Régis Vrillaud et Christine
Je n'aurais jamais cru rencontrer, au club Méditerranée (de Pontresina, Suisse) un personnage aussi intéressant, cultivé, décidé que celui qui est devenu un ami proche, Régis Vrillaud. Il a surgi à un déjeuner, pour me défendre en preux chevalier contre une terrible syndicaliste qui rompait des lances affûtées avec moi, dans mon rôle de Chèvre de Monsieur Seguin. Il a repris mes arguments, d'une voix sereine, et la dame s’est muée en tourterelle. C'est un des dernier hommes qui restent, masculin, courtois, responsable. Sans parler de Christine, son épouse et mon amie, dont la loyauté, la générosité, l'esprit de décision et le courage se sont révélés à chacun des moments que nous avons eu la joie de partager ensemble. Ils font partie de ces gens qui vous aident à vivre, ce qui n’est pas rien.
Katleen Wallerand
Mon amie, la belle Katleen, fut mon guide et ma compagne dexplorations tout au long de lenquête menée pour lencyclopédie Arawak en plusieurs volumes, sur les Antilles et la Guyane, que jai dirigée et conçue. Elle en fut souvent la muse et linspiratrice. Elle ma accompagnée en Haïti, en Guyane, à la Dominique, et se chargeait de traduire le créole que je ne comprenais pas. Nous avons vécu des situations burlesques, dangereuses, ordinaires et extraordinaires, auxquelles elle a toujours communiqué un nimbe de poésie, de fantaisie, de romantisme.
Alan Watts
Avec le presbytérien défroqué, passé spécialiste du boudhisme zen, que javais filmé peu avant sa mort pour lémission Un Certain Regard, nous nous sommes vraiment rencontrés quelques mois après le tournage, à Paris, chez le directeur dune revue, Jacques Mousseau. Ce soir-là, pour la première fois, nous nous sommes vraiment parlé. Nous comptions nous revoir à la fin du montage du film. Hélas Watts est mort brutalement
le jour de la sainte Elizabeth. Quand je revois le film aujourdhui, je découvre la péronnelle péremptoire à loccidentale face au grand acteur shakespearien vêtu à la japonaise, qui tirait à larc et accomplissait la cérémonie du thé.
Hanne et Wolfgang Wendt
Nous nous étions connus dans un château-hôtel de Touraine et avions engagé la conversation dune table à lautre. Je les ai retrouvés à Francfort où chaque année Hanne mhébergeait lorsque je venais à la Foire du Livre.
Kenneth White
Poète venu dEcosse, le pays qui dit avoir inventé Dieu pour avoir quelquun de vraiment solide avec qui dialoguer, Kenneth White est lhomme des espaces ouverts. Avec sa femme Marie-Claude, sa traductrice, photographe du sable et de léternité de léphémère, il vit en Bretagne. Je lui avais consacré un article en 1983 dans un journal suisse qui sappelait Le Temps Stratégique, qui a disparu récemment, et nous nous sommes revus parfois, au gré des allées et venues entre Bretagne et capitale
Ilios Yannakakis
Rencontré au moment où jécrivais mon reportage sur Vassilikos et les Grecs hostiles à la dictature des colonels, Ilios était vite devenu à partir de mon article sur Artur London pour le Magazine Littéraire - lun de mes conseillers pour le livre que jécrivais, Droit dasiles en Union Soviétique. De père grec et de mère russe, né en Egypte, membre actif du Parti Communiste, il sétait retrouvé, à la suite daventures sinistro-picaresques dans les geôles tchèques. Exilé en France, il sattachait à démonter le système communiste, à la Faculté de Lille où il avait trouvé un poste denseignant. En 1976, il avait été lui-même victime dun de ces atroces pied de nez de lhistoire : il avait eu deux filles quil avait fini par faire venir en France, déjà adolescentes. Lune delles navait pu supporter le lavage de cerveau auquel elle avait été soumise en Tchécoslovaquie. Jai revu Ilios tout récemment, il revenait dune mission en ex-Yougoslavie. Il était toujours brillant, provoquant, curieux du monde et de la vie. (voir son interview dans Le Journal d'Aspasie>Grain de Sel)
Léon Zitrone
Dans lavion qui emmenait une brassée de journalistes avec les pièces montées de Potel et Chabot vers les fêtes du deux mille cinq -centième anniversaire de lEmpire Perse à Chiraz, la vedette absolue de la télévision de lépoque, celui qui avait commenté en direct le couronnement de la reine Elizabeth dAngleterre ou larrivée du tiercé gagnant à Auteuil, Léon Zitrone, était mon voisin. A la fin du voyage, après un premier moteur en flamme à droite de lappareil, le deuxième, à gauche de lappareil, et une alerte à la bombe (désamorcée), couronnée par un train datterrissage qui ne sortait pas, nous ne nous lâchions plus la main, contemplant les lances de pompiers braquées sur nous à Téhéran. Nous avons été parmi les rares à monter dans lavion suivant, le Caravelle qui nous emmenait à destination. Je suis arrivée malade, fiévreuse, enrhumée en diable, et pendant quelques jours et entre deux présentations en direct, Léon mapportait vivres et médicaments. De son caractère de chien qui paraît-il faisait pleurer les hôtesses, je nai vu que laspect le plus charmant. Cétait une bête de travail, un homme qui pouvait être drôle ou féroce, mais qui se retrouvait avec délices dans son cadre très bourgeois de la Place Clichy, où il ma reçue une ou deux fois par la suite, avec sa femme. Là, le familier de la Shabanou et des Grands de ce monde, se glissait avec bonheur dans ses charentaises.
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