Ma vie est un Roman
Personnages




Micheline Roger

Toute famille a son petit, son obscur, celui ou celle qui humblement vous aide à traverser la vie, ou un bras du fleuve devenu torrent. Telle était Micheline, une cousine que mon père avait sortie miraculeusement au moment du départ de ma mère quand j’avais onze ans, une femme sans aspérité, sans facettes comme un diamant avant la taille. Micheline, que je regardais parfois de haut pour sa simplicité, son caractère égal, sa tristesse sans rébellion, m’a permis, je le vois aujourd’hui, de raison garder, au sein d’une famille qui n’avait rien à envier aux Atrides ou aux Bathory de la comtesse sanglante. Micheline m’a offert l’un des cadeaux les plus sereins, les plus aériens, un manège suédois qui voletait à la flamme, pour Noël. C’est chez elle que j’ai lu pour la première fois les Jules Verne et d’autres auteurs inscrits à la lettre d’or sur fond carmin, de l’éditeur Herschel. Des décennies plus tard, j’ai appris qu’elle était ma cousine, la fille de cet oncle Roger tant admiré de mon père (le frère de sa mère) et qui était mort à Verdun.





Vitali Romanov

Baryton à l’opéra de Leningrad, capable de chanter les plus anciennes mélodies russes, Don Juan de Mozart ou Les Yeux Noirs, Vitali avait un jour atterri au « Tsarevitch ». Depuis, il a enseigné au Conservatoire, et chanté dans de nombreux récitals. C’est un artiste d’une valeur rare, et d’une méditation spirituelle intense, que j’ai l’honneur d’avoir pour ami.






Nadine de Rothschild

Veuve d’Edmond de Rothschild, le petit-fils de mon Edmond de Rothschild, elle m’a reçue un jour dans son hôtel particulier de la rue de l’Elysée. Elle eût voulu que ma thèse parût, réécrite par la plume alerte de quelqu’un comme Marek Halter. Ai-je eu raison de refuser et de la faire paraître aux éditions du Rocher ?





Dominique de Roux

Personnage volontairement sulfureux, révolté avec une tête de marquis, plein d’esprit et d’écoute, Dominique fut un trublion des lettres qui créa la collection si précieuse des Cahiers de l’Herne et mourut, lâché par son cœur, après des reportages télé au Mozambique. Je lui dois d’avoir pu connaître Julius Evola et de l’avoir interviewé pour Ave Lucifer. Dominique me soutint quand Evola se retourna contre moi. Car il assumait toujours ses choix et ses curiosités, ses liaisons les plus dangereuses …





Salomé la Chatte

La belle Salomé m’avait un jour choisie en sautant tout bébé sur mes genoux, alors qu’on voulait la donner pour éviter la noyade. Je l’emportai donc et elle m’a accompagnée longtemps, avec son caractère de siamoise capricieuse, affectueuse, bavarde.





Toni Savignano et Giovanella Bruno di Belmonte

Avec Toni, nous nous connaissons donc depuis plus de trente ans. Il couvrait en Iran, en 1971, les festivités pour la Il Giornale, enquêtait sur la beauté des filles et vous enchantait dès le matin d’un tonitruant « Alorrrra », assorti de quelques compliments éhontés sur votre charme et votre beauté, qui vous mettaient de bonne humeur pour la journée. Depuis, nous nous sommes souvent revus à Rome et à Paris, j’ai vécu dans son appartement romain, nous avons beaucoup ri. Il m’a présenté Giovanella, devenue elle aussi une amie, peintre talentueuse, en particulier pour les trompe-l’œil, Giovanella sait aussi orner la vie de fioritures affectueuses. Il est rare d’aimer un couple et pourtant, c’est le cas.

Giovanella lit un conte à ma fille.





Pierre Schaeffer

Lorsque j’ai rencontré Pierre Schaeffer (1910-1996), j’avais une robe à col marin dont il m’a reparlé toute sa vie. J’étais venue l’interviewer pour mon livre, Ave Lucifer, sur Gurdjieff, dont il avait pendant des années suivi l’enseignement. Par la suite, il m’embaucha au Service de la Recherche à l’ORTF qu’il avait fondé en 1960, après avoir participé aux combats de la Libération et avoir dirigé et fondé le Service de la Radiodiffusion de la France d’outre-mer (1953). « Père de la musique concrète avec Pierre Henri, il publia des livres, comme Machines à communiquer ou Le Gardien de Volcan. J’ai tout appris de la télévision, de la manipulation et de la liberté en travaillant auprès de lui. Nancéen, enfant des Dominicains et du cartésianisme, il avait le courage de réformer les structures de l’intérieur. Les structures l’ont broyé, les médiocres ont eu sa peau, mais il a triomphé dans le levain qu’il a jeté et les ferments qu’il a semés.
Voir mon site sur Pierre Schaeffer
Site Internet : http://www.olats.org/pionniers/pp/schaeffer/sitesInternetSchaeffer.shtml


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