Etait-ce un conteur que j'écoutais ? non. L'enseignement de M. Nahon était certes vivant, humain (comme il l'est en vérité lui-même) et pourtant véridique, précis, documenté et je dirais scientifique. Tenez, un exemple : l'étude du manuscrit du Sefer Hayashar de Rabenou Tam (XIIe siècle). L'explication du texte a été accompagnée par l'initiation à l'écriture paléographique employée, monsieur Nahon, nous transportant littéralement dans l'atmosphère du temps et du lieu, suscitant notre curiosité, nos observations, notre questionnement, nous apprenant à connaître - je dirais presque intimement - le caractère, l'autorité de Rabenou Tam. Avec Monsieur Gérard Nahon, l'heure du cours passait trop vite à mon grand regret. C'est pourquoi je lui dois une véritable gratitude ainsi qu'un très grand respect.
Edouard Allouch, ex-cadre supérieur du Crédit Lyonnais, Croix de Guerre, Médaille de la Résistance. Maitrise d'hébreu moderne.(audtieur EPHE)
Philippe Aghion, né à Paris en 1925, ingénieur des Arts et Métiers (auditeur EPHE)
Elizabeth Antébi, licence ès Lettres classiques, licence d'Histoire de l'Art, doctorat d'Histoire des religions et Systèmes de Pensée à l'EPHE, 1999. Ecrivain, chef de projet multimedia.
J'ai osé m'inscrire au colloque organisé à l'Université Paul Valéry en octobre 1985 à Montpellier « Les Juifs à Montpellier et dans le Languedoc du Moyen Age à nos jours ». Il était indiqué dans le programme que Gérard Nahon en ferait la synthèse et en tirerait les conclusions, donc, qu'il allait écouter ce que j'allais raconter, moi, un amateur, même pas enseignante (bibliothécaire alors en département de géographie), non-juive de surcroît. Comment lui demander de diriger la thèse que je projetais ?
Le hasard a bien fait les choses : nous étions passagers d'une voiture de participants au colloque et… nous nous sommes perdus dans Montpellier. Durant le long périple jusqu'à l'Université Paul Valéry nous avons bavardé et… j'ai osé ! Gérard Nahon a accepté, n'a pas soulevé le problème de ma méconnaissance du monde juif. Il m'a tout naturellement parlé en historien.
Tous ceux qui ont eu la joie de travailler avec lui connaissent ses qualités d'érudit, de pédagogue. Ce que je retiens, c'est l'attention, la bienveillance, la compréhension, le soutien apporté, les qualités d'un homme ouvert, accessible, accueillant. J'ai la joie et le plaisir d'être toujours en contact avec Gérard Nahon, de moins en moins pour des études historiques, de plus en plus pour échanger des nouvelles.
Cela aussi est un de ses talents (rare) : ne jamais oublier que son interlocuteur qu'il soit élève, enseignant, est un être humain qui a besoin d'être reconnu, accompagné…
Marie-France Godfroy-Lanet, depuis le 1er janvier 1999 : Ingénieur d'études de 1ère classe (ITARF), Université Toulouse-le-Mirail a un DEUG de Psychologie, une Maîtrise d'Histoire (Les Hôpitaux de Toulouse en 1540, sous la direction de Gilles Caster, Université Toulouse-Le Mirail) et un Doctorat 3e cycle (Thomas Illyricus, prédicateur et théologien, 1484-1528, sous la direction de G. Caster). Elle passé son doctorat EPHE sous la direction de Gérard Nahon (Juifs de la sénéchaussée de Carcassonne à la veille de l'expulsion de 1306 (1994). Détail notoire, Marie-France a trois chats : Shypsie (blanche avec taches noires), Roumistou (roux légèrement rayé, teint beige abricot, l'air toujours étonné et ayant peur de tout), Titti-Kitty (la dernière, trouvée dans la rue, couleur écaille de tortue, très vive, mangeant un peu trop).
