Ma vie est un Roman
Personnages




Del Debbio

J'avais connu ce sculpteur à une Académie où je posais (en buste) pour me faire des piécettes et il me proposa de devenir son modèle pour un buste et quelques étudiants, dans son impasse Roncin, au coin de la rue de Vaugirard. J’en garde des moments de répit, de rêverie, de parenthèses.





Philip K. Dick

J’ai connu Philip K. Dick par Norman Spinrad, lors de mon tout premier voyage aux Etats-Unis, quand je préparais un film de près de deux heures sur le monde de l’an 2 000 vu par les écrivains de science fiction les plus célèbres des années 70 (Projeté les 14-15 octobre 2006 à Romillé dans le cadre de la Lire en Fête et Fête de la Science, Bécherel).
En "surfant sur la Toile", comme disent nos modernes araignées, je suis récemment tombée sur la page internet qui cite, à propos de l’émission, les extraits suivants de lettres de Dick à ses amis :

"Je dois être interviewé prochainement par la télévision française. Norman Spinrad prend les rendez-vous." [ltr., 7/9/73])

"Je vais évaluer le montant de ma participation à cet interview qui va faire partie d'une émission d'une heure, avec d'autres auteurs de science-fiction, qui devrait être, si j'ai compris, filmée en septembre prochain. [ltr., 7/9/73] )

"Ils envoient une nana française pour m'interviewer pour la télévision de Paris, je ne sais quand au cours des deux mois qui viennent. [ltr., 7/30/73])

"Le mois prochain, une nana de la télévision parisienne doit m'interviewer. Quand j'ai découvert que ses entretiens précédents avaient été avec des gens de l'envergure de Buckminster Fuller et d'Arnold Toynbee, je me suis senti tout bizarre." [ltr., 8/31/73])

"Une nana française, de la télévision parisienne, sera là à la fin du mois pour m'interviewer. Elle a interviewé des gens comme Arthur Toynbee !" [ltr., 9/31/73])

Deux mois après le tournage, Phil Dick commente :

"Elizabeth Antébi, de la télévision française est venue ici avec une équipe de tournage, nous interviewer, Norman Spinrad et moi à Dysneyland, dans les décors de la Twenty Century Fox et au cimetière de Forest Lawn." [ltr., 12/7/73])

Fin août, je repars pour Toronto, à un congrès international. Je suis accueillie par mon Forrest Ackermann au bras d'une somptueuse Barbarella. Dans une salle, je tourne un plan avec Van Vogt, Fritz Leiber, Asimov, Silverberg, Zelasny. Sur le toit, j'interviewe John Brunner.

Au printemps 1974, Philip Dick écrit encore à Charles Platt, puis à Patrice Duvic, deux écrivains :

"La télévision française nous a interviewés, une ahurissante nana venue de France du nom d'Elizabeth Antébi, que je suis sûr, tu connais ou dont tu as entendu parler. Elle a tourné la majeure partie sur nous dans le cadre de Disneyland ; nous nous y sommes rendus, elle, Norman et moi, tournoyant dans les tasses de thé géantes en plastique du chapelier fou, tout en dissertant sur le fascisme, sa nature et ses résurgences possibles ou triomphes futurs." [ltr., 3/10/74])

"un événement assez bizarre et récent, quand une équipe télé de Paris est venue et que j'ai passé deux jours à être interviewé et filmé ; et tout d'un coup je viens d'entendre du producteur d'Allemagne de l'Est - non de France - que 'le film est presque achevé et très bon, et as-tu reçu ton argent ?' Je vais vous revoir bientôt très vite, avec ma tendresse, Elizabeth …" [ltr., 4/13/74])

"Si vous [Patrice Duvic] voyez Elizabeth Antébi, dites-lui de m'écrire. Savez-vous s'il existe un exemplaire machine de l'interview qu'elle a fait pour la télévision de moi-même et de Norman Spinrad ?" [ltr., 7/28/74])

Nous avons en effet vécu des moments incroyables, à cheval sur le réel et l’imaginaire en tournant les "Evadés du Futur" et il m’émeut aujourd’hui de les livrer au virtuel. Tout le monde m’avait prévenue du caractère chaotique de Dick, de ses éblouissements dus aux drogues les plus diverses dont le LSD, à ses sautes d’humeur. J’ai côtoyé l’homme le plus sage, le plus paisible, décortiquant le réel et l’imaginaire dans une séquence magique où il accroche son pull à un gréement de bateau, le Tora Tora … coulé au cours de la bataille du Pacifique.

De lui, j’ai reçu une lettre qui aujourd’hui encore m’émeut profondément quand je la relis.

Le 29 septembre 1973, Dick m'avait écrit :

Chère Elizabeth,

J'ai finalement décidé ce qui était réel : les deux jours passés avec vous et votre équipe. Vous me manquez infiniment. Vraiment, ce furent les deux jours les plus réels, les plus excitants de ma vie ; ce fut ce que nous appelons ici a peak experience, une expérience avec un grand "E". Le monde est gris, terne et vide pour moi maintenant. Pardon de vous dire ça, mais je n'ai jamais rencontré auparavant quelqu'un comme vous, et en ce moment j'ai beaucoup de mal à m'ajuster à la vie comme elle est ici et maintenant, sans vous.

Je pourrais vivre la suite ainsi, pour toujours. Pour me résumer, je me sens comme un oiseau à l'aile brisée qui pouvait jadis voler mais ne peut plus que sautiller, en s'étonnant de ce qui est arrivé : le monde a changé et toute la joie et la magie ont déserté.

Vous rencontrer et apprendre à vous connaître fut une expérience pleine et authentique, même si elle n'a duré que deux jours. Savoir que quelqu'un comme vous existe ouvre des horizons nouveaux, tout en me rendant plus conscient encore de l'existence qui est la mienne, si liée à la terre. Il n'en est pas d'autre comme vous ! Et c'est injuste !

J'espère que tout va bien pour vous et vos projets.

Love, Phil.

"How to build" :

"Une poulette française" : http://www.philipkdick.com/frank/problems.htm

Un dossier très bien fait avec liens passionnants : http://www.chronicart.com/dick/eve_somm.php3
Et http://www.chronicart.com/dick/ev7.php3




Fahrid Diha

Accordéoniste classique, pilote de ligne, né aux environs de Metz dans une famille kabyle dont le père était très musicien, Fahrid est en tout point exceptionnel. Ami de Nathalie Geshir, il a longtemps été le professeur de ma fille pour l’accordéon.


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