VITA LATINA http://www.alcuinus.net/ephemeris/latinitas
DE QUODAM FUTURO CONVENTU
AD LITTERAS ANTIQUAS CELEBRANDAS
Rogati sumus ut praeconium ederemus eius conventus litteris Latinis et Graecis dicati qui proximo Martio mense die IV, V, VI in minore Britannia habebitur.
Ad earum usum promovendum quantum ad modum spectet iudicare non possumus. Illuc autem convenient ad collocutiones, recitationes, orationes, cantationes, saltationesque tum Latinas tum Graecas non solum homines haud ignoti tamquam Iacobus Lacarriere, Francogallus scriptor litterarumque Graecarum amator, vel Rubricastellanus, Theodiscus Asterigis fabularum in Latinum interpres, sed etiam discipuli, magistri, litterati, artifices, diurnarii ac multi et alii homines qui litteras antiquas velint esse semper vivas. Unde haec collocutio habenda de Asterigis vel Harrii Potter conversionibus vel illa altera de "experimento" Assimil vel illa tertia de vivo modo Latini docendi in Neocomensi universitate. Nihilominus notum est hanc vocem "vivas" (litteras) non omnibus Latinistis eandem significationem habere, praesertim in Francogallia. Sed sapiens voluit Elizabeth Antebi, huius conventus instigatrix et moderatrix, ne nimis gravis esset at alacer, iocosus salisque plenus. Exoptemus igitur hanc non fore novam occasionem inutilium querelarum vel acerbarum concertationum sed tantum tres festos dies quibus denuo monstrabitur maiorum cultum miro modo apud omnium generum, aetatum terrarumque homines adhuc vigere.
Zorrus
Quo plura de hoc conventu eiusque instigatrice scias, vide hunc situm qui Francogallice aut Anglice legi potest : http://www.antebiel.com/
Illustration : Journal grec "Comicon" qui a fait un article excellentissime sur le Festival !
Un festival de latin et de grec ancien en Bretagne
06/03 16:34 Un festival "européen de latin et de grec ancien", s'est tenu de vendredi à dimanche à Bécherel (Ille-et-Vilaine), première cité du livre en France.
Au programme: chants grecs, intervention de Graf von Rothenburg, traducteur de 23 albums d'Asterix en latin, poèmes érotiques, conférence sur des citations qui ont inspiré Pierre Dac ou Pierre Desproges, défilé de mode ou le journal de l'an 429 avant Jésus Christ présenté par Patrick Poivre d'Arvor.
Le présentateur s'est prêté au jeu dans une vidéo diffusée samedi dans la cité qui compte une vingtaine de librairies pour 750 habitants. Un entretien, filmé pour l'occasion, avec Jacqueline de Romilly, 92 ans, éminente spécialiste de l'historien grec Thucydide, a également été projeté.
A l'heure des suppressions de postes dans les options langues, Elisabeth Antébi, à l'origine de cette manifestation, interrogée par l'AFP, entend rappeler que "c'est par la redécouverte du latin et le grec ancien qu'est née la Renaissance" pour estimer que "c'est de l'étude de ces langues que dépend notre futur".
"Il s'agit d'aider les enfants à prendre du recul, à lever le nez de l'écran, de leur donner la liberté et l'égalité d'entendre ce qu'ils disent. Si l'on connaît l'origine des mots, une bonne partie du chemin vers la citoyenneté est fait", poursuit Mme Antébi.
Une deuxième édition de ce festival est prévue au printemps 2006
http://bouquiniste.hautetfort.com/village_du_livre/ |
Harry Potter al Festival del Latino e del Greco antico
La traduzione di Harry Potter e la pietra filosofale al primo festival europeo delle due lingue simbolo della cultura europea
Bécherel è una piccolissima cittadina della Bretagna francese che conta 660 abitanti e... 15 librerie. Avete letto bene, esiste una libreria ogni 44 abitanti che quindi non possono che essere eruditissimi. Non potrebbe esistere luogo migliore per il Festival del Libro che si tiene ogni anno nella settimana di Pasqua. Da quest'anno esiste una novità, il Festival Europeo del Latino e del Greco antico: un incontro erudito sotto il segno del buon umore, sostenuto da molte personalità francesi ed europee dal teatro, dall'editoria e dalle Università.
