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 In the Process of Translation

Title Salomé
Publisher(s) Zulma
Publication 2001
Author E. Antébi

Ce livre fut un ouvrage de commande des éditions Zulma pour une collection qui fut si bien lancée qu’on ne la vit à peu près pas en librairie … Dommage, car elle risquait d’être amusante.

 

EXTRAITS

DICTIONNAIRE

Ambivalence. Ensorceleuse ou sainte, Salomé a deux faces – celle de la danseuse évoquée pour la première fois dans le Nouveau Testament, mais aussi celle d’une sainte d’Orient et de deux d’Occident. En outre, le couple Salomé/ Jean Baptiste est celui d’une opposition des forces de l’ombre et de celles de la lumière, du féminin le plus secret et du masculin la plus sacré, d’une complémentarité qui se cherche, d’une harmonie provisoirement contrariée, de la charnière ou de l’affrontement de deux mondes - d’avant et après le baptême.

Âme. L’un des mets de choix des saintes comme des pécheresses.

Archétype. Caractère qui remonte à la nuit des temps, charmeuse, danseuse, ensorceleuse, Salomé, fille de la Bible et des Mille-et-une-nuits, fait partie des archétypes qui meublent notre inconscient depuis la nuit des temps. Guerrière qui utilise sa féminité-même comme une arme, elle fascine et fait rêver.

Chaussure. Un soulier à « bride passant dans un tirant venant de l’empeigne », c’est-à-dire du dessus du pied, est appelé une salomé. Ou comment brider le pied du délit …

Coquinneries. A l’enseigne de Salomé, nombre de modèles top less ou d’hétaïres plus ou moins érotico-pornos proposent leurs service. Mais plutôt dans la nuance porte-jarretelles et suggestions que dans les palettes au couteau trash ou gores. Ainsi le site argentin Salome « Belleza Argentina »

Désir. Plus que d’amour, il est question de désir. Les héros de la geste saloméenne réinterprétée par les poètes sont dévorés de désirs inavouables, Hérode pour sa belle-fille Salomé, Salomé pour Jean Le Baptiste, obstiné, lui, à dénoncer l’incestueuse Hérodiade. Dans l’Hérodiade de Flaubert, les recettes de la danse et de la séduction sont littéralement dictées à la jeune fille par sa mère qui connaît les pièges du désir. Et dans la pièce de Wilde, Salomé ne peut s’empêcher de baiser les lèvres mortes de celui qu’elle a tué, in cauda venenum ou le mot de la fin d’un dialogue indicible …

Dictons. Il est rare qu’une femme soit à l’origine de deux dictons. Et pourtant qui ne connaît la « danse des sept voiles », cette série de contorsions plus ou moins gracieuses et opportunes que toute femme se doit d’accomplir pour tourner l’obstination des hommes, et « se faire servir (quelque chose) sur un plateau d’argent » ? Ou encore « Elle (il) veut ma tête sur un plateau d’argent ! »

Emancipation. Les Salomé ne dépendent de personnes que d’elles mêmes et souvent de leurs propres pulsions. Elles ne se satisfont pas de faux-semblants ni de tiédeur. Ni clichés ni conventions, telle est leur devise. Ce sont des pionnières de la liberté.

Enseigne. Il existe de par le monde des enseignes plus estimables que celles des dames galantes, comme celle du magasin Magdalena’s Salome Store, entreprise familiale depuis 1910, à Magdalena, Nouveau-Mexique, bazar nostalgique et romanesque où l’on vend aussi bien des chapeaux de cow-boys que de la vaisselle ou des jeans, fondé par George Salomé et sa femme Ida, nés au Liban. Aux dernières nouvelles, il était en vente.

Erotique. Erotiques jusque dans leurs dérobades, les Salomé en connaissent beaucoup sur la question. Lou Andreas-Salomé consacra un livre au « sourire à double sens de l’érotisme » et des textes restés célèbres sur le narcissisme comme auto-érotisme mais surtout réduction de l’univers qui vous entoure au monde qui vous est propre. L’érotisme devient alors non seulement moyen de conquérir le monde, mais aussi de la pénétrer et de le comprendre ou de se comprendre en lui.

Esotérisme. Les noms de Salomé et de sa mère Hérodiade sont liés à toutes sortes de sites ésotériques sur le Web : ainsi une « princesse Salomé » se dit parente de la déesse Ishtar, et les kalabarians de Vancouver vous livrent leurs recherches sur le prénom de Hérodiade, porté disent-ils par des êtres capables d’organiser, planifier et mener à bien leurs (pompes et) œuvres. Un groupe musical parle de la contradiction entre les pieds censés fouler unze piste de danse et la tête tournée vers le ciel.

Exotique. Dans l’imaginaire d’Occident, les palais de Salomé déploient leurs fastes sous d’autres cieux, au pays des harems et des senteurs sucrées du tabac oriental, d’Aladin, des tapis volants, des treilles de jasmin, des narghilés.

Guerrière. Est-ce par antinomie que les Salomé mènent leurs guerres à elles, en usant des armes du charme et du talent – danse pour les unes, philosophie ou théologie pour les autres ? Leur rapport au monde qui les entoure est rarement paisible et naturel. Il reste d’exception et d’une qualité rare, d’une harmonie conquise de haute lutte et au prix de sacrifices.

Hôtel. En Autriche, le Millenium Hotel Salome vous reçoit à Lech am Arlberg.

Grand-mère. Bon chien chasse de race : la Salomé aux voiles n’était jamais que la petite-fille d’une non moins terrible grand-mère, la sœur de Hérode le Grand – grand-père de Hérodiade, maman de Salomé junior. Cette Salomé senior avait épousé l’ oncle Joseph avant de l’accuser de la tromper avec la femme de son frère Hérode le Grand. Ce dernier, convaincu par sa sœur, fit mettre à mort épouse et amant. La veuve n’avait que trente ans, elle en épousa un autre. Il s’appelait Costabare : trois ans plus tard, elle le faisait exécuter comme traître. Il faut dire que notre Messaline avant la lettre avait en vue un autre promis, Alexas, qui, lui, eut la chance que l’on attribue à ceux qui sont trompés : il le fut au profit de l’Arabe Sillée. Ces dames sanguinaires ne mériteraient-elles pas de figurer au panthéon des pionnières de la libération des femmes ?

