Ma vie est un Roman
Personnages




Jacques Lacarrière

Ami de Frédéric de Towarnicki, auteur de livres magnifiques sur Les Gnostiques et sur la Grèce sous toutes ses formes, amoureux des poètes et de la Bourgogne, Jacques est l’un de ces écrivains hors normes et hors calibre «au verbe fleuri» et « à la parole ailée ». Il m’a envoyé un jour, après avoir lu mon film sur Alan Watts, une lettre qui m’a chauffé le cœur : Sacy, 30 août (1973)

Comme ton émission était belle, sur Alan Watts, juste, sobre, intense avec, par instants, le plaisir non dissimulé d’apercevoir ta silhouette nirvânienne.

N’écoute pas ce que te disent les méchants loups qui peuvent fréquenter les bergeries parisiennes : tu sens et tu vois juste, n’écoute que toi-même et ceux qui, comme moi, t’aiment et t’admirent toujours de loin. Je n’aime, moi, que la beauté et la vérité, où qu’elles soient et surtout quand elles ont ton visage. Sylvia a déjà envie de t’embrasser tendrement.

Je t’envoie donc ce mot avec les premiers vents de l’automne qui ce matin m’ont éveillé à l’aube et j’ai marché à l’orée des forêts en pensant que quelque part, sur la dure écorce des rêves, tu durais . Que ce message t’apporte mon tendre souvenir et l’esprit de se voir autrement qu’entre deux couloirs pour parler véritablement. Nombreux sont les chemins du labyrinthe, les chemins les plus longs qui mènent à la chambre enclose où somnole, non le Minotaure, mais la chrysalide que, bientôt, tu cesseras d’être.

Ecris moi.

Jacques Lacarrière

L'un des derniers gestes d'amitié de Jacques fut d'inaugurer (avec son épouse, la comédienne Sylvia Lipa) le premier Festival Européen de Latin et de Grec, qui j'ai lancé en mars 2005. Il s'est éteint en septembre de la même année. Mais "longtemps, longtemps après que les poètes aient disparu", chantait Trenet, "leur nom court dans les rues". Et dans notre coeur. 



Ronald Laing

Ronald Laing (1927-1989) a été l’un des compagnons de route de l’anti-psychiatrie (qui a connu des excès, surtout en Italie avec Basaglia). En 1960, il avait publié Le Moi Divisé et en 1967, La Politique de l’expérience, un best-seller qui s’était vendu à des millions d’exemplaires. Pour lui, la folie pouvait se révéler une réponse créative et adaptée parfois au monde environnant. Mais il est surtout le poète du recueil intitulé Knots (« Nœuds ») sur les dévastations du « double lien » (double bind), créateur de folie, et dont l’exemple le plus banal reste celui de la mère qui appelle son fils pour qu’il l’embrasse en même temps qu’elle le repousse d’une bourrade, lui reprochant d’être brutal. Pour l’Express, je suis partie l’interviewer à Londres. Un interview assez surréaliste, dans la mesure où il s’arrêtait entre les phrases, ou en plein milieu d’une phrase, laissant tout en suspens pour une demie-heure, et reprenait, avec un accent écossais tel que, novice en anglais, je ne comprenais qu’un mot sur cinq ! Mais la lumière qui émanait de sa personnalité, son humour affleurant le regard, sa façon d’imposer son monde intérieur, plus réels que tout ce qu’il pouvait dire, ont transformé l’essai en réussite. Je l’ai revu, plus tard, avec autant de plaisir, sans rien y comprendre à mon habitude, car il mêlait ses concepts de metanoïa - ou voyage intérieur grâce à la régression à un niveau d’expérience précédant l’acquisition des distinctions entre passé et présent, réel et imaginaire etc. - à des analyses de passages de Sartre, Husserl ou Camus. Ce qui me touchait en lui, c’était sa médiumnie, sa prescience des spiritualités orientales, ce qui en lui communiquait ailleurs et autrement. Sa prescience était grande, mais son message était brouillé. Et pourtant, que de fulgurances !





David Landes

Historien de l’économie de l’université de Harvard, auteur de Banquiers et Pachas sur l’Egypte, David Landes a publié récemment un best-seller sur Richesse et Pauvreté des Nations, où il semble, entre autres notions, établir que la manière, ouverte ou non, de traiter les femmes est proportionnelle à l’état florissant ou non de l’économie des pays. C’est Jacques Le Goff qui me l’a fait connaître au moment de notre projet sur l’Imaginaire européen. David a fait partie de mon jury de thèse. Il a récemment fêté ses soixante ans de mariage : photos





