Jean-Marie Nadaud
En 1964, en tournée avec le Théâtre Populaire de Bretagne (TPB) de Louis Guilloux, lauteur du Sang Noir, je joue Angélique du Georges Dandin de Molière. Je décide alors de renoncer à la scène, mais je revois souvent à Paris Jacques Rodriguez (à g. sur la photo, en bas), gouailleur et tragique, le valet de la pièce, qui devient mon confident, ainsi que lamant dAngélique, Jean-Marie Nadaud (2e à dr.). Jean-Marie a des talents de plume et de crayon (voir ses dessins), et il tournera un court-métrage, Le Chien Noir, avant de disparaître des scènes et des écrans. Ce fut un de mes amis les plus affectueux, les plus secrets, les plus fragiles. Il ma aidée à franchir la ligne difficile qui sépare ladolescence de lâge adulte. L’avoir perdu de vue a créé en moi une place vide, une attente de retrouver quelque chose d’irremplaçable qui appartient aux dernières lueurs de nos rêves d’enfance.
Gérard Nahon
Cest dans une bibliothèque que jai rencontré le professeur de lEcole des Hautes Etudes Gérard Nahon, qui ma poussée à passer dabord mon Mémoire, puis ma Thèse, sur la Palestine ottomane. Je lui dois de mavoir entrouvert une porte sur tout un pan de mon passé, de ma famille, de notre mémoire cachée. Erudit, patient et passionné, il ma accompagnée parfois avec amusement, parfois avec agacement, parfois peut-être dérouté, mais dune main sûre et avec un esprit toujours ouvert. Il ma un jour dit : « Je ne suis pas tolérant, je suis respectueux ». Ainsi de moi.
Quand il a cessé ses cours, je lui ai offert son site en cadeau d'adieu.
John OMalley, s.j.
Ce professeur de théologie jésuite a été, au fond, ma seule véritable rencontre dans un univers qui se plaît à avancer caché. Lenthousiasme du Père John, ses explications lumineuses, sa gaîté mont toujours encouragée à poursuivre mes recherches. Je regrette de le savoir si loin, à Boston, car jaurais aimé le retrouver parfois pour de longues discussions sur le monde quil voit sous le prisme de lobéissance, de lindifférence et du discernement mots qui ont dans lunivers jésuite une acception bien particulière, quil expose en détails dans sa conclusion au livre que jai jadis en partie écrit et publié, Les Jésuites ou la Gloire de Dieu.
Jean dOrmesson
Jai interviewé pour la première fois Jean dO pour le Service de la Recherche à lORTF, à loccasion de la sortie de son livre, La Gloire de lEmpire. Javais fait faire pour loccasion une bande dessinée qui lavait beaucoup amusé. Nous nous sommes revus plusieurs fois, à loccasion de son accession à lAcadémie Française (il mavait présenté sa mère qui se désolait de ce que lhabit vert jurât avec la couleur des yeux bleus de son fils), puis à divers déjeuners : ainsi nous avait-il invités chez Lucas-Carton, place de la Madeleine, avec Gonzague Saint-Bris qui débutait alors. Beaucoup plus tard, je lui envoyai une photo de son aïeul, publiée dans louvrage que jéditais sur la Justice : il y paraissait dans le plus simple appareil, violant la dame Justice, avec un braquemart de belle importance. Flatté sans doute de ce patrimoine révélé, Jean dOrmesson minvita à déjeuner au Palais-Royal. Affable, brillant, souvent courageux, plus réservé quon ne croit, ce dernier des Mohicans de lesprit nous préserve, de la France, ce que Cyrano voulait emporter au tombeau, le panache.
Guitchka Petrova
Guitchka apparaît derrière lépaule de Maréchal, pour le « pot » de lopéra Carmen quil a monté et où elle chante dans le chur, en octobre 1981. Cette grande cantatrice de lopéra de Plovdiv, en Bulgarie, est venue en France quand javais environ 13 ans et sest occupée de moi tout en courant les cours et les auditions. Je lui dois des après-midi mémorables, où je chantais en « play-back » à la fenêtre face aux bureaux Kléber-Colombes de lavenue Lauriston lair des bijoux de Faust, quelle entonnait derrière moi. Nous nous sommes revues très souvent, et avons partagé tant de moments heureux ! Cest par Guitchka que jai connu Micheline Stancheva, sa sur.
Volodia Poliakov
Volodia, avec à gauche Ilona et Bjorn Naumburg.
A gauche sur la photo, la clown québecoise, Chatouille.
Frère dun grand écrivain, Volodia fut, avec Valia Dimitrievitch le dernier des grands « tsiganes de Kessel ». Il officiait au « Tsarévitch », rue du colonel Renard, et jusquà la dernière minute (il mourut à plus de quatre-vingt dix ans) resta un gentleman de lancien temps.
Agnès Rebattet
Agnès était journaliste à l'Express et voyageait avec sa mère en Egypte, lorsque je lai connu, moi-même étant accompagnée de mon père. Nous sommes vite devenues complices et nous nous sommes souvent revues à Paris, ou à Neuilly où elle recevait les amis à dîner. Frappée dun cancer, elle sest éteinte récemment et il mest difficile de croire que cet être qui aimait passionnément la vie, la mode, lunivers des paillettes mais aussi de la réflexion, a disparu. Invisible, virtuelle, elle est toujours parmi nous.
Rifle
Prénom 22 Long, cétait lannée des « R »
Ce petit chiot fut un cadeau que j'avais offert à mon ami le photographe Derrick Ceyrac, mais je lai souvent gardé, abreuvé de chocolat, quand il sautait en faisant la crevette, ou déblayait les livres pour retrouver les petits chats dune chatte de passage dénommée Couscous.
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