Insecte. La danse nuptiale autant que mortelle autour du mâle ne rappelle-t-elle pas certains rituels de mantes religieuses ou de reines des abeilles ? Le privilège de la femelle de race humaine serait-il de s’approprier l’énergie vitale du mâle de même race sans même avoir besoin d’étreindre ? Ou serait-ce une peur ancestrale de l’homme qui phantasme la dévoreuse tapie dans l’ombre de la séductrice ?

Jésus. Les Salomé ont à peu près toute un rapport ambivalent avec la religion en général, et Jésus en particulier, c’est-à-dire le mystère de l’Incarnation. Si deux d’entre elles entrent au couvent pour le vénérer, l’une – Marie-Salomé – l’accompagne au pied de la croix. La danseuse réclame la tête de celui qui baptisa Jésus et l’annonça comme Sauveur, et Lou von Salomé rédigea tout un essai sur Jésus le Juif, qui lui attira l’amour du poète Rilke. Ce rapport étroit et secret avec l’homme souffrant sanctifié par Dieu reste l’une des énigmes les plus intrigantes des Salomé.

Maman. La maman de Salomé, célébrée par le poète Mallarmé ou le romancier Flaubert, fut la contemporaine de Caligula, c’est tout dire. Sans Hérodiade, point de Salomé. Grand-mère Salomé avait inauguré le bain de sang, sorte de baptême à l’envers pourrait-on dire, qu’il n’est pas sans intérêt d’évoquer quand on songe à Saint Jean le Baptiste. Maman Hérodiade ne fut pas en reste, le meurtre du prophète lui permettant d’affermir son pouvoir sur un époux qui se rebiffait. Elle fut d’ailleurs à l’origine de l’exil de ce dernier, l’empereur s’étant lassé des demandes incessantes de Hérode suscitées par l’ambition de son épouse. Maman, en outre, était gauloise. Eh oui ! née en Gaule en 7 avant Jésus-Christ. Un ballet de Martha Graham l’immortalise sur une musique de Paul Hindemith (octobre 1944, Washington), Mirror before me, « un miroir devant moi ». Or Salomé n’entretenait-elle pas avec maman un pervers jeu de miroirs ? Aucun grand analyste ne décrivit ce qu’on pourrait appeler « le complexe d’Hérodiade », cette malédiction transmise des mères aux filles et qui voit en la fille l’émanation des forces noires et le prolongement mythique de la jeunesse de la mère. Salomé, par sa danse et son charme échappe à cette noire vision, la transformant en chant de vie et d’énergie.

Mystère. Avant de se dévoiler, Salomé offre la vision d’une femme voilée, empreinte de mystère, dérobée au regard. Sa nudité même dévoile-t-elle autre chose que de la chair qui, comme chacun sait, n’est que le paravent des femmes et le trompe-l’œil du désir ?

Narcissisme. Ce fut l’un des sujets de prédilection traités par Lou Andreas-Salomé et de longs passages de son étude pourraient bien s’appliquer aux autres Salomé(s) : pour Lou, le narcissisme dépasse « cette phase de la libido », après « l'auto-érotisme de l'enfant confondant soi-même et le monde » pour accompagner tous les stades de notre vie en tant que « notre part d’amour de soi ». Mais tout au cours de sa vie, ce qui l’intéresse, c’est de déterminer « l’autre aspect », celui de « l'identification intuitive maintenue avec Tout », de la réunification avec ce Tout, ainsi que la « conversion narcissique en création artistique ».

Orient. Danseuse orientale, les charmes de Salomé se situent au milieu du ventre qu’elle fait turner comme l’ombilic de la terre, ad perpetuum. La cruauté et les mille délices du raffinement oriental imprègnent sa danse.

Paix. Les Salomé sont contemporaines des grands combats : entre Romains et Juifs, entre Romains et premiers Chrétiens, entre Hongrois et peuples du centre de l’Europe … Elles y répondent en femmes courageuses et indépendantes et certaines sont sanctifiées pour leur action. Leur nom ne vient-il pas du mot « paix » ?

Séduction. La scène de Salomé déployant ses charmes pour gagner la tête d’un homme reste emblématique d’une séduction liée à la mort et à l’accomplissement du destin. Elle évoque Shéhérazade retardant sa mort au cours de mille et une nuits, par le seul charme de sa parole et de ses grâces, ou, plus sombre, Judith, avec son Holopherne. Elizabeth Lee, de Brown University aux Etats-Unis, y voit la figure même de la femme fatale (en français dans le texte, The Victorian Web) dont le pouvoir ne va pas sans un mélange de crainte et de révérence, dans l’exercice du « continent noir » de la sexualité. Ne dévore-t-elle pas non seulement la vitalité, mais la vie de sa proie ? Ne subjugue-t-elle pas, au sens le plus fort du mot ?

Sept. Pourquoi sept ? Le Nouveau Testament, premier à relater l’épisode célèbre de la danse, n’a jamais précisé le nombre des voiles : était-ce tâche d’évangéliste ? Mais rappelons que sept est le chiffre de l’accomplissement et du renouvellement du cycle – symbolisme à rapprocher de celui de Jean Le Baptiste, né au moment du solstice d’été, ou de celui des voiles (cf. ce mot). Sept, comme les couleurs de l’arc-en-ciel, les sept jours de la semaine , les sept cordes de la lyre, les sept sceaux de l’Apocalypse … apothéose de la vie qui conduit vers la dissolution et le renouvellement.

Strip-tease. Du dépouillement un à un des voiles naît l’image du strip-tease. Dans un roman-culte, Un tout petit monde (traduit de l’anglais par M. et Y Couturier, Rivages, 1991) David Lodge met, si l’on peut dire, notre héroïne dans la bouche d’un de ses personnages, le théoricien du langage Morris Zapp, qui y trouve « une métaphore tout à fait adéquate pour parler de la lecture » : selon lui, à chaque secret révélé par le mot ou le morceau du corps dévoilé, l’excitation naît du mystère suivant ; le lecteur du texte reste, comme dans la danse, taquiné par le désir, Salomé (ou la lecture) laissant « espérer une révélation ultime qu’elle diffère à l’infini ». Nous laissons au futur lecteur du livre de Lodge le bonheur de découvrir ce que cache le dernier des voiles tombés …

Tabou. L’imagerie de Salomé devient à la mode à la fin du XIXe siècle et au tout début du XXe. Ce n’est pas un hasard si Wilde écrit à l’époque des tabous victoriens, si les artistes préraphaélites, symbolistes s’enchantent des méandres de la danse saloméenne. Salomé apparaît dans son impudeur, déterminée à soumettre l’esprit le plus pur à l’émotion la plus trouble. Elle annonce une révolution du « bon goût », du classicisme, le triomphe de la « zone obscure ».

