicitations du jury à l’unanimité, elle s’est mariée avec un journaliste très en vue, Ben Dror Yemeni, avec lequel elle a une adorable petite fille, Shira. J’étais invitée pour les fiançailles dans ce salon très particulier d’un grand restaurant de Paris où il est de coutume que les filles testent sur le miroir (tout rayé) le diamant offert par leur cavalier. Et voilà qu’à la fin du repas, Ben Dror – qui, nous l’apprîmes par la suite, s’était agenouillé sur le pont Saint-Michel pour faire sa demande en règle aux pieds d’une Lisa émue aux larmes de nous découvrir tous réunis à l’attendre - sort de sa poche un écrin et un diamant. Si vous regardez bien le miroir de ce salon-là, vous y verrez écrit dans un tout petit coin un nom en caractères hébraïques … Pour les noces, l’un de ses cousins a offert à Ben Dror une correspondance échangée entre le grand rabbin yéménite leur aïeul et mon cher petit Pacha Albert Antébi, aïeul de Lisa. Je ne répéterai jamais assez avec Chamfort que « si le hasard était vraiment responsable de tout ce qui se passe, il s’appellerait Dieu ». Lisa est de ma famille « choisie », comme on choisit ses amis, avec son père, mon cher David qui m’a tant aidée lorsque ma fille était petite, et sa mère, Suzanne, toujours jeune, séduisante et généreuse.


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