Christa et Sam Fuller
Si je place Christa avant Sam, ce qui risque de surprendre les adeptes du cinéaste de Shock Corridor, cest que cest elle que jai rencontrée dans lantichambre dun agent américain et qui a eu la générosité de mintroduire le soir même dans le petit monde fermé du milieu hollywoodien. De Christa me restent des souvenirs de discussion sur Derrida et les reflets ensoleillés dune piscine de rêve où nous nous faisions masser par Gilles Larrain. Par la suite, Sam ma encouragée à reprendre lécriture de mes « Mémoires imaginaires de la comtesse Bathory », trouvant déjà un titre pour le film qui pourrait en être tiré, Bloody Bath for Bathory. Hélas, le projet est resté dans les cartons.
Gilberte Furstenberg
Queussent été mes séjours aux Etats-Unis sans Gilberte ? Serais-je restée dans cet hôtel sordido-rigolo dans le quartier le plus criminel de Washington, qui mavait été indiqué par je ne sais quel « Guide Pas Cher » et où Gilberte, correspondante de lExpress à lépoque, était venue me chercher épouvantée, pour memmener dans sa belle maison de Georgetown ? Aurais-je pu parler anglais sans son aide à elle qui me faisait répéter mes leçons tous les jours, en cuisant son pain dans le four, enceinte déjà de son premier fils ? Aurais-je pu tourner avec tant de facilité mon premier film, Vie et Mort dun Journal et interviewer Anderson ou Nader sans ces bribes ingurgitées danglais ? Puis, quand elle a déménagé à Boston, aurais-je connu dans daussi bonnes conditions le MIT (Massachussetts Institute of Technology) où elle enseignait le français, et où furent publiés par la suite deux de mes livres sur la vulgarisation des sciences ? Ne ma-t-elle pas donné lidée de me tourner vers les multimédias, domaine où elle a remporté des prix pour avoir concocté des projets remarquables dapprentissage des langues ? Grâces lui soient rendues pour avoir été, elle aussi, lune des mes anges gardiens, une de mes amies les plus fidèles et les plus enrichissantes par lexemple dhumilité et de travail quelle a toujours donné.
Martine Gallois de Roquette
Nièce du général Gallois, qui fut le compagnon et lami de mon père, Martine (à g. sur la photo, avec deux autres de nos amies du lycée Molière, Jacqueline Dedoyard et José Geslain) a été la grande amie de mon enfance, rebelle, intrépide, grimpant aux arbres et jouant aux poursuites de voiture comme dans Les Tricheurs de Marcel Carné, qui venait de sortir sur les écrans. Fidèle en amitié, toujours présente, avec le courage du quotidien, elle vit aujourdhui dans le Lauraguais, mais notre passé au lycée Molière, à Cassel ou Heidelberg, à Palma de Mallorca (où nous bénéficièrent des premières sérénades), à Toulouse quand jy vins, à Paris quand elle passe, cimente une affection indestructible daujourdhui et de demain.
Nathalie Geshir
Jai connu Nathalie (à g. sur la photo), toute jeunette, quand elle donnait des cours de piano à ma fille. Venue de Metz, inspirée par les enfants et la musique, elle a passé son Capes et enseigne désormais en Bretagne, après avoir exercé son ministère dans les banlieues, en particulier à Bobigny, et avoir monté des productions avec des jeunes gens dits « défavorisés » à lOpéra de Paris. Dynamique, se renouvelant toujours, avec dans sa besace inépuisable des idées davant-garde, elle est aimée des enfants et des chiens, comme elle le dit en riant, mais aussi de tous ceux qui ont pu pressentir la flamme toujours ardente tout au fond delle.
Maurice Girodias
Editeur sulfureux de lépoque où lon connaissait la prison pour la publication douvrages érotiques, ayant été le premier à publier Lolita de Nabokov et ayant été traité par Gore Vidal de " peddler of dirty books" et de "merchant of smut", Maurice Girodias a longtemps vécu à Boston et New York où je lai rencontré lorsque jhabitais chez Gilles Larrain. Nous nous sommes revus à Paris où il ma fait connaître les glaces Berthillon de la rue Saint-Louis en lîle. Cétait un compagnon dune grande finesse et dune mélancolie gaie, tristement disparu en 1990. Il avait fondé à Paris en 1953 Olympia Press et poursuivi luvre de son éditeur de père, Jack Kahane - qui avait découvert Henry Miller, Anaïs Nin, James Joyce, Lawrence Durrell et les avait publiés dans les années 30 à Obelisk. Cest ainsi quil publia en anglais lHistoire dO de Pauline Réage, Le Festin Nu de William S. Burrough, et des uvres de Beckett, Queneau, Genêt ou Bataille.
Sadek Godzabeh
Un jour, une jeune hôtesse de lair yougoslave que javais connue par des amis, me dit quelle voulait me présenter un de mes lecteurs qui en avait émis le désir : dans un avion, il lisait Droit dasiles en Union Soviétique, et quand ma jeune amie lui a dit quelle me connaissait, il nous a invitées à dîner dans un fastueux appartement sur les quais, non loin de la Maison de la Radio. Il y vivait à liranienne, par terre sur des tapis magnifiques, et se présenta comme le chef des étudiants iraniens en lutte contre le Shah. Je ne lui cachai pas que nous navions sans doute pas tout à fait la même analyse politique, mais il chassa mes phrases dun revers de main et ne cessa de mappeler et de minviter à déjeuner pour échanger des impressions sur le monde. Notre relation était étrange, dénuée de tout marivaudage, et je me demandais souvent quels étaient les raisons de son intérêt. Jétais devenue journaliste à VSD. Il me parlait dun vieillard fort influent dont il était devenu le proche, un certain imam Khomeiny, qui vivait à Neauphle-le-Château. A plusieurs reprises il voulut my emmener pour un interview. Pourquoi ai-je refusé ? Puis je suis partie pour les Antilles diriger une encyclopédie. Dans un entrefilet du Canard Enchaîné, jai lu que lon se demandait si Godzabeh, rentré en Iran dans le sillage de la révolution, relevait du KGB, de la CIA ou était agent double. Je nai jamais su le fin mot de lhistoire, mais une certaine « grille » de lecture mévoquait quelques conversations en Union Soviétique, doù peut-être ma méfiance. Sadek Godzabeh a été tué par ses ennemis politiques en Iran.
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