Tête. S’il leur arrive de couper celles des autres, les Salomé sont autant femmes de tête que de corps. Parfois comme Lou, elles « sublimisent » leurs pulsions et leurs passions. Parfois comme les saintes Salomé, elles les consacrent à Dieu. Quant à Jean-Baptiste …

Vengeance. Corps armé de la vengeance de sa mère, Salomé s’attaque au symbole des temps nouveaux, Jean-Baptiste, dont contrairement à la plupart des autres saints, le fête correspond à sa naissance et non à sa mort. Or cette naissance se présume au solstice de printemps, à l’aube des temps nouveaux, censée marquer la fin des temps d’inceste et de violence. Il est le Précurseur, qui annonce le Messie et le purifie dans l’eau du Jourdain. La victoire de Salomé, en particulier dans la tradition wildienne ou straussienne qui l’immortalise, se solde par la victoire de la séductrice des corps qui n’a plus à étreindre qu’une tête désertée par l’âme.

Vierge. Les Salomé évoquent souvent les aspects mystérieux de la virginité, de l’énergie retenue qui pourrait déferler sans limite, mais canalisée dans une direction précise. Ainsi Lou reste vierge malgré ses amours et son mariage jusqu’à l’âge – canonique pour l’époque - de vingt-six ans. La jeune danseuse fille d’Hérodiade est plus redoutable encore de ses pulsions souterraines qu’elle dérobe dans le bruissement des voiles. Sainte Marie-Salomé est sanctifiée par sa maternité, puisqu’elle est la mère de deux apôtres. Quant aux autres saintes, la Salomea de Hongrie, mariée à trois ans, mena une vie pure, exempte de tout autre désir que de se retirer en un couvent, de même que la Salomé bavaroise.

Voiles. Le retrait de voiles successifs n’est pas le fait des danseuses orientales. On retrouve ce cérémonial chez les grandes prêtresses et les déesses des mystères. Le dévoilement peut être conçu comme une initiation secrète et le mot même de « mystère » ne vient-il pas d’un mot grec qui signifie « initié » ? Dans nombre de traditions religieuses, le voile dissimule la lumière révélée progressivement. A l’issue de la danse de Salomé, le destin du prophète s’accomplit, se révèle : « Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse » (Jean, 3 : 30). De même il est écrit dans l’un des Evangiles (Matthieu, 27 : 51) qu’au moment où le Christ meurt, le voile qui, dans le Temple, isole le Saint des Saints, se déchire de part en part. Les voiles de Salomé, loin d’être synonymes de parodie blasphématoire, participent peut-être de la révélation.

ART ET LITTERATURE

La légende moderne de Salomé est née dans les dernières années du XIXe siècle, à l’époque du symbolisme, et s’enrichit par la suite des volutes décadentes de l’Art Nouveau.

Essentiellement l’oeuvre de trois créateurs - un romancier, un dessinateur et un compositeur de génie, elle fut relayée par une actrice des Années Folles et une poignée de peintres dans l’Europe entière, puis dans le Nouveau Monde.

Oscar Wilde lança cette « mode Salomé » d’un personnage mythico-décadent, avec sa pièce en un acte, écrite à l’origine en français, car il espérait que Sarah Bernhardt accepterait de la jouer. Ce fut un tel scandale – les personnages illustrant sous une forme peu respectueuse des grands moments de l’histoire religieuse et incarnant des personnages de la Bible - qu’elle fut interdite de scène, mais la pièce fut publiée en 1893. La traduction anglaise, par Lord Alfred Douglas (amant de Wilde), suivit un an plus tard, illustrée par Aubrey Beardsley … qui dut retoucher certains dessins jugés indécents par l’éditeur.
Un biographe de Wilde, Richard Ellman, a pensé reconnaître sur une photo où une Salomé à la lourde chevelure tend des bras musculeux vers une tête coupée le poète lui-même en travesti. Un autre expert, Horst Schröder, mandaté par un petit-fils de Wilde, aurait toutefois établi qu’il se serait agi de la cantatrice Alice Guszalewicz, sur la scène de Cologne en 1906. Chaque thèse garde des partisans.

Richard Strauss, s’inspirant de la pièce de Wilde, composa vingt ans plus tard son opéra en un acte, Salomé, produit pour la première fois en 1905. Là, Salomé se présente comme objet des convoitises de son beau-père et amoureuse de Jean-Baptiste, qu’elle ne peut tenir entre ses bras que dans la mort et sous la forme d’une tête veuve du corps et désertée par l’esprit. Elle baise des lèvres froides qui l’ont honnie quelques heures plus tôt. Autre opéra, beaucoup moins connu et moins riche en exacerbations romantiques, celui de Mariotte, fut joué en 1908. Et un an plus tôt, on avait joué au théâtre La tragédie de Salomé de Florent Schmitt (1907).

Alla Nazimova, actrice russe de théâtre, qui s’était illustrée en 1922 dans la « Maison de Poupée » de H. Ibsen, produisit en 1923 Salomé, en s’inspirant à son tour de Wilde. Agée déjà de quarante-deux ans, elle interpréta en tunique longue et vibratoire, roulant des yeux féroces cernés d’ombre, une jeune fille de quatorze ans. Le metteur en scène était son époux Charles Bryant. La décoratrice et costumière du film, qui s’inspirait des dessins de Beardsley, n’était autre que la future madame Rudolf Valentino – autre sex symbol, masculin celui-là. Cinq ans plus tôt, une autre grande actrice, Theda Bara, avait interprêté pour la première fois au cinéma le personnage de Salomé, mais le film aujourd’hui perdu, avait été interdit de projection dans plusieurs pays. Un fumet de soufre, de stupre et de scandale s’exhalait donc toujours du personnage de Salomé la danseuse.

En 1950, dans Sunset Boulevard, Norma Desmond, le personnage joué par Gloria Swanson, songe à la lascive Salomé pour un comeback à la gloire, sachant qu’elle ne pourrait ainsi que défrayer la chronique…

La grande Nazimova connut l’échec avec sa chère Salomé, à laquelle elle avait consacré son argent et son énergie : elle retourna au théâtre.

Plus récemment (1978), un compositeur britannique, Peter Maxwell Davies, fut l’auteur de la partition d’un ballet de deux heures intitulé Salome, joué à Copenhague avec Vivi Flindt dans le rôle-titre.

