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  Le grain de sel d'Aspasie

Aspasie, c’était le dame de Périclès, dont elle eut un fils. Née à Milet, Asie Mineure au Ve siècle avant notre ère, elle fut son inspiratrice ès démocratie. Etrangère, elle échappait au gynécée, mais ne put jamais épouser son grand amour, ce qui lui laissa le temps d’enseigner la rhétorique à … Socrate et la philosophie à quelques dames grecques qui vinrent à son école. Elle s’intéressa aussi aux mathématiques. Platon et Alcibiade fréquentaient son salon, ainsi que le philosophe Anaxagore qu'elle fit, dit-on, venir du Proche Orient, les dramaturges tragiques Sophocle et Euripide, et le sculpteur Phidias.
Le caricaturiste Daumier la représente sur une lithographie (The University of Montana, Museum of Fine Arts) sous les traits d’une prostituée enseignant à un choix des rubriquesSocrate ivre. Elle est aussi devenue le nom d’une association d’aide aux prostituées. Cet outrage post mortem est sans doute dû à sa liberté extrême et aux insultes dont elle fut l’objet, tant pour ses talents multiples que pour ses opinions « démocrates », mais aussi à une confusion avec l’égérie d’un autre sculpteur du siècle suivant, Praxitèle, la belle Phryné.

En vedette : Enquête sur le rire, Baromètre de nos Libertés.
La France était morose, aujourd’hui elle s’ennuie. L’insulte succède à la plaisanterie. Le rire peut tomber sous le coup de la loi. Les pays où l’on n’ose pas rire ne sont-ils pas ceux où « le propre de l’homme » (« pour ce que rire est le propre de l’homme », Rabelais) ne peut plus s’épanouir ? Sommes-nous entrés dans une sorte de totalitarisme mou ?
Nous commençons cette série sur « le rire baromètre des libertés », par l’interview d’Ilios Yannakakis, un professeur d’histoire contemporaine, né en Egypte de père grec et de mère russe. Il a vécu en Tchécoslovaquie jusqu’en août 1968. Il a quitté le pays après l’invasion soviétique pour se réfugier en France, puis a enseigné l’histoire à l’Université de Lille et, à Marne-la-Vallée :

Lire l'interview.

Bientôt, dans la série :
- Un spécialiste de la publicité interrogé sur le thème : peut-on utiliser, comme on l’a fait, Marx, Mao ou Castro fumant le cigare pour la publicité de banques ? Pourquoi pas Hitler ? Où s’arrête le second degré ? Et l’utilisation des bonzes bouddhistes dans des publicités pour les banques ou l’informatique ?
- Un spécialiste des jeux électroniques : l’humour est-il vendeur ?
- André Santini, le dernier des Mohicans ?
- L’humour en Autriche : « C’est tragique, mais ce n’est pas grave ».

Chronique savante

En bonne rhétoricienne, femme du monde et bas-bleu grecque, je commence par effeuiller avec vous mon dictionnaire. Bientôt je pimenterai mes grains de sel de mes commentaires poivrés, quand la moutarde me monte au nez ou que l'enthousiasme me saisit. A bientôt donc, mes envolées moins austères ...

N'OUBLIEZ PAS :
NOUS AVONS CELEBRE LE PREMIER FESTIVAL EUROPEEN DU LATIN ET DU GREC
A BECHEREL, "cité du Livre" entre Rennes et Dinard

