ENQUÊTE
Je crois que cest en lisant des coupures de presse sur Charles Manson et lassassinat de Sharon Tate que jai pensé à écrire un livre sur le Diable, avec déjà les deux grands thèmes qui me passionnèrent depuis et que je nai cessé dapprofondir : notre lien religieux avec lau-delà au sens étymologique (qui nous relie au Cosmos), mais aussi notre degré de liberté et la manière dont nous lutilisons. Pour moi, il était indubitable que nous abordions les temps où « Satan conduit le bal » et où lhomme désespère de son propre pouvoir de progresser par la science et les techniques, première grande désespérance jamais vécue auparavant, en des temps de lillusion européenne, où lon croyait que la seule accession à la chaleur et à la lumière permanente garantissait le bonheur de lhomme. Et puis jai voulu rencontrer les ombres noires de notre siècle, commeJulius Evola, dadaïste conseiller de Mussolini et spécialiste de lhindouisme, ou même les grands entrepreneurs qui jouaient avec lidée du Malin comme Louis Armand. Ce livre a larrogance des 25 ans : je croyais tout savoir sur lAnge de Lumière déchu pour avoir voulu jouer les Prométhée. Ai-je depuis mis de leau dans mon vin ? Sans doute.
A lépoque jétais donc partie de laffaire Manson (lassassinat de Sharon Tate et de ses amis par une bande dilluminées, folles du « gourou du Mal » Charles Manson), et javais commencé par enquêter dans les sectes et auprès dauteurs spécialisées dans le démon et les messes noires, comme le pittoresque Ange Bastiani et le talentueux Claude Seignolle. Je fréquentais aussi prémisses à ma passion haïtienne le club vaudou de la cité Véron, fondé par une grande danseuse révélée par les Ballets de Béjart, Mathilda Beauvoir, mambo (prêtresse vaudou), et son époux, Claude Planson.
Séance vaudou chez Mathilda, pour le lancement du livre de son mari, Claude Planson, dont je fus un temps lattachée de presse. Quatrième à droite, André Bercoff. Je suis à gauche sur la photo, avec Alain-Marie Carron, du Monde, devenu par la suite rédacteur en chef de Point de Vue Images du Monde.
Par la suite, je suis allée poser mes questions sur le Malin à Julius Evola, hindouiste et conseiller de Mussolini auquel jai pu accéder grâce à Dominique de Roux, puis jai interrogé Raymond Abellio, Louis Armand, Pierre Schaeffer (disciple de Gurdjieff)
et cest ainsi que je suis entrée au Service de la Recherche à lORTF.
LE RESUME DU LIVRE
Aujourdhui, la Magie ne prend plus seulement le visage de Satan pour exercer ses ravages. Elle a aussi des noms plus modernes : technologie, mass media, informatique, publicité (parente de lhypnose), cybernétique, happening
Sans parler de toutes les sectes religieuses fanatisées dont le dieu est plus proche du démon que de la divinité.
Du tsar Nicolas II à) Hitler avec Papus, Raspoutine ou Hanussen de Gurdjieff aux « teinturiers de la Lune », lésotérisme est au pouvoir. Parfois le scandale éclate, lors de la disparition des enfants du mage de Marsal par exemple, ou après le meurtre rituel de Sharon Tate. Mais le plus souvent, nous côtoyons sans nous en rendre compte, des milliers de possédés, membres de chapelle initiatiques aberrantes.
Cet tout ce monde inquiétant et (apparemment) marginal quElizabeth Antébi nous fait découvrir, soit au travers de ses enquêtes, soit par des interviews de personnalités informées de ces univers secrets : le philosophe Raymond Abellio, le fondateur de la Recherche à lORTF Pierre Schaeffer, lindustriel Louis Armand, léminence grise de Mussolini Julius Evola, le Pr. Banerjee, para-psychologue de luniversité de Jaïpur (Indes) à la fois en relation avec la NASA et lInstitut de Leningrad, , ou le Père exorciste de lArchevêché de Paris.
Ce livre est une descente aux enfers modernes dOccident.