Dans la littérature, si Hérodiade inspira plus que sa fille poètes et écrivains, Ruth Rendell, auteur de romans policiers connue pour ses ambiances troubles intitula un de ses livres La danse de Salomé (1965), tandis que l’écrivain polonais Juliusz Slowacki publia Le rêve d’argent de Salomé. En outre, la silhouette de la danseuse traverse le manifeste de l’art décadent que fut en 1884 le A Rebours de Joris-Karl Huysmans, inspire quelques vers à Heinrich Heine, Banville ou Laforgue et un titre à Alexandre Vialatte.

Plus qu’un prénom romanesque, Salomé se dévoile prénom pictural ; plus qu’un caractère, la jeune fille qui porte la mort au cœur de la grâce est une image, l’idéogramme d’un rêve pervers, d’une passion délétère, de l’assaut de la chair, du sommeil de la raison.

Le peintre le plus inspiré par le personnage de Salomé, qu’il peignit à trois reprises ( deux fois en 1876, puis en 1890) reste Gustave Moreau.

Mais bien d’autres illustrèrent le thème de Salomé : ainsi Lucien Lévy-Dhurmer, avec son saisissant pastel de Salomé baisant la tête coupée de Jean-Baptiste.

Ou l’Américain Robert Henri (1865-1929) dont la Salomé, conservée au Mead Art Museum de Amherst College, dans le Massachussetts, se veut à mi-chemin entre l’art nouveau et l’affèterie des salons new-yorkais ; raidie par la minauderie, elle porte loin sous le nombril une jupe orientalisante et coince des voiles inanimés entre deux doigts chargés de bagues.

Franz von Stuck (1863-1928) peignit, lui, en 1906, une toile plus pulpeuse et plus ésotérique, conservée à la Stadtische Galerie im Lenbachhaus de Münich. Cette Salomé-là a perdu son soutien-gorge, arrondi ses mouvements et porte une sorte de jupe qui ne tient plus à son corps que par quelques fils. L’arrière-plan nocturne vibre d’ondes, d’ombres et de reflets. Les bijoux la parent comme une icône païenne. En transe, elle plonge dans sa propre jouissance.

Corey Carlson, un étudiant du North-Dakota, a consacré sa thèse aux sept voiles de Salomé et exposé dès 1997 ses toiles sur Internet (Salome’s Veils are made from Comet Dust). Quant à Carvin Rinehart, diplômé de la Herron School of Art d’Indianapolis, aux Etats-Unis, est l’auteur d’une photo intitulée Salome listening to Herodias (Salomé écoute Hérodiade).

Avant même la « mode Salomé », la fille d’Hérodiade servit de modèle à nombre de peintres dès le Moyen Âge. Salomé figure dans les Très Riches Heures du Duc de Berri et dans une mosaïque de l’Eglise Saint-Marc à Venise. Le peintre français Georges Lallemand (1575-1635 environ) lui a consacré une gravure. Ghirlandajo (Florence), Rubens (Dresde), Leonard de Vinci (Vienne), Titien (Madrid) l’ont immortalisée, sans oublier Botticelli ou Reni Guido. Elle déploie ses voiles, dès le XIIIe siècle, sur un tympan (porte latérale Nord) de la cathédrale de Rouen.

CALENDRIER

La sainte (Marie) Salomé se fête le 22 octobre. Il ne s’agit évidemment pas de la sulfureuse meurtrière du prophète Jean-Baptiste, mais, bien au contraire, d’une des Saintes Femmes qui accompagnèrent le Christ au tombeau.
Si la Salomé des sept voiles ne fit que croiser en coulisse, pourrait-on dire, la route du Christ, cette autre Salomé la parcourt un bout de chemin : femme de Zébédée et mère des apôtres Jacques le Mineur et Joseph, elle est, avec Marie-Madeleine, l’une des Saintes Femmes présente à la crucifixion et l’une des première à apprendre la résurrection. (Mathieu, 27 : 55-56, Marc 15 : 40 et 16 :1-6). Elle serait peut-être la sœur de la Vierge Marie, mentionnée par Jean (19 : 25).

"La mise au tombeau, ce monument incomparable, a immortalisé pour des siècles la gloire de Ligier Richier" a écrit, à juste titre, l'historien Souhaut. L'oeuvre, comprenant treize personnages, un peu plus grands que nature, devait être placée, à l'origine, dans un endroit beaucoup moins petit de l'église dans laquelle elle se trouve toujours actuellement.
Au premier plan, en regardant de droite à gauche, Nicodème soutient la dépouille du Christ par les épaules. Les jambes du Christ reposent sur le genou gauche de Joseph d'Arimathie qui a placé son bras gauche sous le jarret du Christ et soutient de la main droite son pied. Aux pieds du Christ est agenouillée Madeleine. Tout à fait à droite de Nicodème se trouve Véronique qui tient des deux mains la couronne d'épines et la contemple. Au deuxième rang se tient au centre Marie, soutenue à droite par Jean et à gauche par Marie Cléophée. Suivent vers la gauche, un ange tenant la croix et Marie Salomé qui étend le linceul sur le tombeau. A droite de Jean, derrière le personnage féminin portant la couronne d'épines, deux soldats sont accroupis. Sur un tambour, ils jouent aux dés la possession de la tunique du Christ. Tout à fait à droite, le capitaine romain est assis sur son bouclier, la tête tournée vers le groupe central. (Eglise Saint-Etienne SAINT-MIHIEL 55)

Dans Catherine Emmerich :

29 juillet l820 .-Jésus est avec quelques apôtres sur le chemin de Bethabara. Ce bourg n'est pas grand : il a pourtant une école. Il est situé à peu de distance du lieu où les Israélites passèrent le Jourdain sous Josué, et vis-à-vis de la fontaine baptismale où Jésus fut baptisé par Jean (…) Une foule considérable s'était rassemblée ici : il s'y trouvait des gens malades d'autres qui ne l'étaient pas et spécialement beaucoup d'amis de Jésus. Dix des saintes femmes y étaient aussi : cinq qui suivaient habituellement le Sauveur, savoir : Marthe, Madeleine, leur servante Marcelle, Marie Salomé et Marie de Cléophas ; et cinq autres parmi lesquelles je reconnus avec plaisir la femme de Jérusalem qu'on appelle communément Véronique, car je l'aime beaucoup et je suis toujours contente de la voir. Elle est grande, belle et forte comme Judith. Je vis aussi Marie, mère de Jean Marc, chez laquelle Jésus va souvent quand il est à Jérusalem. (Les trois autres étaient vraisemblablement Jeanne Chusa, Suzanne et Salomé de Jérusalem.)
Pèlerinage

