CURRICULUM (S)




Mon père

Enfance et adolescence

Mon père, Gaston-Gabriel est né le 3 janvier 1900 à Neuilly/Seine, à 9 heures du matin.

A l’âge de six mois, il est ré-embarqué par ses parents pour la Palestine ottomane, il grandit à Jérusalem (photo dans le cadre à gauche) et suit les cours de l’Evangelische Hochschule. A l’âge de 13 ans, il est placé par ses parents avec son frère aîné au lycée Lakanal, à Sceaux. Il ne reverra plus son père, mort au moment de rentrer en France, en mars 1919. En revanche il fréquente les Jouvenel, les Deutsch de la Meurthe, et devient « un vrai Parisien ». Il gardera toute sa vie le goût des fleurs et du raffinement.

Président des Etudiants

En 1920, il est reçu au concours de l’Ecole Supérieure d’Aéronautique (ESA) et en 1922, est élu Président de la section des Sciences de l’AG (Association Général des étudiants) de Paris. En octobre 1923, il succède à son ami André Claude (neveu de l’inventeur des tubes à néon et de l’air liquide, Georges Claude) à la présidence de l’AG. En 1924, réélu, il devient aussi président de l’Union Nationale des Etudiants de France et se rapproche du fondateur du Parti radical-socialiste Edouard Herriot (photo dans le cadre à droite) . Fondateur avec d’autres de la Cité Universitaire, il présida à la fondation du pavillon Deutsch de la Meurthe et à celle du PUC (Paris Université Club) et multiplia l’ouverture de restaurants universitaires.

Le PUC (Paris Université Club) avait été fondé en 1906, mais, au début des années 1920, il fut consolidé par un ingénieur et rugbyman haut en couleur, Jean Petitjean, qui devint le grand ami de mon père : lorsque le club fut reconnu d’utilité publique en 1924, ils organisèrent une « fête rocambolesque » avec Firmin Gémier, directeur de l’Odéon. Puis le PUC déménagea de la Porte Dorée au stade obtenu grâce au recteur d’université Charléty ( et qui prit son nom).

En 1923, le tout frais nommé Président des Etudiants de Paris organise à l’Opéra un « Bal Directoire » (photo dans le cadre), au profit de la Maison des Etudiants, dont le Canard Enchaîné, sous la plume de René Buzelin, se fait l’écho ébloui quant aux Merveilleuses - théâtreuses aux robes couleur cuisse de nymphe émue ou Phi-Phi pâle effarouché - et plus sarcastique quant aux Incroyables, dont Poincaré, Millerand ou M. Maginot (celui de la « ligne »). Le Chicago Tribune publie des photos. Le 24 février 1924, Le Petit Journal illustré (illustration dans le cadre ci-dessus) publie à la Une le portrait du Président des Etudiants, entouré d’une foule vociférante qui brandit le drapeau tricolore, avec, pour légende :

La Manière forte : Pour protester contre la perception de 60 000 francs de droits sur la fête de bienfaisance organisée par eux à l’Opéra, quatre cents étudiants se rendirent avenue Victoria, envahirent les bâtiments de l’Assistance publique, forcèrent la porte du directeur et, en l’absence de celui-ci, tinrent prisonniers pendant une heure le chef de cabinet de M. Mourier et le secrétaire général. Enfin, la police intervint et expulsa, non sans peine, les protestataires.

Le mardi 14 août 1928, André Guérin se fait l’écho dans L’œuvre du Congrès international des Etudiants à la Cité Universitaire, en présence d’Antébi et d’un délégué officiel de la Société des Nations. La manchette du journal annonce : 1 200 jeunes étudiants, représentant 49 nations, se sont réunis à Paris pour causer de leurs affaires.

Croquis de Pierre-Jean Poitevin (1889-1933), dessinateur de presse à "l'illustration" et pour
"Le Petit Parisien"

SAS « Qui ose gagne »

Marié le 9 octobre 1939, il vit entre Paris (7 rue Michel-Ange) et Lyon (52 rue Sala), voyage en Suisse et en Espagne pour le département étranger qu’il a fondé en 1932 de la société Claude, et s’engage le 17 novembre 1942 à Casablanca pour joindre Londres et le général de Gaulle.

Intercepté en Espagne et détenu au camp de Miranda (17 novembre 1942-1er avril 1943), il s’enfuit enfin par Gibraltar et embarque sur un vaisseau britannique. Au printemps 1943 il est incorporé dans la SAS (Special Air Service) , devise : “Qui Ose Gagne”. A Londres, le Capitaine Georges Bergé, à St Stephens House, a convaincu le Général de Gaulle de l’importance d’un corps parachutiste formé pour sauter sur la France. Le 29 septembre 1940, la Première Compagnie Aérienne est placée sous ses ordres.