DOSSIER DE PRESSE
La presse a couvert la sortie du livre avec un empressement surprenant. La Commère (Carmen Tessier) de France-Soir, rubrique suivie sil en était, a titré la phrase ci-dessus :
« Vingt-cinq ans, un visage angélique
Pourtant Elizabeth Antébi est bien lauteur dAve Lucifer, son premier livre. Pour elle, rien nest surprenant. Elle a choisi ce titre parce quà linstar de Lucifer cet ange déchu pour avoir voulu trop savoir nous traversons une époque où nous risquons le pire à vouloir bousculer les tabous. »
La Commère israélienne (Myra Avrech) sen est fait lécho. Minute a fait paraître une photo superbe de François Roboth. La photo romantique de Robert Lattès est parue dans plusieurs journaux dont Elle. Le livre a donc très vite connu une édition de poche, chez JAi Lu, grâce à Jacques Sadoul, et a été vendu en Espagne.
Photos de Roboth, Lattès :
et article de Myra Avrech ainsi que la « Chronique de létrange » de Straton le Nîmois, dans Point-de-Vue-Images-du-Monde :
« Notre jeune et charmante consoeur de lExpress, Elizabeth Antébi, sest attaquée avec une grande conscience et un vigoureux talent à un sujet dont on aurait tort de sourire leffroyable affaire Sharon Tate nen est-elle pas la preuve ? la Magie et plus particulièrement la «Diablerie. [
] On y trouve certains chapitres remarquables, et les entretiens quelle a eus avec des personnalités aussi différentes que celles de Pierre Schaeffer, Raymond Abellio, Philippe Lavastine,le Père exorciste de lArchevêché de Paris, Louis Armand, Julius Evola, éminence grise de Mussolini, ou encore le professeur Banerjee, parapsychologue à luniversité de Jaïpur, sont fort bien venus. »
Dominique Gaussen, Tonus.
« Jétais lundi soir au bar de lOlympia où Elizabeth Antébi, 25 ans, fort jolie, si brune dans sa longue robe noire, fêtait la sortie de son livre Ave Lucifer.[
] Un brillant essai dans lequel lauteur sinterroge sur la place que dans notre Xxe siècle tient encore la magie sous des noms fort divers. La publicité, par exemple, net-elle pas une forme moderne de la magie ? Mais cet essai est en même temps une somme. Je suis stupéfait de voir comment cette jeune fille a pu ingurgiter, digérer tant douvrages (sa bibliographie en compte, sauf erreur, deux cent quatorze), recueillir tant de propos pour nen retenir que le suc. »
Yves Grosrichard, La Montagne.
« Le XXe siècle technologique est aussi celui de la magie. Dans les labyrinthes secrets de la volonté de puissance, cette société produit des possédés et des initiés. Du tsar Nicolas II à Hitler, avec Papus, Raspoutine ou Hanussen, de Gurdjieff aux teinturiers de la Lune, lésotérisme mène parfois la danse.[
] Elizabeth Antébi a entrepris des recherches en Europe sur la question.[
] Elle conclut que lère nucléaire annoncée par les alchimistes récupère la magie sous des mots apparemment innocents, comme happening, mass media, cybernétique, etc. »
Nord-Eclair, Lille.
« Cest une oeuvre intelligente, qui ouvre toutes les voies : celle de la connaissance, celle de lappréciation et celle du doute, et que met en service une écriture concise qui démontre que la culture universitaire nest pas une vaine promesse. » L.C. La Montagne.