Les gitans et gens du voyage ont pour sainte patronne Sarah, servante de l’escorte de Marie Jacobé et de Marie Salomé. Deux fois par an, les 24-25 mai et le dimanche le plus proche du 22 octobre, ils se rendent aux Saintes-Maries de la Mer, dans le sud de la France, en Camargue, pour célébrer les trois Saintes, qui auraient débarqué non loin de là, vers 40 ap. J-C. Le village, isolé jusqu’au XIXème siècle et dominé par une église-forteresse, a conservé son authenticité. Il reste le haut-lieu de la tradition gardiane, ces cows-boys bien de chez nous, dont les chevaux sont bénis les jours de grande procession jusqu’à la mer. (Office de tourisme Saintes Maries de la Mer 5 Avenue Van Gogh BP16, 13732 Saintes Maries de la Mer, Tél: 04.90.97.82.55)

La légende veut que, peu après la crucifixion du Christ, la Sainte Famille persécutée, ainsi que les disciples et leurs proches, se cachèrent ou s’enfuirent et qu’en 42 de notre ère, une barque accosta non loin de l’oppidum Ra (sans doute près de Saint-Ferréol) en Gaule, dans le delta du Rhône, point d’accès stratégique pour les commerçants venus d’Orient. Dans l’embarcation, parmi les réfugiés, on comptait Lazare, le rescussité (devenu par la suite, dit-on, évêque de Marseille), avec son épouse Marthe, la pécheresse Marie-Madeleine, Marie-Jacobé, Marie-Salomé et Sarah. Certains racontent que tout ce petit monde avait été jeté dans une embarcation sans voile et sans rame et que le navire, guidé par la main de Dieu, était arrivé en Provence. Telle est la version du bréviaire du diocèse d’Aix. D’ailleurs le village s’appela longtemps Notre-Dame de Ratis (du Radeau) puis Notre Dame de la Mer, avant de prendre son nom actuel en 1838. Dès le XIIème siècle, on trouve trace de ce pèlerinage sur les cartes de l’époque.

Une sainte polonaise

Il est une autre sainte que Marie-Salomé, chère au cœur des Polonais, mais aussi des Hongrois dont elle fut l’une des princesses les plus fugaces mais l’une des mères abbesses les plus pieuses – la Bienheureuse Salomea, béatifiée en 1673 par le Pape Clément X et dont la fête se célèbre chaque 17 novembre, jour de sa mort (en 1268).

Salomea avait trois ans lorsqu’elle fut fiancée par son père Leszek Bialy, prince de Cracovie, au fils du roi de Hongrie, le Prince Coloman, qui, à six ans, venait de voir sa mère assassinée par les grands féodaux. Cette mère, Gertrude de Méran, doit d’ailleurs surtout ses lettres de sainteté à sa fille, passée à la postérité sous le nom d’ … Elizabeth de Hongrie.

Soumise aux volontés de son père et chérissant sa mère la princesse ruthène Grzymislawa, Salomea, future belle-sœur d’une sainte, eût certes préféré la vie des couvents à une époque où la vie de Cour ressemblait à celle d’un corps de garde ou d’un camp retranché. Son époux avait onze ans et elle-même huit, quand ils se virent octroyer par leurs pères respectifs le principauté de Halicz en 1219. Deux ans plus tard, le jeune couple croupissait dans les geôles du prince de Novgorod qui s’était emparé de la région. Les adolescents furent libérés par les troupes royales hongroises. Ils vécurent une vingtaine d’années le bonheur précaire d’une Transylvanie parcourue par les hordes. Mais le 11 avril 1241, au printemps naissant, Coloman trouva la mort dans le cadre bucolique d’une rivière, sous l’épée des Tatars.

Salomea, veuve de trente ans, ressentit cette mort comme un appel du destin. Elle partit d’abord se réfugier à la cour de son frère Boleslaw Wstydliwy. Là, elle quitta ses atours, se dépouilla de ses bijoux et vêtit la bure des Clarisses : en 1245, elle prenait le voile à Sendomir. Puis elle fonda le couvent de Zavichost (qui déménagea par la suite à Skala, près de Cracovie, pour fuir les combats entre Lituaniens, Ruthènes et Tatars), couvent à la page s’il en fut puisqu’il ne comptait pas moins de trois princesses. Elle le pourvut d’une bibliothèque et y fut enterrée. Par la suite, son corps fut transporté à Cracovie. Inhumée à côté de Coloman, Salomea devint en Pologne l’objet d’un pèlerinage très fréquenté.

A Chicago, une église lui est consacrée.

La sainte de l’été

Fêtée le 29 juin (pour certains le 10 février) une autre sainte Salomé nous vient de Bavière : princesse anglo-saxonne du IXème siècle, cette pieuse jeune femme revenait d’un pèlerinage en Terre Sainte lorsque, un matin, elle s’éveilla aveugle. Elle décida alors de renoncer à tous ses biens et de s’enfermer dans la cellule d’un couvent bavarois de la petite cité d’Altaich. Elle recouvra la vue. Le roi d’Angleterre, parent de la princesse, s’inquiéta de sa disparition. Il envoya en mission de repérage la tante de Salomé, Judith, qui, après moult recherches, découvrit sa moniale de nièce dans son refuge bavarois. Aussitôt, tante Judith décida … de quitter à son tour le monde et de rester recluse. Quand le monastère d’Ober Altaich où la tante et la nièce avaient été enterrées, fut détruit par les Hongrois en 907, les reliques des deux saintes, canonisées ensemble, furent déménagées à Nieder Altaich où elles font toujours l’objet d’un culte.

GEOGRAPHIE

En France, un village de près de deux mille cinq cents habitants, dans le Nord, sur le canal de la Bassée, s’appelle Salomé. Voilà l’explication donnée par la commune, sur son site
www.ville-salome.com/histoire/histoire.htm :

« Le nom de notre commune apparaît pour la première fois en 984, sous la forme Alodem Salomonis Mansum ou Salomonis Mansum.C'est ainsi qu'il figure dans une donation d'ARNOUL, fils du comte de Flandre, de l'ALLEU DU MEIX DE SALOMÉ à l'abbaye de SAINT PIERRE DE GAND. L'examen de l'évolution de ces trois mots pourrait nous permettre d'établir une hypothèse quant à leur sens et de comprendre l'origine de "Salomé": ALODEM, du francique al-ôd, est devenu alleu qui désigne une terre libre ne relevant d'aucun seigneur et exempte de toute redevance. MANSUM, du latin médiéval mansa, lui-même du latin classique manere (résider), a donné le mot manse, soit une habitation rurale avec jardin et champs, constituant une exploitation agricole dans les domaines du Haut Moyen-Age ( du Vème siècle à l'an mille environ).SALOMONIS, génitif, signifierait : de Salomon.