J'ai toujours apprécié les rendez-vous dans ce petit bureau de l'Ecole que se partagent les directeurs d'études. L'exiguïté des locaux ne reflète en rien l'immense qualité des échanges qui s'y déroulent. Sirotant son thé, Gérard Nahon m'écoutait longuement disserter sur les travaux de Michel Vovelle ou ceux de Pierre Chaunu quand je peinais à rassembler le corpus de testaments, source pour mon étude. Ces encouragements ont été très utiles. Il m'a rassuré sur le bien-fondé scientifique de ma démarche au regard des sources que j'avais trouvé. Mine d'informations bibliographiques, il m'a suggéré des pistes à explorer. Ses connaissances personnelles m'ont facilité le travail dans les dépôts d'archives de province et à l'étranger.
Curieux, Gérard Nahon ne clôturait jamais un entretien sans me questionner sur l'enseignement en banlieue et mes pratiques pédagogiques. Grand chercheur, je lui dois beaucoup. Je serais ravi de participer à un Mélange publié en son honneur.
Emmanuel Attali,doctorant
Richard Ayoun, maître de conférences à l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO), docteur en histoire, habilité à diriger des recherches, licencié d'hébreu.
Christiane Chiche, psychologue clinicienne(auditrice EPHE)
Maryse Choukroun : « Je ne suis ni historienne ni quoi que ce soit qui puisse apporter quelque chose. J'aime apprendre et c'est tout ». (auditrice EPHE)
Il est un Maître parce qu'il témoigne de ce que l'érudition n'exclut pas l'affection.
Il est un Maître parce qu'il est modeste.
Gérard Nahon est un Maître. A nous de toujours mériter la confiance qu'il nous a accordée.
A nous de savoir transmettre ce qu'il nous a appris et le goût d'apprendre.
Jean-Marc Chouraqui, professeur en histoire à l'Université de la Méditerranée, directeur de l'Institut Interuniversitaire d'Etudes et de Culture juives ou IECJ (universités d'Aix-Marseille, Avignon, Toulon, Nice).
Lucien Dreyfus, né à Remiremont dans les Vosges, lors d'une visite à Jérusalem.
Je crois que j'ai toujours été frappé par son physique, sa moustache et sa voix très particulière et chaude. J'appréciais son goût des archives, des documents et je crois me souvenir qu'en classe de cinquiéme, il y a plus de quarante ans, il nous faisait préparer des dossiers avec des illustrations ...
Jacques Halbronn, auteur d'une thèse sur La problématique astrologique chez les principaux penseurs juifs du Moyen Age, sous la direction de G. Vajda, 1979, et d'une thèse d'Etat, sous la direction de Jean Céard, sur Le texte prophétique en France. Formation et fortune. Auteur de Clefs pour l'astrologie (Seghers, 1976), d'articles, de livres, il est, par sa mère, le cousin lointain de Nostradamus. Organise des colloques sur le judaïsme dans le cadre de l'association Centre d'Etude et de Recherche sur l'Identité Juive (CERIJ) qui publie des Cahiers du CERIJ.
Jacques Hober, né en 1937, physicien de formation, après un doctorat du troisième cycle a fait carrière dans l'informatique, dans une société de télécommunications.(auditeur EPHE)
Irène Kohn (auditrice EPHE)
Je dois trop à cet homme pour le livrer à une « Toile ».
Haïm Korsia, directeur de cabinet du grand rabbin de France, aumônier général de l'armée de l'air, consultant rabbinique à l'OSE (oeuvre de secours à l'enfance).
Il dégage cette forme de simplicité et de modestie des véritables grands savants que permet la vraie science quand elle est inséparable de la conscience et de la tolérance. Il a une conception digne sans défi ni complaintes de l'identité juive qui impose le respect et l'affection.
Nous nous séparons certes sur le jugement à porter sur Baruch Spinoza, notre plus grand humaniste, mais il est peut-être, à son corps défendant et qu'il m'en excuse, tout imbu de la morale spinozienne dans cette tradition maïmonidienne selon laquelle la connaissance est joie et amour et l'ignorance haine et malheur.
Lionel Lévy, ex-bâtonnier, avocat honoraire, Docteur en histoire des religions et systèmes de pensée à l'EPHE, 1997.