« A vingt-cinq ans, brune aux yeux verts, Elizabeth Antébi vient de publier aux éditions Calmann-Lévy son premier livre, Ave Lucifer. Pourquoi Lucifer et non pas Satan ou le Diable ? Parce que lange déchu pour avoir voulu parvenir trop tôt à lessence des choses symbolise à ses yeux une société qui brûle trop souvent les étapes, la nôtre.[
] Entre autres révélations surprenantes, on peut découvrir avec Elizabeth Antébi détonnants aspects du tantrisme, des messes noires ou du contre-espionnage, à cryptage ésotérique. Une galerie de personnages étranges, connus ou méconnus, défilent sous nos yeux : le mage caucasien Gurdjieff, condisciple de Staline à Alexandropol ; le philosophe et mathématicien Raymond Abellio, ou le baron romain Julius Evola, peintre dadaïste, animateur dun cénacle magique dans les années 30, conseiller occulte de Mussolini et maître à penser de certains éléments de lextrême droite italienne.[
] Lesprit de confusion, le goût pour tous les sous-produits de la magie indiquent la présence parmi nous du diable, singe de Dieu. Mais dans la légende de Lucifer, une émeraude est, pendant la Chute, tombée de son front dans laquelle on a creusé le Graal qui recueillit le sang du Christ. » Jean Barsalou, La Dépêche du Midi
« Autre lecture bien différente : Ave Lucifer dElizabeth Antébi (Calmann-Lévy). Le diable est en effet non seulement terré en nous-même, mais se promène un peu partout. Le théâtre actuel, de Grotowski au Living Theater, du Bread and Puppett à Arrabal, exorcise nos démons en jouant leur jeu, conjure lEnfer en célébrant la Passion de Satan. Conjuration qui relève essentiellement de la sorcellerie et de la pratique du bouc émissaire. La relation qui existe entre limportance actuelle accordée aux mass-media et la magie est peut-être plus subtile, moins évidente. Lorsquun ensemble de gens reçoit sur le récepteur de télévision à la même heure un même programme, il se produit un phénomène de re-création de la pensée collective, très proche des phénomènes de télépathie ou de voyance. » Anne-Marie Cazalis, Elle
« La cybernétique, le nouveau roman et la nouvelle critique sont dessence magique : cest du moins ce quaffirme Elizabeth Antébi dans un livre sur la magie moderne, plein daperçus surprenant mais toujours fondés sur une recherche sérieuse.[
] On retiendra particulièrement cette phrase de lacadémicien Louis Armand : « Nous demander de supprimer la magie, ce serait nous demander de supprimer nos vertèbres, sous le prétexte quelles datent du poisson. » Ces échanges de vues avec des témoins peu suspects de vulgaires superstitions ne sont pas un des moindres attraits de cet inventaire qui va de la sorcellerie à lordinateur. » LAurore
« Lucifer est-il parmi nous ? Est-il en nous ? Le lecteur en jugera et pourra se demander avec E. Antébi si la Société moderne est la plus proche possible dune civilisation magique nettement dissociée de la civilisation scientifique, son pendant et son revers. » LEcho de Saint-Etienne
« Dénoncer la magie noire et ses à-côtés est le seul moyen de venir en aide aux faibles, aux faux-romantiques ou, au plus haut stade de léchelle, à ceux qui seraient tentés dentrer au royaume luciférien assimilé au psychédélisme, « nostalgisme », « psychalgie », il est facile de forger les mots du diable. Une mauvaise utilisation du savoir est punie par un choc en retour, comme la mauvaise utilisation dun combiné chimique provoque une explosion. Tel est lun des thèmes de conclusion quE. Antébi formule à la fin du volume quelle vient de consacrer à la magie. Cet ouvrage, fort brillant, a été divisé en trois parties :
La première est consacrée à lattitude du pouvoir, de la justice en particulier, à légard des sciences parallèles ; on y lira avec le plus grand intérêt le chapitre consacré aux malfrats de lau-delà.
La deuxième partie traite de la conquête des pouvoirs par la magie, ce qui permet au lecteur de préciser, faits historiques à lappui, dans quelle mesure magie et sorcellerie peuvent devenir les armes de la volonté de puissance.
Enfin, la troisième partie cherche à pénétrer les arcanes de la magie secrète, de lalchimie médiévale aux tentations modernes dimprégnation des masses. »
Revue de la Police Nationale
« Original et même inattendu. » Hervé Lauwick, Jours de France
« Ouvrage présentant un intérêt capital ». Dernière Heure, Bruxelles.
« Il est bon de connaître, par exemple, le lien étroit unissant le phénomène nazi à daberrantes sociétés secrètes : Ce sont les sectes qui tirèrent du néant Hitler, medium chtonien du Sang et de la Race. Dans Ave Lucifer, E. Antébi analyse les rapports des sciences parallèles avec les diverses autorités (politique, religion, médecine) du monde visible, illustrant sa démonstration par de passionnants récits, des interviews de spécialistes et lexégèse douvrages souvent introuvables. Un essai diablement envoûtant. » Figaro Littéraire
Et Post-Scriptum, émission littéraire de Michel Polac, annonce pour la première semaine de janvier 1971 un sujet sur lésotérisme, avec Louis Pauwels, René Alleau, Raymond Abellio, Elizabeth Antébi entre autres invités
EXTRAITS
« Un livre sur la magie. Encore un. Pourquoi ?