Père Georges Lapouge

L’abbé Georges Lapouge, né le 8 septembre 1914, était devenu l’ami de mon père aux Amitiés de la Résistance. Tous deux s’aimaient et s’admiraient. Mon père m’a donc en quelque sorte légué l’abbé ou léguée à l’abbé : un jour, il m’a envoyée à lui, rue du Cherche-Midi, avec mon premier article qui venait de paraître sur le Diable dans Lui et je revois encore l’abbé décoller au coupe-papier en grommelant les photos de femmes nues chastement collées par mon père sous des feuilles blanches qui les dissimulaient. Je le revois aussi, en soutane, plantant son parapluie dans le pied d’un Mimile faisant partie du piquet de grève qui nous empêchaient d’accéder à la salle de projection, rue Cognacq-Jay pour visionner mon film sur les Jésuites : « Opération commando ! jetait-il en me prenant la main pour foncer. Ce n’est pas les autres qui nous ont eu, alors tu parles, ceux-là ! »





Gilles Larrain Gilles est un photographe de grand talent. Il a photographié John Lennon et Salvador Dali, et même moi. Il se passionne aujourd’hui pour le flamenco. Il peint, joue de la guitare, aime les êtres et les situations insolites, et fut mon meilleur ami aux Etats-Unis pendant toute l’époque où j’y allais régulièrement.







Nicole Lattès

Editeur qui a le sens des livres et des auteurs (ce qui est rare), Nicole est une femme courageuse, tenace, d’un charme sans calcul, travaillant sans relâche. Nous nous sommes souvent entrevues avant qu’elle ne publie mon Homme du Sérail, et parfois ensuite ; j’ai toujours été impressionnée par son extrême talent à donner une impression de légèreté aux choses difficiles, et de l’importance au moindre de ses auteurs. « Respect !», comme ils disent.





Robert Lattès

Directeur de la Banque Paribas quand je l’ai rencontré, puis, lorsqu’il a connu quelques revers de fortune politiques, fondateur de Pallas Finance, Robert Lattès a surtout été l’un des venture-capitalistes (investisseurs du capital-risque) les plus visionnaires en Europe, et même dans le monde. L’un de ses poulains, Ichbiah, fut par exemple le créateur du langage ADA utilisé par le Pentagone. La société de biotechnologie Transgène fut fondée grâce à lui. Au cours des recherches entreprises dès le début des années 1980 pour relater l’histoire des Biotechnologies, puis lorsque j’ai écrit des articles sur le venture-capital, il m’a aidée, cornaquée, fourni moult renseignements. Puis, lorsqu’il est devenu mon voisin (ses bureaux étant rue de Monceau), nous avons pris l’habitude d’échanger quelques idées Chez Léon, à la Maison de la Truffe ou à la terrasse du Fouquet’s. C’est un des hommes les plus lettrés et sans doute l’une des intelligences les plus pénétrantes qu’il m’ait été donné de fréquenter.





Frédéric du Laurens

Cet attaché d’ambassade très détaché, que j’ai connu à Rome peu après mon film sur les Jésuites, vers 1975, amateur de mystère et de musique baroque, est resté longtemps un ami et un complice de divagations poétiques.



Henry Laurens

Magnétique, brillant, imprévisible, Henry Laurens « infuse » son enseignement. Je l’ai rencontré un jour dans les couloirs des Archives du Quai d’Orsay, pendant mes travaux sur la diplomatie française à la fin de l’Empire ottoman (L’Homme du Sérail). Puis j’ai assisté à ses cours à l’Institut des Langues orientales, avec un parterre d’orientales vestales et de diplomates distingués. Il fut l’un de mes deux directeurs de thèse et ses rapports offrent un résumé passionnant des rapports de force et de l’échiquier des grandes puissances dans le Proche-Orient de l’époque. Je l’ai retrouvé à Beyrouth, invitée – en partie grâce à lui – par le recteur de la Faculté des sciences religieuses de l’université Saint-Joseph, le cher Père Boisset. Il y officiait dans une jolie villa proche du consulat de France. Depuis, malgré son jeune âge pour le poste, il a été nommé au Collège de France où il officie … et le mot lui convient à merveille. Nos dialogues ont parfois tout de la carpe et du lapin, car il n’aime guère l’effervescence et la démonstration des enthousiasmes. Mais ils ont toujours été, du moins de mon côté, enrichissants, et nous partageons obscurément le même goût de la liberté, de l’incongruité et de la provocation fertile.
Rapport de Henry Laurens sur le Mémoire d'Elizabeth Antébi sur la Palestine Ottomane
Article « Monde diplomatique » : http://www.monde-diplomatique.fr/1996/11/LAURENS/7429




François Lebrun


Historien du catholicisme, François Lebrun (à dr. sur la photo) a été mon co-auteur pour notre livre sur les Jésuites ou la Gloire de Dieu. Je lui dois des conversations passionnantes, et des rapports d’une grande courtoisie. Pour la sortie du livre, il m’a offert un exemplaire du Ratio Studiorum, du XVIIe siècle, qui m’enchante quand j’en caresse la couverture et en lit quelques passages.
Cocktail de lancement


> Personnages



© - Conception et direction artistique : Elizabeth Antébi - Réalisation : Anares Multimédia