Tra i tanti spiccano il Conte tedesco Karlheinz Von Rothenburg, che ha tradotto oltre 22 Astérix in latino e l'inglese Andrew Wilson, che ha invece riportato in greco antico Harry Potter e la Pietra Filosofale di J.K. Rowling. Sia questa versione che quella in latino di Peter Needham, Harrius Potter et Philosophi Lapis, sono in commercio rispettivamente dal 2004 e dal 2003 e sicuramente sono una chicca imperdibile per chi ha fatto o fa studi classici ed è appassionato delle storie del maghetto di Hogwarts.
Il Festival si terrà dal 4 al 6 Marzo e riserverà altre sorprese: cene a base di piatti descritti da Platone e Pericle negli scritti arrivati fino a noi, sfilate di moda antica concepite con ricercatori e studiosi di storia, letture di poemi erotici che non hanno nulla da invidiare alle produzioni moderne.
In breve, tre giorni sotto il segno della cultura e del buon umore, ma anche di scambi e collaborazioni tra Università, studenti, autori, ricercatori e lettori: tutti appassionati di miti e del ritorno alle fonti delle culture comuni del nuovo mondo e dell'Europa centrale, dove il latino si parla ancora, in alcuni ambienti, tra popoli di lingue diverse.
Il Festival, ideato da Elizabeth Antébi, scrittrice e proprietaria di una libreria a Bécherel, potrebbe essere ripetuto in futuro.
Autore: Claudia Bonelli - Data: 26 febbraio 2005 -
http://www.fantasymagazine.it/notizie/2511 |
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Outre la coupure du Figaro, annonce a été faite du Festival dans Le Monde, La Croix, Le Magazine Littéraire, L'Histoire, Livres Hebdo, Le Monde de l'Education, Archéologie ...
Articles dans Bretagne Magazine et le Télégramme :
et pas moins de cinq parutions dans Ouest-France, dont deux pour l'édition nationale.
Merci encore de tout coeur aux journalistes.
Merci aussi à T-V Rennes, TV-Breizh, France 3 Haute-Bretagne (Journal du soir de samedi 5 mars), aux radios Radio-Armorique, France Bleue Armorique, et France Inter.
"Une passionnée. Il n'y a pas vraiment d'autres mots pour décrire Elizabeth Antébi.[...] Sur l'une des multiples placettes de Bécherel, "Maître Albert" - du prénom du grand-père - mais aussi CyberEspace des Cultures de l'Europe. L'antre d'E. Antébi, ouvert depuis le mois de juillet dernier.
L'écrivain d'origine parisienne est aujourd'hui concepteur et chef de projet multimédia. Elle réalise des sites Internet, des CD ou DVD-ROMs culturels, organise des stages d'apprentissage grands débutants multimédia, mais aussi de latin et de grec ainsi que des modules de cours d'histoire des religions, mythes et courants de pensée.
Bien évidemment, au coeur de la cité du livre, elle propose également dans sa galerie-librairie de multiples ouvrages dont Harry Potter ou Astérix en latin et en grec... Lorsque j'ai mis dans ma vitrine, l'été dernier, quelques exemplaires d'Harry Potter en latin, on s'est moquée de moi", explique-t-elle en souriant. "Moi, je trouvais ça amusant !"
Son initiative fut pourtant un vrai coup de génie puisque depuis, elle vend en moyenne un exemplaire tous les deux jours ! "Les clients sont pour partie des jeunes professeurs de 25-28 ans qui veulent ainsi faire découvrir le latin de manière ludique à leurs élèves. C'est une introduction sympa avant d'aborder Cicéron ! L'autre partie des acheteurs, ce sont des adolescents de 15-16 ans. Leurs parents les découragent presque d'acheter ! C'est pour cela qu'il y a des classes de latin ou de grec qui ferment aujourd'hui. Les parents pensent que ces langues ne seront pas utiles à leurs enfants pour l'avenir. C'est faux ! Grâce à elles, on situe les mots pour parler un langage plus cohérent. Cela donne des éléments de choix aux enfants."
