Jean-François Chauvel
Jean-François Chauvel (sur la photo chez Raspoutine quil ma fait découvrir, avec la grande chanteuse tzigane Valia Dimitrievitch), père du photographe Patrick Chauvel, beau-frère du cinéaste Pierre Schoendorffer, et fils dambassadeur, fut un des derniers grands reporters du XXe siècle, à une époque finissante où le reportage signifiait aventure, découverte, romanesque et romantisme, grande fraternité des hommes et volonté de vivre à des altitudes qui feraient éclater des poumons trop bourgeois comme le chantait le poète (Francis Jammes, mis en musique par Brassens) « Ce canard na quun bec et neût jamais rêvé ou de nen plus avoir ou bien den avoir deux ». Il a été mon producteur à la télévision (émissions de grand reportage, 52 ' et Satellite)
Giorgio de Chirico
Peu avant sa mort, je métais rendue à Rome chez lui, 32 Piazza dEspagna, le dimanche 30 janvier 1977. Il ressemblait à son Trovatore errante, plus statique encore peut-être, plus surréaliste, plus proche (cétait le comble) dun Mondrian.
S.M. Cioran
Cest le peintre Georges Mathieu qui, après mavoir envoyée chez Stéphane Lupasco, me fit connaître Cioran dont javais, comme on dit, dévoré les livres. Lécrivain roumain refusait tout interview, surtout télévisé. Il me répondit avec courtoisie et cet humour gris dont il avait coutume :
Paris, le 21 janvier 1974
Chère Mademoiselle,
Jai aimé le ton de votre lettre, et jai trouvé vos arguments convaincants. Malheureusement, je ne vaux rien dans les entretiens « sérieux », parce que je suis toujours tenté de dire le contraire de ce que je pense.
A plusieurs reprises, ces derniers temps, jai été invité à participer à des émissions. Jai répondu chaque fois que cela métait impossible, que jentendais rester fidèle à un principe que je métais fixé. Quelles complications si jy dérogeais maintenant !
Après avoir tant parlé de moi dans mes livres, je suis fatigué et de ces livres et de moi-même. Vous qui avez dû fréquenter le bouddhisme non seulement par amitié pour Alan Watts (je connais en partie son uvre), mais aussi par nécessité intérieure, vous comprendrez sûrement le sens de ma lassitude. Je compte donc sur votre indulgente complicité. Bien cordialement à vous.
S.M. Cioran
Puis nous nous vîmes rue de lOdéon dans son grenier aménagé, janséniste et coquet. Il me fit lire Marie Bakhtisheff et nous nous téléphonions assez souvent à des moments de vague à lâme « sous-métaphysiques », comme il les appelait.
Denise et Christine Contal
Lune est médecin, lautre est dentiste. Nos père étaient amis et nous nous sommes connues toute petites à Contrexéville. Je leur dois des souvenirs de campagne et des représentations théâtrales, que jorganisais à Remoncourt en vendant les noisettes de leurs arbres
Ce fut avec Denise que je fis le voyage aux Etats-Unis, sur la piste des jésuites, puis dans le sud de la France, pour mon projet dun Jewish Guide to Paris and France qui na pas vu le jour, mais que jai voulu adapter en CD. Ce CD, à peu près achevé, connaît bien des avatars malheureux, pour raison de bisbille avec la maison de production qui avait signé un contrat.
Tony Crawford
Depuis que je le connais, Tony pousse une petite voiture dans les allées de la Foire du Livre de Francfort. Editeur indépendant, après avoir été anthropologue, il a la passion des photos magnifiques, qui vont des poissons des mers chaudes aux masques du carnaval de Venise. Maintes fois nous avons eu le projet de publier un livre ensemble. Nous rêvons ensemble : un jour peut-être, peut-être demain
à Adélaïde
Claude Delarue
A la fin dune soirée, chez Claude Delarue, écrivain talentueux et mon voisin de la Butte Montmartre, je mendors.
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