Il semble donc que Salomé n'ait rien à voir avec l'épisode fameux de la Bible...

mais dériverait tout simplement du nom du premier, ou l'un des premiers occupants d'une exploitation agricole qui se situait probablement au centre de la commune actuelle. »

Or nous savons que Salomé, comme Salomon, viennent du même mot signifiant la paix.

Aux Etats-Unis, Salomé est une bourgade d’Arizona, dans la Mc Mullen Valley, située entre les Monts Harquahala et Harcuvar, sur l’autoroute (Highway) 60, entre Wickenburg et Quartzsite. Cactus, chevaux, jeeps et collines de chercheurs d’or garantis - les mines sont fermées mais les légendes perdurent. Salomé est célèbre pour ses terrains de Golf et son petit aéroport. La ville fut ainsi baptisée grâce à une héroïne éponyme, Mrs Salome Pratt, immortalisée par l’écrivain Dick Wick Hall, célèbre pour sa grenouille fétiche qu’il emportait partout avec lui.

Ce personnage pittoresque raconta donc l’histoire d’une dame du cru prénommée Salomé qui, un soir qu’elle dansait et s’était déchaussée se brûla la plante des pieds sur le sable du désert chauffé à blanc par le soleil. A l’entrée de la ville, une pancarte immortalise l’événement qui donna à la ville son nom complet : Salome-where she danced-Arizona  (« Salomé-où elle dansa »). Et son image figure sur tous les murs de la ville … associée à la grenouille.

Au Canada, on trouve le village de Cap-St-Ignace Marie-Salomé, où la Sainte Femme est étrangement associée avec le fondateur de la Compagnie de Jésus. Et une paroisse, sise à Montcalm, Lanaudière Québec, qui comptait aux dernière nouvelles mille cent seize habitants.



 

INEDIT (et jamais payé !) DANS LA MÊME COLLECTION : « Charlotte »

Dictionnaire

Acérée. De la langue de la Palatine au couteau de Charlotte Corday, le terme convient à l’esprit des Charlotte qui ne se soucient guère de diplomatie. Elles se font des ennemis, mais les rieurs sont de leur côté.

Baignoire. Corday et Marat obligent, la baignoire reste une image associée aux Charlotte, ainsi que l’eau. Carlotta reste d’ailleurs le nom d’un typhon ravageur.

Chapeau. Vers le tout début du XIXème siècle, une charlotte désigne le gracieux couvre-chef de certaines dames et, par la suite, une protection contre l’eau des douches ou des bains.

Courage. La vie des Charlotte est souvent parsemée d’épreuves qu’elles surmontent vaillamment. Les reines dédaignées se montrent souvent, comme Charlotte de Savoie, des mères admirables, ou des personnages de génie, comme la Palatine. Elles dominent leurs terreurs quand il s’agit de sauver ceux qu’elles aiment, comme la tragique Charlotte d’Autriche, éphémère souveraine du Mexique.

De cape et d’épée. A la veille de Noël 1797, le grand écrivain écossais Walter Scott prend pour épouse une jeune française, Margaret Charlotte Carpentier, fille de Jean Carpentier, un Lyonnais qui a fui les horreurs révolutionnaires. Scott n’est encore qu’un jeune poète bourré d’imagination, un narrateur-né ; son premier grand livre ne paraît que cinq ans après. Sa belle lui inspire les pensées les plus délicieuses puisqu’il écrit quelques années plus tard ces vers :

« Loves rules the court, the camp, the grove,

And men below, and saints above ;

For love is heaven, and heaven is love »

(L’amour gouverne la cour, la campagne, le bocage,

Les hommes ici-bas et les saints là-haut ;

Car l’amour est paradis et le paradis est amour. )

Le 24 octobre 1799 naît l’aînée de ses enfants, Charlotte Sophia, qui eut elle-même pour fille une Charlotte Harriet. La traditions des Charlotte se poursuivit donc un moment dans la lignée de l’auteur d’Ivanhoé et de Quentin Durward, époux et père féru d’amour courtois et de dames de coeur.

Destins. Bien des Charlotte connurent des destins tragiques, telles que Charlotte Augusta (1796-1817), fille unique du futur roi Georges IV et de Caroline de Brunswick, qui fut mariée à vingt ans à Léopold de Saxe-Cobourg, futur roi des Belges sous le nom de Léopold Ier. Elle mourut l’année suivante, en mettant au monde une fille qui ne lui survécut pas. Elle privait ainsi son époux de tout droit à la couronne d’Angleterre. Par la suite, Léopold épousa une fille du roi français Louis-Philippe.

Discrètes et fidèles. Charlotte, fille du duc de Savoie, fut choisie pour épouse par le rusé et grand roi Louis XI, soucieux de sceller une alliance ferme avec le Dauphiné, où il avait été exilé par un père (Charles VII) las de le voir s’ériger en permanence contre son autorité. Ce fut un choix excellent, qui honorait l’intelligence du futur roi et son instinct de fin renard. Les noces se célébrèrent le 9 mars 1451 : Louis XI, veuf d’une première épouse – la pauvre petite Marguerite d’Ecosse - choisie par son père et qu’il n’avait jamais aimé, avait alors vingt-huit ans ; poussant la provocation à son terme, il s’en alla attendre, avec sa nouvelle femme, que le trône se libère, chez l’ennemi personnel de papa, son oncle et duc de Bourgogne Philippe le Bon. Le 22 juillet 1461, Louis et Charlotte devinrent roi et reine.

De la jeune Charlotte, nous ne savons guère, sinon que, reléguée à Amboise, non loin de cette forteresse de Loches où son époux avait été élevé, elle lui donna trois enfants, Anne, futur régente de France sous le nom d’Anne de Beaujeu, Jeanne la Boiteuse, mariée au duc d’Orléans et, après dix-neuf ans de mariage, le premier et seul fils, Charles qui devint VIII. Elle vécut une vie simple et discrète dans l’ombre des intrigues du trône. Lorsque son époux s’éteignit en août 1843, dans cette Touraine qu’ils avaient tous deux aimée, au château de Plessis-les-Tours, elle eut le bon goût de le suivre : six mois plus tard, elle fut enterré près de lui, à Notre-Dame-de-Cléry : il ne reste aujourd’hui, après les exactions révolutionnaires, que les deux crânes des époux, leurs ossements ayant été jetés. Il faut dire que, dès le XVIème siècle, les huguenots avaient détruit leur tombeau construit par Jean Fouquet.

