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Titre |
Les Barreaux surannés (poèmes)
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Editeur(s) |
Jean Grassin, Paris |
Parution |
1963 |
Auteur |
E. Antébi |
Préface |
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Couverture |
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Des poèmes, les premiers, et les derniers publiés.
Une créature généreuse à la chevelure dun roux flamboyant, la voix embrumée dalcool et de cigarettes, de nuits damour et de passions littéraires, Marianne Oswald, me reçoit dans une émission radio : à lépoque, jai 18 ans, elle en a plus de soixante. Elle a été touché par lun de mes poèmes, vaguement mallarméen, LEléphant bleu.
Chanteuse de cabaret à Berlin dans les années 20, chassée par les nazis (elle sappelle de son vrai nom Alice Bloch), elle interprète avant guerre Kurt Weill au Buf sur le Toit et Cocteau lui écrit Anna la Bonne. Elle a sûrement déjà cette tonalité qui me fait un peu peur, cette manière de détacher les mots au hachoir. Puis elle devient la diseuse de Prévert. Elle venait de jouer dans un film sur Modigliani lorsque je lai connue. Elle arrivait dun autre monde, enfantin dans la cruauté comme dans la tendresse et plus elle se faisait douce, plus elle terrifiait. Sa voix, ses yeux aux paupières énormes, sa bouche grasse dun rouge bariolant, ouvraient des gouffres.
Et mon professeur dhistoire-géographie au lycée Molière, la belle Anne Le Quéré à la chevelure de lionne et au visage à pommettes hautes, mécrit en réponse à mes vux et à lenvoi du recueil :
30.12.1963
Charmante Antébi,
Je vous remercie pour votre très gentille et jolie carte de Noël, et vous envoie tous mes vux de succès pour 1964.
Il marrive de douter de vos succès scolaires mais certes pas de votre réussite dans la poésie, car vous semblez dans ce domaine ravissant particulièrement douée. Puissiez-vous tenir ces promesses et, du moins jusquau mois de mai, demeurer plus modestement lélément décoratif et original de notre petite khâgne.
Affectueusement à vous,
Anne Le Quéré.
Je retrouve encore la lettre dun poète et dramaturge que jaime, Georges Neveux, à qui jai demandé un avis :
Mademoiselle (ou Madame),
Mon cher Poète,
Vous me demandez mon impression à la lecture de vos Barreaux Surannés : elle est faite démotion (car la vôtre est communicative) et de charme (car vous avez le sens musical des mots).
Vous me demandez aussi mes critiques. On ne critique pas des poèmes, on les aime ou on ne les aime pas.
Il y a des vers que je naime pas (notamment « Une mandoline pleurait » et la suite). Et dautres que jaime beaucoup (par exemple Lombre).
Et je note quil y a une progression constante à mesure quon tourne les pages. Doù je conclu que vous êtes en très bonne voie.
Je vous prie dagréer lhommage de ma sympathie.
Georges Neveux
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- Quelle élégance et quelle générosité chez lauteur de Juliette des Esprits, le scénariste de Juliette ou la Clé des songes (de Carné) ou Arsène Lupin contre Arsène Lupin de Molinaro, celui qui a créé pour la télévision les Vidocq. Il avait alors environ 60 ans.
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PREMIERS ECRITS PREMIERS POEMES
25 juillet 1950 : le 13, jai eu 5 ans. |
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A 7 ans, cest à mon père que je
Continue de dédier mes poèmes : |
Mais aussi jécris un curieux et long poème où pour moi « anjou » se confondait avec « acajou » :
Nota Bene : Lorthographe dorigine a été respectée.
Figure dAnjoue
Chère mère,
Connais-tu figure danjoue
Elle était comme sa joue
Comme sa mère,
Une pie,
Une souris,
Oh, oh, quelle était drôle ;
Comme le rhône.
Mais elle était mignone,
Comme sa bonne
Elle laimait
Depuis quelle était né.
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Petite fille grossette,
Etait seurette.
Elle touchait du bois danjoue
Cest pour cela quon la nommé figure danjoue.
Elle aimait ça la vie,
Un jour quelquun le découvrit.
Elle alla dans un paysage
Et fut toute sage
Mais ce quelquun
Etait malin
Il la vit,
La prit,
La bonne
Se désole
Appelle au secour
Dans la cour
Elle dit à lenfant
Qui maintenant aller au couvent
« Mignone
Viens cher ta bonne »
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Lenfant lui répondit
Et lui redit
« Je ne peut pas
Car ce nest pas ça. »
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