Bouquet de fleurs

« Et d’abord je vous offre un bouquet, une jacinthe et un narcisse, des anémones et des pivoines, quand sous la clématite, nous boirons des vapeurs d’absinthe. Le chrysanthème et l’héliotrope, l’hémérocalle et l’orchidée se marieront à l’iris dans les grands vases du gynécée. »
Non, ce n’est pas un message crypté, mais la déclinaison de mots grecs qui évoquent l’or, le soleil, des éphèbes, ou des attributs moins éthérés.
Jacinthe ou Hyacinthos, était le fils de la muse de l’histoire, Clio, punie par la déesse de la chasse, Artémis (Diane), dont elle avait révélé les amours avec le bel Adonis : Clio était tombée dans les bras d’un bel homme dont elle avait eu le petit Hyacinthe, mais la malédiction ne s’arrêtait pas là. Apollon Phoebus, frère d’Artémis, et dieu du soleil, jeta un disque qui vint s’abattre sur l’enfant joueur. Et le dieu se repent, nous dit Ovide, dans ses Métamorphoses (X) : « Ma lyre sous l'impulsion de ma main, mes chants, résonneront en ton honneur. Devenu une fleur nouvelle, tu répéteras, par l'inscription de tes pétales, mes gémissements [...] Tandis que ces mots sont proférés par la bouche sincère d'Apollon, voici que le sang, qui, s'épanchant sur le sol, avait teint le gazon, cesse d'être du sang, et une fleur apparaît ».
Narcisse : Qui ne connaît l’histoire du beau Narcisse qu’aime la nymphe Echo et qui la dédaigne. Pour s’en venger, elle l’approche de l’eau et lui montre son reflet. Le jeune homme alors se penche et se noie. Sur les bords du fleuve, pousse alors une fleur jaune orange, tandis qu’au loin se répercutent les sanglots de la nymphe.
Anémones : Ma fleur de prédilection puisque ainsi m’avait surnommée le metteur en scène et acteur Marcel Maréchal qui écrivit Une anémone pour Guignol. L’anémone, de ses arêtes plumeuses, indique la direction du vent (anémos),parfois régulé par éoliennes - dont le nom vient d’Eole, dieu des vents, qui en son outre les tient tous, de la bise au zéphyr.
Pivoines : La fleur qui, en Chine, symbolise la richesse et l’honneur, fut honorée par Paeôn, médecin des dieux qui, en son temps, avait guéri le dieu des Enfers, Hadès, grâce à cette plante qui prit alors son nom. Ayant vaincu la maladie et le symbolisme des Enfers aidant, on lui attribue le pouvoir de chasser les mauvais esprits. Décente et pudique, on l’invoque quand on rougit.
Clématite : la klèma grecque évoquait le « sarment ».
Absinthe : la décoction chère à Verlaine est synonyme d’amertume.
Chrysanthème : la fleur d'or (anthemon fleur, chrusos or), devenue emblème royal du Japon, enjolive à l'automne les tombes de nos cimetières.
Héliotrope : « qui se tourne vers le soleil ».
Hémérocalle : la "Belle de Jour" - fidèlement traduit du grec où la "belle" est kala et le "jour" hemera. C'est un symbole de beauté éphémère - "qui dure un seul jour" de epi hemera - qui passe en une courte floraison. L'écrivain Joseph Kessel en fit le titre d'un roman sur une épouse qui passait en étoile filante quelques heures en maison close…
Orchidée : son nom vient du mot grec orchis, "testicule", d'après la forme de ses racines, elle symbolise souvent la fécondation, mais aussi la sensualité trouble et féroce, ainsi que le raffinement.
Iris : tel était le nom de la messagère des Dieux qui, chevauchant l'arc-en-ciel, opérait comme facteur. Fleur de printemps, l'iris protège et purifie. Dans le langage des fleurs, elle est message d'amour.
Gynécée : Bien sûr, les femmes s’enferment dans leur gynécée, qui signifie d’abord « appartement des femmes ». Mais le mot possèdhaut de pagee aussi une définition botanique, « le cœur des fleurs », le pistil.

Dites-nous vos fleurs préférées, nous vous en dirons l’origine …        Dites-nous vos fleurs préférées, nous vous en dirons l’origine …

Qui a dit que les mots latins ne représentent plus grand chose ? Figurez-vous que le Grand Turc a réuni un comité de savants : il s'était aperçu qu'une espèce de renard rouquin portait le nom scientifique de Vulpes Vulpes Kurdistanica. Foin des Kurdes, il se prénomme désormais Vulpes Vulpes et basta. Pis encore : un agneau ne s'était-il pas mis en tête de s'intituler Ovis Armeniana, un cerf Capreolus Capreolus Armenus et un abricot prunus armeniana ? Les voilà désormais Anatolicus ou plus rien du tout. Changer en un seul jour l'Arménie en Anatolie, quelle galère - le tour de passe-passe eût plu à Molière ! Quant au loup et l'agneau, quelle aubaine ... pour La Fontaine.