Emouvoir les étoiles. Ce fut le compositeur Richard Strauss, qui écrivit des rôles sous l’inspiration de la voix et des inflexions théâtrales de la soprano Lotte Lehmann (1888-1976) qui prononça les mots inscrits sur la tombe de la cantatrice « Elle a chanté si bien qu’elle a ému les étoiles ». Celle qui avait fait ses débuts à l’opéra de Hambourg en 1910 et ses adieux en 1951 fut la Maréchale du Rosenkavalier, l’Elisabeth de Tannhäuser, la Leonore de Fidelio.

Enfantine. Lolita est en général le diminutif de Dolorès et non de Charlotte. Mais faut-il oublier que dans le film-culte Lolita de Stanley Kubrick (1962), tiré du chef d’œuvre de Vladimir Nabokov et dédié aux charmes parfois pervers et à l’atmosphère vénéneuse des enfances qui refusent l’âge adulte se tapit la mère de la jeune héroïne, Charlotte Haze, interprêtée à l’écran par Shelley Winters ?

Epistolaire. Les échanges de courrier servent à la rêverie des Charlotte qui n’aiment guère bouleverser leur train-train ménager, mais imaginent l’aventure – de loin. Dans l’opéra de Massenet, créé à Vienne le 16 février 1892, Werther confesse immédiatement à sa belle une passion qu’elle semble partager, plus que dans l’œuvre de Goethe, avant d’apprendre qu’elle est fiancée par son père à un dénommé Albert. Il décide de partir et de ne jamais revenir, mais le voilà de retour pour Noël. Charlotte est bien plus troublée qu’elle ne le voudrait par les lettres de son amoureux dont elle lit des extraits, dans un passage lyrique célèbre de l’acte III. Et Werther surgit, lisant un passage de poèmes d’Ossian, la prenant dans ses bras, échangeant un baiser. Charlotte s’enfuit et Werther supplie un Albert le dernier informé de lui prêter ses pistolets. Charlotte s’élance, pressentant le désespoir de Werther. Elle le trouve à l’agonie, chantant son amour pour elle et il meurt dans un baiser, tandis que les enfants entonnent leur chant de Noël.

Les arias (« Werther … Werther… » de Charlotte ou le poème d’Ossian chanté par Werther) sont pleines d’un lyrisme et d’un pathos d’autant plus émouvants que ces chants sont relayés par les chœurs d’enfants et entrecoupés de dialogues fort terre à terre qui prêtent parfois à sourire mais qui tiraient des larmes des contemporains : CHARLOTTE Pardonnez-moi, monsieur, de m' être fait attendre, mais je suis en effet une maman très tendre, et mes enfants exigent que ma main leur coupe chaque jour leur pain!

Joie de vivre. Les Charlotte sont des êtres bien en chair ou très incarnés, avec souvent une véritable joie à couler des jours ici-bas. C’est ce qu’illustre dans ses rôles, comme par son apparence, l’actrice Charlotte de Turkheim, qui porte le nom d’un des plus beaux villages d’Alsace, celui où elle est née. Longtemps spécialiste de très drôles one woman shows, elle a fait partie des Sous Doués en Vacances de Claude Zidi (1981) et joué dans diverses comédies dont Une époque formidable. Récemment, elle a mis en scène Victoria Abril, dans Pourquoi pas moi, règlements de compte burlesques sur le thème du couple et des « nouvelles familles ». Charlotte y joue la grand-mère des trois enfants de Victoria, chacun né de père différent, dans un scénario traitant des complications d’adultes sur le mode doux-amer.

Faire lolotte. La locution figure dans la correspondance de Françoise de Graffigny (1695-1758), étudiée par un philologue de l’université de Toronto, M. Heinemann, grâce à des programmes informatiques (module Use Base du logiciel d’analyse textuelle Tact) lui permettant d’étudier « l’évolution des mœurs et du lexique qui les reflète pendant une période aussi intéressante que la France du XVIIIe siècle. Elle se réfère à l’un des personnages mentionnés, Charlotte Spada, née en 1715, fille d’honneur de Madame désignée par Lolotte, nom employé également pour Madame de Grandville et pour Madame de Lenoncourt. Mais notre distingué philologue n’en donnant pas d’explication, toutes les interprétations au curieux acte de « faire lolotte » restent possible..

Féministes. Plusieurs Charlotte tinrent salon ou s’illustrèrent dans le féminisme. L’une des figures les plus remarquables du genre fut Charlotta Spears Bass (1880-1969), éditeur et première femme noire à se présenter à la vice-présidence des Etats-Unis, qui naquit en Caroline du Sud en 1880, sixième de onze enfants. A l’âge de vingt ans, elle s’en alla vivre chez un frère aîné à Providence, Rhode Island. Elle y travailla comme journaliste. Puis elle prend la direction, en 1912, du plus ancien journal noir de la Côte Ouest, le Eagle, qu’elle a sauvé de la disparition en levant des fonds. Elle rencontre la même année son époux, John Bass, journaliste. Elle se fait le chantre de la lutte anti-discrimination et le couple attire l’attention par ses diatribes violentes contre le chef d’œuvre de Griffith, en 1915, The Birth of a Nation, qui glorifie le Ku Klux Klan. Leur lutte contre la discrimination fait reculer cette dernière dans diverses administrations de Los Angles – hôpitaux, transports, téléphone. Veuve en 1934, Charlotta Bass dirige en 1940 une campagne électorale pour les Républicains, puis elle rompt avec eux en 1948 et quatre ans plus tard, elle est nommée candidat à la vice-présidence pour le Parti Progressiste qui ne s’attire que moins d’un-pour-cent des suffrages. En 1960, Charlotta Bass publia son autobiographie.