En Grande-Bretagne, G. Antébi fit partie du 4e Bataillon SAS-2RCP (régiment des chasseurs parachutistes), créé par des vétérans SAS rentrés d’Afrique et des volontaires qui venaient d’arriver ; depuis le 6 décembre 1942, ils s’entraînaient en Ecosse, à Largo. Entraîné en Ecosse avec eux, mon père avait menti sur son âge ; tout le monde feignit de croire à ses trente ans ; il en avait 43. En Ecosse, il rencontra la future reine Elizabeth qui servait dans l’armée (c’est en son honneur que, très impressionné, il me choisit ce prénom lorsque je naquis en 1945), et à Londres, banquetait souvent chez Prunier – Mme Prunier collaborant à l’effort de guerre en tenant table ouverte et gratuite pour les héros de la France Libre.

Largué sur la Bretagne dans la nuit de 5 au 6 juin 1944 pour détourner l’attention des Allemands et les empêcher de gagner immédiatement la Normandie, il participa aux terribles combats du maquis de Saint-Marcel (en particulier le 18 juin) sous les ordres du colonel Bourgoin - qui avait été largué dans la nuit du 10 au 11 juin - et entra dans Paris fin août 1944. Sur 450 hommes intervenus en Bretagne, il ne restait plus, au moment de l’arrivée des Américains le 17 août (date à laquelle le groupe de Mauduit libère Paimpol) que la moitié. Les autres sont morts, blessés ou prisonniers. Sur la photo du défilé des Champs-Elysées, mon père arrive en tête derrière les drapeaux … même s’il est un peu flou. Mais avant de défiler, un de ses proches conte l’histoire suivante : au moment de ranimer pour la première fois dans Paris libéré la flamme du soldat inconnu, sous l’Arc-de-Triomphe, plus de Gaston Antébi. Il avait emprunté un peu d’argent à un camarade, puis il était parti en courant dans la direction d’Auteuil. Là, il avait retrouvé sa marchande des quatre-saisons et de fleurs d’avant-guerre, rue Davioud, et l’avait dévalisée pour apporter sur la tombe du soldat inconnu une gerbe de son inspiration : la Libération sans fleurs (et sans champagne) n’auraient pas eu de sens pour lui.

Ses grands amis restèrent après la guerre Henri Déplante (ingénieur chez Dassault et « inventeur » du Mirage), Michel de Camaret (qui plus tard prit fait et cause pour les chrétiens du Liban), Henri de Mauduit châtelain breton de Bourg Blanc dont la femme sortait de Ravensbrück, André Gabaudan, Pierre Puech-Samson. Le 25 mai 1946, mon père accéda au grade de capitaine. Et le 13 janvier 1948, il fut nommé chevalier de la légion d’honneur avec attribution de la Croix de Guerre avec palmes, comme « Officier splendide de courage et de sang-froid.[…] A participé à de nombreux combats pour la libération de la Bretagne. Ensuite, a pris part aux opérations du 2e Régiment de Chasseurs Parachutistes dans la vallée de la Loire et la Sologne, se faisant toujours remarquer par son cran et son esprit d’initiative, en particulier dans la nuit du 7 au 8 septembre 1944 contre des éléments ennemis très supérieurs en nombre et en armement. Grâce à son sang-froid, évita la destruction de son groupe et ramena de nombreux prisonniers. »

Sur les SAS FFL, cf. le livre vendu par souscription de David Portier, "Les Parachutistes SAS de la France Libre" :
http://fflsas.lerot.net

Après la guerre

Avant guerre, mon père était entré, après sa longue période de vie étudiante et grâce à son ami de toujours André Claude, à la direction de la société Claude Paz où il avait créé en 1932 le département Etranger. Il avait été nommé conseiller du commerce extérieur.

Après la guerre, la vie n’avait plus le même panache. Il fallait reconstruire la France et les clivages étaient terribles. Mon père m’a raconté avoir été reçu par un ancien camarade étudiant, Joliot-Curie, pour faire libérer rapidement l’industriel Georges Claude (photo à droite) oncle d'André, qui venait d’être jeté en prison pour avoir été conseiller scientifique du gouvernement de Vichy (il y resta jusqu’en 1949). Joliot-Curie refusa, alléguant son appartenance au Parti communiste qui n’aurait jamais permis un geste personnel. Ce genre de réponse et les exactions commises par les réseaux d’épuration communistes – dont les têtes rasées des femmes –, ainsi que toutes les prébendes recherchées par des résistants de dernière heure, dégoûtèrent à jamais mon père de l’action politique, même s’il resta l’ami de nombre de préfets (Benedetti, préfet de Paris) ou ministres (Motz en Belgique). En 1958, il m’emmena avec lui à l’Exposition Universelle de Bruxelles, où je pus admirer les étoiles et fontaines de néon qu’avaient participé à créer mon père dont je disais enfant qu’il « écrivait avec de la lumière dans le ciel ».




Curriculum d'écrivain, journaliste, éditeur > Enfance et adolescence
> Président des Etudiants
> SAS « Qui ose gagne »
> 6 Juin 1953, Charles de Gaulle
> Le maquis de Saint-Marcel
> Paris, fin août 1944
> Après la guerre
Généalogie

> Arbre généalogique



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