Ouvrage historique ? Panoplie croustillante de nos contemporains en goguette ? Ni lun ni lautre. Ce livre désire moins sattarder sur les pratiques magiques envoûtement, messes noires, voyante que, dune part, sinterroger sur la place que tient la magie dans notre société du Xxe siècle, où elle est intimement liée à tous les faits de la vie (de la simple superstition à la volonté de puissance), et, dautre part, opposer à la magie noire qui englue, damne et déracine, lésotérisme, science traditionnelle, conservée à lintérieur dun noyau dinitiés. La magie eut ses ambassadeurs, à laube de la civilisation chrétienne, auprès de Jésus-Christ : des trois rois mages, lun présentait lencens, symbole du pouvoir spirituel, le second, lor, symbole du pouvoir temporel, le troisième enfin la myrrhe, promesse dimmortalité. [
] Des grandes figures de mages et philosophes qui traversent louvrage, les uns, comme Gurdjieff ou René Guénon, ont tenté de préserver lencens et la myrrhe. Dautres (Julius Evola, en partie Raymond Abellio) ont corrompu les notions dascèse et de spéculation philosophique en se fourvoyant dans le guêpier politique. Dautres enfin, comme Aleister Crowley, choisirent lApocalypse de lOr, du pouvoir temporel et de la magie noire.[
] Aujourdhui enfin sélabore une nouvelle mystique à base dargent, dégotisme, de narcissisme, de frénésie et de fureur, dont le grand pape est Salvador Dali, et sérige un nouveau Veau dOr, la machine. Avec léclatement des valeurs consacrées, Picasso, les dadaïstes et les surréalistes, Pierre Schaeffer, Pierre Henry et la musique concrète, lArt Op, puis le Pop Art, la recherche de labsolu conduite aux limites de la folie par un Yves Klein, la société moderne est la plus proche possible dune civilisation magique, nettement dissociée de la civilisation scientifique, son pendant et son revers.
La cybernétique, le nouveau roman et la nouvelle critique, le culte des mass media sont dessence magique : certaines lois cybernétiques (présence dondes pertubatrices) évoquent la notion de choc en retour ; la cybernétique est en quelque sorte une manifestation moderne de la télékinésie et de lanimation de la matière, symbolisée dans la légende par le Golem, statue dargile dotée de vie par un seul mot tracé sur son front. Le Golem nest dailleurs plus un rêve futuriste : un inventeur américain na-t-il pas consacré une dizaine dannées de sa vie à la confection dun robot parfait qui respirait, avec un rythme cardiaque régulier, la peau chaude, marchait, bougeait et
qui abattit son constructeur dun seul coup de poing comme le Golem de la légende ?
Choc en retour, animation de la matière, importance aussi du langage. Des linguistes Saussure et Chomsky à Raymond Queneau et au Nouveau Roman, on ne cesse de se pencher sur les pouvoirs du mot et de la phrase : le nom fait, seul, exister la chose. Roland Barthes la montré dans son essai sur Sarrasine de Balzac, le fait quon nomme ou quon écrive quelque chose dune certaine manière crée la chose et la fait vivre de cette seule manière possible. Ce qui évoque les pratiques des kabbalistes inscrivant les noms de Dieu dans un ordre déterminé pour invoquer les forces magiques.
Choc en retour, animation de la matière, importance du langage, sens du geste enfin et de la communication. Le théâtre actuel, de Grotowski au Living Theater, du Bread and Puppett à Arrabal, exorcise nos démons en jouant leur jeu, conjure lEnfer en célébrant la Passion de Satan. Conjuration qui relève essentiellement de la sorcellerie et de la pratique du bouc émissaire. [
] La vérité, disait laumônier de Glières à André Malraux, cest quil ny a pas dadultes. La vérité, cest que lhomme naccepte pas encore, malgré des siècles de réflexion, et peut-être accepte-t-il de moins en moins, dassumer sa solitude. » (Extrait de la Préface)
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