CURRICULUM (S)




Branche Syrienne

Le nom d’Antébi vient d’une ville autrefois syrienne, aujourd’hui turque, Aïntab (en arabe En Tev qui signifie « de bonne source » ou « la source qui purifie ») devenue Gaziantep, au nord d’Alep. La lignée de rabbins dont descendait mon père représentait une sorte d’aristocratie, avec ses rabbins miraculeux sur la tombe desquels aujourd’hui encore on vient chercher le miracle, ou ses lettrés qui furent parmi les premiers à utiliser l’imprimerie et qui écrivirent un nombre impressionnant de commentaires et de poèmes.
Du côté de sa mère, il était issu de Catran et de Totah avec cousinages variés (Bigio, Abadi), et il faut lire l’ouvrage inspiré de Moussa Abadi, La Reine et le Calligraphe, pour comprendre l’atmosphère dans laquelle tous ces juifs d’Alep ou de Damas ont vécu.

Mon grand-père Abraham-Albert, auquel j’ai consacré un livre (L’Homme du Sérail, NiL, 1996) et un Mémoire de l’Ecole des Hautes Etudes, avec bibliographie conséquente, était lui-même le petit-fils du célèbre Jacob Antébi (1774-1846), héros malgré lui de l’Affaire de Damas qui défraya la chronique en 1840, et fut à l’origine de divers écrits de Moïse Hess et autres grands auteurs de l’époque, et même (avec l’affaire Mortara, histoire d’un enfant juif, enlevé à sa famille et converti par une servante, et qui finit chanoine à Rome) de la fondation de l’Alliance israélite universelle en 1860. Il s’agissait d’une de ces fables colportées par le couvents chrétiens depuis le Moyen Âge : le consul de France, Ratti Menton, s’était fait l’écho d’un ragot selon lequel un prêtre franciscain, le Père Thomas, et son valet arabe auraient été assassinés par les juifs pour pétrir de leur sang le pain de la Pâque. James de Rothschild, consul d’Autriche, avait été alerté, l’un des juifs étant protégé autrichien. Une délégation de quelques hommes dont Sir Montefiore, A. Crémieux avait fini par obtenir la relaxe des prévenus dont certains avaient été torturés. Et Jacob, grand rabbin de Damas, à l’époque, avait été torturé sans jamais avouer quoi que ce soit. Relâché, il alla finir ses jours à Jérusalem où il mourut six ans plus tard, laissant une jeune femme enceinte de ses oeuvres – Joseph.
Le père d’Abraham-Albert, Joseph (1846-1919) (avec ici, derrière lui l’une de ses pages de Sermons et oraisons funèbres conservés à la bibliothèque de l’AIU) avait épousé Esther Catran, sa cousine.



Esther Catran, avec sa perruque de femme pieuse, et le meuble en incrustations de nacre (spécialité de Damas) portant les photos de son épous jeune (au milieu) et de ses enfants, dont, en haut à gauche Albert, à droite l'aîné David, et en bas certaines de ses filles. Esther était cousine des Totah.


Ils vivaient dans le quartier juif de Damas, au sud-est de la ville. Joseph et Esther eurent plusieurs enfants, dont David, l’aîné, né en 1862, le premier à partir s’installer en Egypte avec sa femme Fahrida qui prit avec elle, sur le petit âne, plus d’une dizaine de balais, convaincue de partir pour une contrée sauvage !



A gauche, David et Fahrida au moment du départ de Damas pour l’Egypte.
A droite, David et son épouse désormais nommée Frida,au Caire, entourés de leurs enfants et petits-enfants.


Joseph et Esther ne tardèrent pas à suivre et Joseph devint un rabbin redouté du Caire, célèbre pour ses commentaires.

Ces enfants furent, outre l’aîné, David (1862-1934) qui eut six enfants (Joseph, Jacques, Esther, Michel, Salomon et Moïse) et Albert-Abraham (1873-1919) qui en eut huit, Elie (1878-1941) marié à Caroline Benchimol dont il eut trois enfants (Camille, Yvette, Armand), Lea (1880-1907) qui eut de son époux Smadja une fille Adèle, laissée tôt orpheline, Rébecca (1881-1920) qui épousa le rabbin Bigio et en eut sept enfants (Désiré, Lucien, Esther, Joseph, Marcel, Victor, Samy) et Raphaël (1882-1941), marié à la nièce de sa propre mère, Rebecca Catran, dont il eut sept enfants (Joseph, Esther, Odette, Simon, André, Violette, Myriam). Ce fut Raphaël qui « hérita » des enfants trop tôt orphelins de ses deux soeurs, Léa et Rébecca. Selon la légende familiale, une aînée, Boulissa, aurait existé, mais elle aurait été enlevée par un de ces brigands qui sévissaient à l’époque. On ne l’aurait jamais revue.

L’une des autres enfants de Joseph et Esther, Rébecca,
et le frère cadet très cher à Albert, Elie, directeur de l’école Menasce d’Alexandrie.
Abraham-Albert (1873-1919), lui, prit très jeune la direction de l’école de garçons de l’Alliance israélite universelle à Jérusalem, devint l’un des acteurs de l’achat de terres à grande échelle et le représentant des « villages Rothschild », l’interlocuteur privilégié des grandes familles arabes – Husseini, Nashashibi, etc. -, fut envoyé au front du Caucase sous les ordres d’un certain Mustapha Kemal, et mourut prématurément du typhus à Constantinople, à 45 ans, en pleine opération que nous appellerions aujourd’hui de coordination humanitaire de rapatriement des réfugiés de toute religion et de tout peuple.

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