Première séance : nous sommes dans le commentaire de Pirqé Avot de Rabbi Yacaqov bar Shimshon de Paris (XIIe siècle). Vient mon tour de lire, traduire et commenter. Entièrement autodidacte, je me sentais dans mes petits souliers. En quelques minutes, je réalise que mon parcours me met en toute modestie dans la cour des grands. Joie profonde de réaliser que 30 ans de fréquentation solitaire des textes de la tradition juive portent leurs fruits. Joie profonde également d'être reconnu par l'un des maîtres du moyen âge juif français, dans ce parcours universitaire que j'entame après une vie passée à construire des escaliers, des charpentes d'église… et de synagogues.
Ce que j'apprécie le plus chez Gérard NAHON, c'est sa simplicité, sa gentillesse, sa disponibilité et surtout son amitié. Il ne considère jamais ses élèves comme des inférieurs à qui il distille sa science, mais est à l'écoute de tous, même si parfois quelques questions posées peuvent être superflues, parce que la réponse devrait être connue de tous à ce niveau d'enseignement.
Gérard NAHON, c'est la précision dans le propos, l'argument toujours fondé, mais aussi et surtout, la modestie lorsqu'il se trompe ou lorsqu'un élève lui apporte un argument dûment fondé qui vient contredire ce qu'il vient d'exposer.
J'en veux pour exemple le fait suivant : lors d'une séance, Gérard NAHON commence à s'enflammer à propos de Rabbi Yacaqov bar Shimshon de Paris qui, dans le manuscrit de la Bibliothèque Nationale sur lequel nous travaillons, cite le Talmud de Jérusalem : "Vous vous rendez compte, c'est extraordinaire, pour l'époque ! Déjà qu'il existe peu d'exemplaires du Talmud de Babylone en circulation, notre auteur a donc sans doute dû se déplacer pour aller voir cet exemplaire chez un collègue, etc." Le lendemain, il m'appelle :"Monsieur Malthête, je ne trouve pas ce texte dans dans le Yerushalmi ; peut-être, avec votre base de données, le trouverez-vous ? - Monsieur Nahon, je l'ai déjà trouvé. Ah bon, c'est où alors ? - Eh bien, notre auteur s'est trompé, c'est dans Midrash Rabba ! - Vous en êtes sûr ? - Complètement ; je vous donne le chapitre et la pisqa." J'entends alors Gérard feuilleter, puis :"Vous avez raison, et moi qui avait échafaudé toute une histoire…"
Voilà qui résume tout Gérard NAHON.
Avraham Malthête, bibliothécaire-paléographe, bibliothèque de l'Alliance israélite universelle (AIU).
Philippe Pierret, collaborateur scientifique de L'Université Libre de Bruxelles IERL (CP.108), du Musée Juif de Belgique et de la Fondation de la Mémoire Contemporaine (Baron Bloch). Achève son Doctorat avec Gérard Nahon.
Max Polonovski, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée des Plans-reliefs, chargé de mission pour la protection du patrimoine juif au ministère de la culture.
(Madame :)Angliciste de formation, hébraïsante ensuite, j'ai suivi avec passion le séminaire du professeur Nahon à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes durant de longues années. Il nous a appris la nécessité de la minutie des détails, de la précision bibliographique, la chasse aux citations bibliques disséminées, dissimulées, dans les textes étudiés. Sur le plan humain, son hospitalité, sa bienveillance sont sans limites.
Il nous a fait pénétrer l'univers de la vie juive dans la France des Tossaphoth, voyager chez les prisonniers de la Tour Blanche d'Issoudun, parmi les tisserands et les rabbins de Safed au XVIe siècle, les Yeshivoth de Jérusalem et leurs listas, les imprimeurs juifs du XVIlle siècle, et tant d'autres domaines...
Il m'a poussée à mener à bien et a dirigé ma thèse de l'EPHE à partir d'archives familiales sur mon arrière grand-père.
Eliane Roos Schuhl, auteur d'une thèse intitulée « Patrie - Religion » : le grand rabbin Moïse Schuhl (1845-1911), soutenue en 1995 et publiée par les Presses du Septentrion, avec son mari Gilbert Roos, ingénieur civil des Mines, docteur en histoire.
Suzy Sitbon, peintre et chercheuse, achève son doctorat avec Gérard Nahon et Mireille Mentré (Université Paris IV) sur « l'interdit de représentation dans le judaïsme et son impact sur la création artistique ».