CURRICULUM (S)





Paris, fin août 1944

Dans le Bulletin SAS de mars 1984, 40 ans plus tard, ont paru les notes rédigées par Noël Créau :

Saint-Marcel, Duault, Morbihan, Côtes du Nord, Finistère, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique ; toute la Bretagne ; puis Briare, Nevers, Sennecey, les Vosges, en fait la France, toute la France et même Paris. Les SAS ont été de tous les combats et ils étaient présents à la libération de la capitale. C’est une histoire peu connue. Créau, Antébi, Bétbèze, Brulon ne prétendent pas avoir libéré Paris, les FFI de Rol Tanguy et la DB de Leclerc s’en chargèrent, mais les SAS étaient là.

Le 17 août, Antébi et Henri de Mauduit avaient rencontré le colonel Rémy à Rennes. L’idée avait été retenue de faire accompagner les services secrets alliés vers Paris par un groupe de SAS. Les deux hommes portèrent donc le message de Rémy au colonel Bourgoin et le lundi 21 août :

Notre équipe à bord de tractions avant noires, frappées de la marque du 2e régiment des Parachutistes SAS quitte Armel sur le bord du Golfe du Morbihan où nous étions réfugiés pour éviter la « reprise en main » de Vannes. H. de Mauduit, G. Antébi, L. Brulon, Cordier, N. Créau, A Violland Santucci plus un FFI, Gaby Deschamps, arrivent à Rennes.

Tout le monde passe la nuit du 22 au 23 août au château de Pontchartrain où les rejoignent trois autres hommes. Le vendredi 25 août les SAS entrent à Paris par la Porte d’Orléans, à 18 heures.

En traversant Paris en liesse, nous arrivons au Petit Palais, rendez-vous fixé par les Américains, non sans avoir échangé au niveau des Tuileries, des coups de feu avec quelques Allemands isolés qui cherchent à se dégager d’une action de la résistance.

Et le samedi 6 août au matin :

Henri de Mauduit et Gaston Antébi qui ont, avec le reste du groupe, fait le coup de feu contre les snipers, vont chercher Rémy. G. Antébi réussit à trouver un fleuriste et achète des fleurs que Rémy, de Mauduit, Antébi, Dranber, St Arnaud déposent en gerbe sur la tombe du soldat inconnu. Ce sont les premiers.

Dans l’après-midi, vers 16 heures, le Général de Gaulle et Bidault descendent, en tête d’un long cortège, les Champs-Elysées. Les 3 jeeps de Betbeze flanquent le cortège sur le côté gauche et sont contraints de faire feu de leurs mitrailleuses sur des tireurs embusqués sur les toits. Les jeeps accompagnent de Gaulle jusqu’à Notre-Dame où là encore ils doivent faire usage de leurs armes.

Pour l’histoire des fleurs, le colonel Rémy donne les détails suivants dans La ligne de démarcation :

H. de Mauduit se tourne vers moi :
- Vous vous rappelez notre arrivée, le soir du 25 août 1944 ?
- Très bien, dis-je.
- Et le matin du 26, quand nous sommes allés à l’Arc de Triomphe ?
- J’avoue que non.
- Comment vous avez oublié ? Ce matin-là, je suis allé vous trouver à votre bureau de l’hôtel Majestic, où vous commenciez d’installer les services spéciaux, pour vous dire que notre camarade Antébi vous demandait de venir avec nous déposer une gerbe.
- C’est extraordinaire ! J’ai d’habitude assez bonne mémoire, mais je ne me rappelle pas du tout cette affaire.
- Je puis vous dire que cette gerbe-là, c’est Antébi qui l’avait payée, et qu’elle lui avait coûté quinze cents francs.
- Une somme pour l’époque !
- Elle était très belle. Nous sommes partis à cinq et c’est vous qui la portiez. Je crois bien que vous avez été le premier officier de la France Libre à fleurir le tombeau du soldat inconnu au lendemain de la Libération de Paris.


Le maquis de Saint-Marcel

Le rôle des bataillons français de la SAS fut d’appuyer et même de précéder le débarquement : il s’agissait d’empêcher les 150 000 soldats allemands de joindre la Normandie. Ils devaient être largués derrière les lignes ennemies pour « occuper » les forces d’occupation par des sabotages, et des opérations de harcèlement, détourner leur attention des côtes de Normandie.

Mon père fut largué dans la nuit du 5 ou 6 juin 1944 sur la Bretagne. Il devait joindre l’un des deux centres de rendez-vous, connu sous le nom de code de « Dingson » (l’autre étant connu sous le nom de « Samwest »).

« Dingson » avait été formé tout près de St-Marcel, à la ferme de la Nouette, par Déplante et Marienne dès le 5 juin, et par 15 autres hommes. Les luttes ont commencé contre les Géorgiens de l’armée Vlassov. Bourgoin (largué dans la nuit du 10 au 11 juin) et Puech-Samson (largué dans la nuit du 9 au 10) furent accueillis par un nombre déjà bien plus important de FFI, près de 2000. Le 18 juin, les Allemands alertés attaquèrent, provoquant la débandade des FFL et FFI, trop légèrement armés, après une résistance acharnée qui dura de 8 heures du matin à 22 heures. Déplante alla s’installer plus au nord, à la base dite « Grog ».

Le 25 août, Bourgoin reçut l’ordre de nommer une escorte à des officiers de l’Intelligence Service qui s’acheminaient vers Paris libéré. Il s’agissait de participer aux derniers soubresauts de la libération de la capitale, d’ouvrir les prisons de la Gestapo et d’arrêter collaborateurs et espions allemands. Mon père fit partie des 20 hommes désignés pour l’escorte et fut ainsi de ceux qui défilèrent sur les Champs-Elysées, avec entre autres Noël Créau et Henry de Mauduit.


Ma Marraine Binette (Marguerite Bassett)
cf. le texte d'Henri Faure

Curriculum d'écrivain, journaliste, éditeur > Enfance et adolescence
> Président des Etudiants
> SAS « Qui ose gagne »
> 6 Juin 1953, Charles de Gaulle
> Le maquis de Saint-Marcel
> Paris, fin août 1944
> Après la guerre
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