De quelques mots d’origine grecque (à suivre)

Aumône : ce mot si familier à notre civilisation qu’il a baptisé cette sorte de sac qui s’appelle aumônière, nous vient du mot qui signifie pitié ou compassion, et par conséquent ce qu’on donne par souci de l’autre.
Christ : « L’Oint » du Seigneur, traduction grecque de l’hébreu mashiah qui a donné Messie. On trouve déjà mention de christos en ce sens d’enduire ou oindre, dans Euripide. Le chrême, ou onction, vient de la même racine (chrisma), ainsi que le prénom de Christophe (Christo-phoros), celui qui porte le Christ.
Démocratie : De Dèmos (le « peuple ») et kratein, (« commander »), mot qui sgnifie le pouvoir du peuple. Cette démocratie si chère à Périclès, chéri d’Aspasie, ne fut pas tout à fait celle que l’on conte : bientôt, un encadré sur sa définition des origines.
Idiot : Dans ce monde où l’on fait la guerre à l’intelligence auto-proclamée, Mao soit béni ou papy Trotski, revendiquons-nous avec force "idiots", c’est-à-dire « singulier », "simple particulier" sans statut ni privilèges ou avantages acquis. Définition de mon dictionnaire Bailly : « tout homme de condition modeste, c.a.d. simple citoyen ».
Laïc : Le mot vient de laos, « la foule », « la plèbe », « la masse profane » dans la mesure où elle s’oppose à klerikos, le « clerc » (religieux). Mais ce n’est pas non plus le « peuple » (démos) comme entité politique. Rarement employé jusqu’à la Renaissance, il prit droit de cité en France à partir de 1871. Là encore, la définition sera explorée bientôt dans les détails.
Péripatéticienne : quel est le trait commun entre la dame de petite vertu et le philosophe Aristote ? Tous deux racolent (ou enseignent) en se promenant – de peripatein, « se promener en conversant ».
Pharmacie : Toute drogue, breuvage, préparation magique, médicament est pharmakon. Avec le temps, nos pharmacies ont perdu la connotation d’herboriste ou de « droguiste » que conservent les drugstores anglo-saxons.

De quelques mots d’origine latine (à suivre)

Exclure : (qui donné exclusion, exclusif ou en exclusivité) : « mettre dehors », « tirer hors de » - opposé de conclure, « mettre ensemble ».
Indulgence : le mot latin signifiait « remise de peine ». C’était, comme souvent, un terme juridique à l’origine, repris par les chrétiens dans le sens de « rémission des péchés »(Saint Bernard, 90). Mais, dans le latin ecclésiastique, indulgere avait le sens restrictif de « concéder » (cf. Tolérance)
Prière : vient du latin prex, precis, qui a donné, à la fin du XVIe siècle, dans le langage juridique, « précaire », à l’origine « obtenu par prières ». La notion de « précarité » n’advint dans le langage qu’au début du XIXe siècle pour exprimer une situation « qui ne subsiste que par permission révocable ».
Profane : Vient de fanum, le temple. Ce qui est profane se situe devant le temple, donc hors du temple, et peut entraîner la « profanation », c’est-à-dire la mise sur la place publique de ce qui doit rester dans l’enceinte sacrée.
Tolérance : Définition ancienne « Disposition d’esprit par laquelle on donne à l’erreur autant de droit qu’à la vérité. ». Quant au mot latin tolerare, il était proche de « modérer ». Il s’agissait de supporter avec indulgence ce que l’on pensait mauvais. Ainsi peut-on « tolérer », le froid, le bruit, la sottise, la grossièreté, la violence, jusqu’aux limites de … l’intolérable.(cf. Indulgence).

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Suggérez-nous des mots dont vous voudriez connaître l'origine.     Suggérez-nous des mots dont vous voudriez connaître l'origine.     Suggérez-nous des mots dont vous voudriez connaître l'origine.
L’origine des mots dans le français que nous parlons (en cours)

Malgré les invasions, les destructions et les 2500 ans qui nous séparent du siècle de Périclès, le grand siècle de l’humanisme grec, la Grèce n’a jamais perdu son âme, sa langue, qui est en grande partie à la source de la nôtre. Le miracle grec est à l’origine du miracle européen, à l’origine de ces sciences et techniques qui, après avoir doublé notre capital bien-être ou santé, risquent de nous limer les ailes et de provoquer notre perte, par ubris ou démesure, facteur fondamental en Grèce du déséquilibre ou de l’inharmonie .
Miracle grec, droit romain, grandes invasions et chrétienté, cours d’amour et chevalerie, héritage du « zéro » arabe ou du « bistrot » russe … qu’est-ce qu’une langue vivante et quelles en sont les limites ? Et sans les nuances de la langue, comment s’exprimer en démocratie ?


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Notre langue française : genèse

L’époque où le français fut la lingua franca de la diplomatiehaut de page

De l’argot à la langue alternative

Les mots de la francophonie et leur histoire

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