Et la licenciée en latin et grec de donner de multiples exemples. "Les mots ordinateur ou laïc tirent leurs origines de là ... Sa,ns le grec, il n'y a pas de philosophie ou de poésie. Sans le latin, on ne comprend pas le droit ou la médecine ! Alors oui, on peut les ignorer et vivre sans. Mais c'est tellement bien aussi de comprendre les mots et les choses !"
C'est pour toutes ces raisons qu'Elizabeth Antébi a voulu organiser ce premier Festival européen de latin grec (lire ci-dessous le programme) qui se tiendra ce week-end à Bécherel. Au programme, de multiples invités dont Graf von Rothenburg qui a traduit 23 albums d'Asterix en latin depuis 40 ans. On citera également le poète et traducteur de grec ancien Jacques Lacarrière, mais aussi Anne de Leseleuc, auteur d'une série qui se passe dans la Gaule romaine ... Un plateau de choix pour trois jours de rencontres auxquels se sont déjà inscrits pas moins de 140 collégiens et lycéens bretons.
GAËL LE SAOUT ("Le Télégramme", 4 mars 2005)
Festival gréco-latin
Où peut-on croiser une dame spartiate de haute époque, une vestale, un sénateur romain en toge à bande pourpre ? C’était à Bécherel, village du livre en Ille-et-Vilaine (six-cent cinquante habitants, quinze libraires) le samedi 5 mars, et sans doute se rendaient-ils au bal gréco-latin …
Où peut-on entendre un étudiant de vint ans déclamer (en grec) l’aide à la vie de l’Ajax de Sophocle . C’était à Bécherel le vendredi 4 mars …
Où peut-on dîner chez Lucullus de mets conformes aux recettes d’Apicius ? C’était à Bécherel le samedi 5 mars …
Où peut-on assister au « choc des Titans » (dixit Elizabeth Antébi, l’infatigable libraire animatrice) ? Hubert Monteilhet contre jacques Lacarrière, 1 m 75 et cent kilos de chaque côté ? C’était à Bécherel le vendredi 4 mars quand, à l’issue de la conférence de Lacarrière sur le vocabulaire grec des institutions démocratiques, Monteilhet, qui préparait sa conférence sur « Néron poète, un brave garçon qui a mal tourné » s’empara du micro : « On nous bassine avec la démocratie. Il a fallu moins d’un siècle pour plonger Athènes dans la débâcle. Le monde s’est passé d’elle ensuite pendant vingt-cinq siècles. Elle est revenue, hélas, à l’époque moderne, pour produire au vingtième siècle des millions de cadavres … »
S’il est trop tard pour goûter aux délices du 1er festival Grec-Latin de Bécherel, qui s’est déroulé le mois dernier, il n’est pas trop tard pour préparer celui de 2006 (contact : contact@antebiel.com)
Porphyrius
(Présent Littéraire, 30 avril 2005)
GRAECO-ROMANA FESTIVITAS EUROPAEA IN FRANCOGALLICAE AREMORICAE VICULO HABITA
Verisimile est lectores plerosque nostros, quamvis longinque in terris externis vivant, scrire Aremoricam esse paeninsulam Francogallicam in oceanum Atlanticum prominentem, quam nunc, cum Celtae ibi olim habitaverint, nos Francogalli moderni nominamus « Britanniam » (« Bretagne »), etsi videlicet non est confundenda cum eis finibus quae « Britannia » Latine dicuntur, et Francogallice « Grande Bretagne, ad eam discernendam, appellamus.
