CURRICULUM (S)





Branche Italienne et Tyrolienne,
Ma mère Adrienne Scotti


Ma mère, Adrienne Scotti, est née à Budapest (sur la rive de Pest)
le 11 juillet 1912, au n°2 de la Salay utsa , non loin de la rue où elle allait à l’école.


Sa mère, Marie-Philomène , née Praindl au Tyrol, à Igls, avait perdu très jeune un frère talentueux qui chantait et « jodelait » à toutes les fêtes. Leur mère, Maria Ebener (mon arrière-grand-mère) avait été une catholique convaincue, mais aussi une femme de tempérament dont le goût d’indépendance frisait la témérité : amoureuse folle d’un homme marié de son petit village de Keuchach, au fin fond de l’Autriche – de ce genre de trou perdu dont on dit wo der Fuchs und die Ganse mussen Adieu sagen (« où le renard et l’oie doivent se dire adieu ») -, elle révéla un beau matin à son père qu’elle était « enceinte des œuvres » du monsieur. Comme elle s’obstinait dans cet amour, le père la chassa de la maison, et fit sonner le glas : sa fille était morte à ses yeux. Maria Ebener s’en alla donc à la ville, Innsbrück, et put élever, grâce à l’aide de l’église, l’enfant de l’amour, le petit Franz. Autodidacte, elle siégea au conseil municipal d’Innsbrück. Franz devint un monsieur, à la direction locale des chemins de fer autrichiens. Et Maria fut épousée par Praindl qui lui fit deux enfants, Joseph ou Peppi, et ma grand-mère, Maria-Philomène, qui toute sa vie entretint son poète de frère ; elle voulut même adopter les deux enfants qu’il avait laissés en mourant jeune, mais ils étaient déjà trop scrofuleux pour qu’on puisse les retirer de l’hôpital où ils ne tardèrent pas à mourir.

L’arrière-grand père Praindl, lui, levait un peu souvent le coude et mourut d’une cirrhose du foie. Mais, avant le saut final, il eut encore le temps de s’enfuir de l’hôpital, de marcher dans la neige sur des kilomètres pour arriver chez lui. Quand il sonna à la porte, sa femme ouvrit et, le voyant dans la chemise de nuit de l’hôpital, elle crut voir un fantôme, elle s’évanouit. Il l’enjamba, ouvrit la porte du buffet, sirota avec délices l’alcool de prune dont il avait rêvé au fin fond de son lit et tomba, mort. La loi d’alors étant d’enterrer un défunt là où il était né, on l’ensevelit dans le cimetière de Brixen (Bressano).

Marie-Philomène ( les 4 premières photos du cadre ci-dessous )avait épousé le baron Eugène-Maria Scotti, diplomate italien de la région des lacs du nord, vers Parme.

Elle menait la vie à grandes guides, montait les chevaux en amazone à la Tatersaal, et possédait des actions dans les plus beaux hôtels de la capitale hongroise - le Ritz, le Bristol, le Hungaria. L’été se passait souvent à Chiofog sur le lac Balaton. Jusqu’au jour où le communiste hongrois Béla Kun (1886-1938) prit le pouvoir, instaura en Hongrie la République des Conseils (1919) et nationalisa les biens des nobles (exécutés), des grands bourgeois et apparentés.






Ma mère avait donc une dizaine d’années quand, avec l’aide des diplomates encore en poste comme les Robien ou les Romanelli, ma grand-mère put fuir vers la France.

Elle vint à Paris suivre des cours de secrétariat, fut envoyée remplacer une copine amoureuse pour taper le courrier du Président des étudiants de Paris (mon père), qui l’épousa en 1939.








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