Ma vie est un Roman
Personnages




Clara Falcone

Clara était journaliste au Tempo lorsque nous nous sommes rencontrées à l’automne 1971, aux festivités iraniennes. Nous avons décidé de partir ensemble explorer le pays avec un guide. Joyeuse, inlassable, d’une curiosité jamais épuisée, Clara a été une compagne d’exploration (et un maître ès reportages) non négligeable, dans le cadre de ce règne alors à l’apogée et pourtant miné par la soif (au sud du pays) et la pauvreté. Nous nous sommes revues au retour, et j’ai vécu chez elle, à Rome près d’une semaine. Nous nous sommes appelées de temps à autre et je lui garde une amicale admiration.




Edgar Faure

Pour être précise, ce n’est pas Edgar Faure, le Ministre de l'éducation nationale, que j’ai rencontré à l’époque de 1968, mais, dans son bureau, copie conforme avec le zézaiement et la pipe, l’auteur de romans policiers Edgar Sanday (par opposition à un autre ministre de l’époque, Edgard Pisani, dont le prénom portait un « d », c’est vous dire l’astuce !). J’en garde une curieuse impression. Sa jovialité, son air rond et jurassien, ses zozotements qui évoquaient un enfant au bonbon, me paraissaient masquer quelque chose de prêt à fuir, à louvoyer, une manière de n’être pas là où on l’attendait mais pas non plus où on ne l’attendait pas … Un fumet délétère flottait dans la pièce, comme si le tabac sucré, doux mélange hollandais, tournait dès que craché. Dans ses romans, le suspense était gauche et cousu de fil blanc. Dans la vie, le suspense n’en était déjà plus un.




Elizabeth Fechner

Quand je suis entrée à VSD, Elizabeth régnait sur les spectacles, déjeunait avec Delon, dînait avec Belmondo. En bonne midinette, j’étais très impressionnée. Ses traits, sa manière une peu rauque de parler, sa réserve et ses élans me rappelaient quelque chose, venu du fond de l’enfance. Un jour, elle me dit : « Lycée Molière, classe de 8e, tu te rappelles ? ». Depuis, nous avons découvert sur les photos de classe que nous avons posé deux années de suite côte à côte, elle très sage, moi la mèche en l’air et le sourire en coin, très copines. Une dizaine d’années plus tard, nous nous sommes encore revues à la Foire du Livre, sur le stand de notre éditeur commun, Calmann-Lévy. Elle est devenue best-seller sur les souvenirs d’Algérie (Le Pays d’où je viens) et sort un nouveau livre très illustré, magnifique, sur le sujet.




François Fetjö

Cet auteur (né en 1909, ami de Camus) d’un livre fondamental sur la décomposition programmée de l’empire austro-hongrois, Requiem pour un Empire défunt, ce résistant au communisme (dès 1947) auteur de l’Histoire des Démocraties Populaires, qui a rencontré Tito, Castro, Willy Brandt et différents maîtres du Kremlin, fut mon voisin lorsque j’habitais Neuilly. Nous allions souvent dîner à deux pas de chez nous, dans un petit restaurant, et parlions plus souvent de mon livre sur Les Filles de Madame Claude que de Droit d’asiles en Union Soviétique.





Robert Fiess

A l’époque où je l’ai connu, Robert Fiess, journaliste à l’Express, bénéficiait (avec sa femme Inge) d’une bourse de la Nieman Foundation et vivait à Boston. Mon bon ange bostonien, Gilberte Furstenberg, m’emmena dîner chez eux. J’ai revu Robert à Paris, lorsqu’il eût fondé Geo et ma plus grande sottise fut de refuser sa proposition de devenir rédactrice-en-chef adjointe, pour lui succéder un jour car il envisageait de se retirer pour se consacrer à l’école de journalisme du groupe de presse Prisma. Nous sommes restés amis très chers.






Paolo Filo della Torre

Il est des personnages de roman. Paolo en est un. Je l’avais rencontré dans l’entourage de Franco Colombo correspondant de la RAI italienne. Il m’a reçue princièrement à Londres, dans sa résidence superbe vers St James, dans les relents délétères des atmosphères à la Wilde, avec un zest de « dernier guépard ».




David Fishlock

Journaliste du Finantial Times, David fut longtemps mon correspondant et cicerone à Londres, une fois que nous eûmes collaboré à Biotechnologies : le Génie de la Vie. Nous avons dégusté les meilleurs repas de l’île dans des restaurants grecs délicieux, à la White Tower plus huppée, et bu un quantité impressionnante de portos servis dans des verres immenses en dessert, et d’Alexander à la crème et au cognac. Nous avons failli faire un livre somptueux sur Le Pied, mais je n’ai jamais trouvé le financement. Les documents sont toujours dans mes cartons, à bon entendeur … David vit aujourd’hui dans la campagne anglaise, dans les Bucks (Buckinghamshire), pays des châteaux Rothschild.




Inge Fleischhauer

Universitaire allemande passionnée qui enseignait à l’université Givat Ram de Jérusalem, Inge m’a cornaquée dans l’univers israélien au cours de mes visites de la fin des années 1960 et du début des années 1970. Je lui dois d’avoir entendu les concerts (surréalistes) des grands violonistes russes qui avaient fui le goulag, d’avoir bu des verres dans les lieux à la mode dont la Galleria Haktana, où j’ai connu le cher Pierre Motyl, d’avoir pris le thé dans des familles arabes, et d’avoir une vision qui m’est restée de ce pays de fureur et de contrastes.


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