Tam verisimile autem est neminem, nisi Francogallus huius Aremoricae sit, cognovisse nomen viculi Bécherel, ubi pauca incolarum centena vivunt. Hic tamen diebus 4-5-6 mensis Martii, Elizabetha ANTEBI moderante, celebrata est Graeco-Romana Festivitas Europaea : Nam e Germania et e Finnia praecipue advenerunt clari Latinitatis vitae cultores ; adfuerunt vero etiam incogniti homines, inter quos multi adulescentes, quorum thoraces hac sententia ornabantur : « Latinam amo » (Credo equidem rectius fuisse nomen « linguam » addere ; majoris vero momenti hoc est, quod Latinum suum studium sic proclamabant).
Veneris die IV Festivitatem aperuit Patricius POIVRE d’ARVOR clarus Televisionis diurnarius (quem sincerum et cultum antiquitarum litterarum fautorem esse iamdiu sciebamus) cinematographica pellicula, in qua praecipuos titulos confictorum actorum diurnorum anni CDXXIX ante Christum nuntiabat. Deinde cinematographicum colloquium fuit cum illustri Iacobina De ROMILLY, quae in Academia Francogallica sedet et linguis antiquis (praesertim Graecae) efficaciter favet. Sequitur Elizabethae ANTEBI allocutio, in qua cultum nostrum Graeco-Romanam hereditatem esse exemplis variis memorat. Ad hoc probandum quatuor discipuli Plautinam fabulam, c.t. “Aulularia” agunt. Tum egregius amicus noster Germanus RUBRICASTELLANUS (Comes von Rothenburg) acroasin habet de Asterigis libris nubeculatis quos ipse in Latinum convertit et ostendit, quantum imagines adulescentes adiuvent ad res intelligendas.
Post prandium adulescens duodeviginti annos natus primum Francogallice, tum statim Graece, Lysiae oratoris et Homeri et Aristophanis excerpta recitat et ab auditoribus fervidis oratur ut rem iteret. Post brevem antiquarum vestium paucarum ostensionem (quia maior ostensio procrastinata est) acroasim habet Iacobus LACARRIERE scriptor de Graecae veteris linguae vestigiis in sermone Francogallico relictis.
Denique post cenam spectaculum habetur in quo scripta antiqua recitantur et carmina Graeca in Francogallicum conversa canuntur.
Saturni die acroases sunt de antiquitate a modernis fabularum auctoribus tractata : Primum Anna De LESELEUC, quae de romanensis fabulis criminalibus et antiquitate moqiotur ; deinde auditur Hubertus MONTEILHET, ille qui illustrissimum librum, c.t. « Neropolis », composuit, atque S. BERTIERE, quae « Clytemnestrae Apologiam » scripsit. Tum, postquam tabernae librariae lustratae sunt, hospites potuerunt cenare modo Apiciano et modo Cretico. Cibo sumpto, ecce pompa ad vestes antiquas ostendendas. Nocte saltatio est inter viros togatos et mulieres Aspasiae modo vestitas.
Dominica die VI advenit doctissimus Pascal CHARVET, Generalis Litterarum Inspector, unus ex eis qui una composuerunt « Alexandri Magni Dictionarium », qui variis quaesitonibus respondet. Prandium inter scriptores habetur ; tum librariae tabernae, in quibus libri de Latinitate et de Graecitate veneunt, invaduntur a fervidis emptoribus.
Acta est fabula … fortasse usque ad anni posteri festivitatem !
Genovefa (Geneviève) Immè, rédactrice en chef de M.A.S. [Memento Audere Semper], n° 65
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Dans le cadre du Printemps des Poètes, la cité bretonne de Bécherel (Ille et Vilaine) accueille, du 4 au 6 mars, le premier Festival Européen de latin et de grec. La preuve d'un intérêt croissant chez un public de plus en plus large.
C'est une première. Bécherel, le bourg aux 15 librairies pour 650 habitants, devenu en quelques années le rendez-vous des spécialistes et amateurs de livres, accueille, cette année, le premier Festival européen du latin et du grec. L'idée en revient à Elizabeth Antébi, écrivain et libraire : "L'été dernier, j'ai vendu près de 80 exemplaires d'Harry Potter traduits en latin (un tous les deux jours) et une trentaine en grec ancien !" Parmi les acheteurs des professeurs, mais aussi des adolescents. "Il existe actuellement un vrai regain d'intérêt pour le latin", affirme Elizabeth Antébi. Des peuples de langues différentes, notamment en Europe centrale, communiquent dans certains milieux, en latin ; une radio finlandaise diffuse un bulletin d'information dans la langue de Cicéron ; des sites Internet consacrés à des poètes latins, anciens et contemporains (mais oui !) fleurissent sur la Toile , enfin, symbole fort, l'hymne européen pourrait bien être chanté en latin. A la Commission de Bruxelles, l'idée fait son chemin.
Le latin, classé "langue morte", ou plus exactement langue ancienne, remuerait donc enore. Pourtant, depuis les années 1950, l'enseignement du latin et du grec à l'école ne fait que décliner. Autrefois il était indispensable de "faire ses humanités", c'est-à-dire de rencontrer les textes littéraires de la tradition antique. Aujourd'hui, si 20% des collégiens étudient le latin et 2,3% le grec, c'est la dégringolade au lycée, avec seulement 5,8% en latin et 1,1% en grec !
Pourtant dans un parcours scolaire, les langues anciennes ne manquent pas d'atouts. Elles peuvent valoriser l'écolier, lui donner confiance en lui, l'aider à développer son sens critique et à progresser dans toutes les matières. Pour Yves Touchefeu, président de l'APLG (Association des professeurs de latin et de grec) de l'académie de Nantes, le latin aide à comprendre le français, l'origine des mots (l'étymologie) et la grammaire.
Mireille Ko, professeur au collège Marie-Curie, à Créteil (Val de Marne) avait lancé, dans les années 1990, l'idée du "latin ou grec thérapeutique" pour les élèves en difficulté. "Grâce au latin, ils saisissent mieux en français les énoncés, les questions. Avec les plus faibles, explique-t-elle, on reprend les bases de A à Z en utilisant l'alphabet grec." En zone rurale, au collège Le grand champ de Grez-en-Bouère (Mayenne), Catherine Chappé s'émerveille de l'intérêt de ses élèves pour la civilisation gréco-romaine. "On travaille désormais sur les textes authentiques comme l'Enéide de Virgile, se réjouit-elle. C'est tout un monde qui s'ouvre à eux."
Enfin, comme aime à le rappeler Yves Touchefeu, le latin est un patrimoine commun aux pays d'Europe, du nord au sud de la Méditerranée. Il est une force d'ouverture, de dialogue. Et si son apprentissage permettait de réduire la fracture culturelle et de construire l'Europe ?
FRANCE LEBRETON ("Le Pélerin")
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JEAN-LUC GERMAIN (Bretagne Magazine) |
Quo vadis ? ("Où vas-tu ?) Au premier Festival Européen de latin-grec, qui s'installe à Bécherel (Ille-et-Vilaine) du 4 au 6 mars. Va-t-on s'y délecter de génitifs roublards et d'étonnants verbes déponents ? Si l'on veut. Drôle de rendez-vous décoiffant, à rebrousse-poil de l'époque pour deux langues mortes. Mortes vraiment ? Non, muettes ...
Exit rosa, rosa, rosam. Oubliez, illico, les vieux cantiques du dimanche, l'enclume du dictionnaire Gaffiot, au fond du cartable et tous ces érudits ahuris qui vous pompaient l'air de citations ciselées comme nihil novi sub sole ("rien de nouveau sous le soleil"). Oui, faites un sort aux temps révolus où les "humanités" avaient le goût de l'huile de foie de morue. Où le grec était une punition. Et le latin un pensum.
Faites une croix sur l'expression même de "langues mortes" que pourfend une universitaire rennaise : "Le latin comme le grec sont des langues muettes. Leurs textes parlent encore et sont fort beaux. Le latin et le grec sont même partout chez nous. Si vous en doutez, jetez un oeil dans les rayons de votre hypermarché."
Qu'y voit-on ? Des savons Cadum et Lux, des verres Duralex, des crêmes Nivea, des barres chocolatées de Mars. Et même des bonbons Magnificat. Promenez votre regard au ras des trottoirs. Comptez les paires de Nike. Nike n'est pas seulement le nom d'un équipementier américain mais celui de Nikè, une divinité d'Athènes. Ouvrez la radio, vous entendez qu'un Exocet (mot grec!) a, a priori (mot latin), atteint son but. Allumez votre ordinateur (eh oui, ordinateur, mot latin pensé par Jacques Perret professeur à la Sorbonne) a reçu des mails avec un arobase. Etonnant.
Les horticulteurs savants ne parlent que latin pour désigner leurs fleurs. Les médecins usent du grec pour lister le corps, ses organes et ses maladies. On réserve son billet de TGV sur le logiciel Socrate. Même nos zones industrielles prennent des noms beaux comme l'Antique. N'est-ce pas Antipolis, Atalante, Ptolémée ? Nos dictionnaires sont comme nos chemins : ils mènent à Rome.
Et passent par Bécherel où, dans sa librairie, Elizabeth Antébi a eu l'idée de faire la fête à cette lingua romana qui tarde à s'éteindre.
« Je vendais un Harry Potter traduit en latin tous les deux jours. J’en ai touché un mot à Graf von Rothenburg, un Allemand qui a passé quarante ans à traduire Asterix en latin. Mon idée faisait rire tout le monde. Elle n’a rencontré que de la gaîté, c’était déjà sympathique. Le monde du latin grec est à la fois sérieux et marrant. Il va de l’Ecosse à la Turquie. Dès que l’on creuse un peu, on tombe sur des radios finlandaises qui émettent en latin, des sites internet américains, polonais, hongrois et russes qui portent ces langues. L’Europe a sans doute l’anglais, qui est sa langue d’usage, mais le vieux ciment est grec et latin. Nos lumières viennent d’Athènes et de Rome. »
Ce qui a surtout frappé Elizabeth Antébi est l’extrême jeunesse des passionnés, furieux des langues anciennes : « Des jeunes gens de 16, 17 ans, drôles et charmants, passionnés par cette langue qu’ils ressentent comme une respiration. Oui le grec et le latin peuvent aider à trouver de l’air, à faire connaissance avec des dieux humains, avec le sens de l’universel. » Pourtant, ça ne sert à rien ? « Qu’est-ce que ça veut dire servir à quelque chose ? A quoi ça sert de taper dans un ballon ? Faire l’amour ? Apprendre à jouer d’un instrument de musique ? Quand on rencontre le latin et le grec, on croise des textes magnifiques qui vous mènent au sens profond des choses qui nous entourent. On subit moins le monde. On redécouvre la gratuité, l’émerveillement, la philosophie, le droit. On peut même trouver une Europe qui ne se fait pas contre nous. «
Perché sur sa colline inspirée, le petit village s’apprête à se faire envahir par une confrérie amusée et originale. Jacques Lacarrière est attendu pour parler du grec. Lucien Jerphagnon évoquera le sens moderne des citations latines qui ont ponctué les belles lettres mais inspiré aussi quelques rigolos comme Pierre Dac ou Pierre Desproges (« Alea jacta est : qu’est-ce qu’on jacte à la Gare de l’Est »).
Il y aura du théâtre, de la poésie, un banquet à la romaine, un défilé de mode à l’antique et un bal grec. Patrick Poivre d’Arvor a même enregistré un vrai faux journal où il annonce les gros titres de l’actualité de l’an 429 av. J-C. Biffez ce week-end sur votre agenda. Vous avez rendez-vous avec des gens non conformes, si peu formatés. Vous ne connaissez pas un traître mot de ces langues enfouies sous l’écorce du temps ? La belle affaire. Memento audere semper (« Souviens-toi d’oser toujours »). Osez, osez bon sang. Montez dans ce cheval de Troie. Laissez-vous prendre par la main de ces originaux qui ne vous enquiquineront pas avec la grammaire ardue : « Notre festival n’a qu’une ambition : s’essayer au grec et au latin. Pas pour apprendre des langues. Pour se comprendre. »
FRANCOIS SIMON ("Ouest-France", dernière page, 26-27 février 2005)
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