Futée Rusée. Telle est l’héroïne du roman pour la jeunesse de E.B. White, Charlotte’s Web (1952). Dans une ferme vivait une petite fille nommée Fern avec son porcelet chéri, le rose et rondelet Wilbur qui vivait dans la grange, supportant tant bien que mal la cohabitation avec le rat Templeton. Un beau matin, Wilbur entendit une voix maigrelette qui s’adressait à lui en le saluant sans parvenir à détecter où se cachait la personne qui parlait. « Je suis là, regarde ! Je tisse. » Levant les yeux, il découvrit une splendide toile d’araignée et, suspendue à un fil, une araignée grise de la taille d’une boule de gomme. « - Mon nom, dit l’Araignée, est Charlotte. – Charlotte comment ? demanda Wilbur, empressé. – Charlotte A. Cavatica. Mais appelez-moi Charlotte tout court. » Et Wilbur devint l’ami de cette jolie Charlotte « cruelle, brutale, intrigante et assoiffée de sang », si coquette, malgré sa drôle de manie d’encoconner et de manger les mouches, qu’elle avait souci d’anesthésier auparavant. Bien lui en prit, car joli porcelet devint gros cochon, et dans une ferme, le rôle est périlleux. Charlotte promit de sauver la vie de son ami et se mit à réfléchir. Une idée lui vint – tendre un piège au garçon de ferme chargé de l’exécution, car « Si je peux piéger un insecte, se dit Charlotte, je peux sûrement piéger un homme. Les hommes ne sont pas aussi malins que les insectes. » Et la voilà qui tisse une toile à l’intérieur de laquelle sont inscrits les mots « Some Pig » « Ce Cochon, c’est quelqu’un » Tout le pays se déplace pour voir le cochon miracle dont parle la toile d’araignée. Puis Charlotte change le message et, au-dessus du cochon rayonnant, inscrit « Terrific » (Génial). Un cochon pareil, comment le manger ? Surtout que la toile de Charlotte le rendant célèbre, Wilbur devint le cochon de foire le mieux nourri et le reproducteur le plus décoré. Sa vie fut sauve. Mais Charlotte, épuisée, mourut à la foire. Et Wilbur, avec l’aide du rat Templeton, rapatria ses œufs à la ferme : « Ce fut un étrange retour. A son cou, il portait la médaille d’honneur ; dans sa bouche il tenait un sac plein d’œufs d’araignée. » Et trois des filles de Charlotte restèrent toujours avec Wilbur, ainsi que leurs enfants et petits-enfants.

Généreuses. Ce fut le souvenir que laissa la tendre Charlotte de La Marck dont la destinée si brève - puisque, dernière du nom, elle mourut à vingt ans – ne lui interdit pas les actes héroïques et le dévouement à son entourage, à sa foi et à ses terres. Née à Sedan le 15 novembre 1574, elle épouse à dix-sept ans Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne et duc de Bouillon, que lui a présenté Henri IV. Elle apporte en dot cette seigneurie, propriété de sa famille qui y avait construit une citadelle – la plus grande d’Europe – et en avait fait l’un des bastions du protestantisme. La nuit de noces est mouvementée, puisque le jeune époux s’empare non de sa ravissante épouse, mais de … la ville de Stenay, encore aux mains de la Ligue ! Le 3 mai 1594, Charlotte, qui a vendu ses bijoux pour restaurer les finances, met au monde un fils qui succombe aussitôt ; elle ne lui survit que quelques mois. Plus tard, Richelieu confisqua la principauté de Sedan, qui appartenait alors à un duc de Bouillon qui avait participé au complot de Cinq-Mars (1641).

Gourmandise. Avec un essai sur la gourmandise et un salon de thé tout entier voué, dans l’île Saint-Louis (la Charlotte de l’Isle), à la dégustation d’arbres et sujets en chocolat, les Charlotte ne peuvent être que gourmandes et sensibles au palais. La cuisine a rarement des secrets pour elle et souvent elles savent séduire par les papilles.

Impertinence et esprit. S’il fut bien un être d’esprit parmi les Charlotte, ce fut la Palatine, de son nom de princesse Charlotte Elisabeth de Bavière. Née le 27 mai 1652 à Heidelberg, fille de l’Electeur palatin du Rhin, et par sa grand-mère Elisabeth Stuart, petite-fille du roi Jacques Ier d’Angleterre, Charlotte Elisabeth épousa en 1671, le frère de Louis XIV, Monsieur, duc d’Orléans. Or le promis aimait les garçons et la jeune fille de dix-neuf ans en fut marrie. Elle s’en vengea par la langue et la plume, l’une et l’autre fort hardies. Elle se fit un devoir de toujours asséner les vérités, surtout celles qui blessaient. Sa correspondance, éditée pour la première fois un an avant la révolution, reste un document de choix sur la vie de cour. Malgré son infortune, elle trouva moyen de porter un enfant qui s’illustra dans la galanterie, la débauche, mais aussi la Régence : ce duc d’Orléans-là passa à la postérité sous le nom du Régent, le roi Louis XV étant un enfant au moment de son couronnement.

Loyales. La loyauté fait partie des plus grandes qualités des Charlotte. Elles sont fidèles à leur famille, à leur patrie, à leurs amours. Elles s’insurgent contre la terreur et la révolution qui ne sème qu’un cortège de morts. Elles vont sans faillir au bout de leur destin et montent à l’échafaud en chantant le Te Deum, en prononçant leurs dernières prières et en assumant la noblesse de leur crime, commis pour sauver une certaine idée de l’être humain et du monde. La loyauté faisait partie de l’éducation qu’avait reçue et retransmise Charlotte-Marie Gautier des Authieux, maman de Charlotte Corday.

Masochiste ? Avez-vous deviné qui se cachait sous le pseudonyme de Charlotte Arand (comme d’ailleurs de Zoë von Rodenbach) ? Il s’agissait de Leopold Ritter von Sacher-Masoch, né le 27 janvier 1836 à Lemberg, fils d’un chef de la police de Galice, et auteur de la Vénus à la fourrure.

Modernité. Avec leur nom de romantisme et d’Empire, les Charlotte ont un sens aigu de la modernité et même, parfois, de la douce provocation. Telle est l’héroïne de Charlotte et son Jules, court-métrage de Jean-Luc Godard qui date de 1959, la même année que A bout de souffle, manifeste cinématographique de la Nouvelle Vague.

Muse et inspiratrice. Charlotte von Stein était de six ans son aînée et déjà mariée, lorsque Goethe la rencontra. Capricorne, comme l’égérie précédente de Goethe, Charlotte Buff, qui lui avait inspiré le personnage tendre et chaleureux de Werther, cette Charlotte là était en outre née le jour de Noël, un 25 décembre 1742. Elle n’avait guère que le signe zodiacal en commun avec la Charlotte précédente et fut, pour Goethe, la personnification de la femme rêvée, de l’idéal féminin qui lui inspira deux femmes radicalement différentes de sa bonne bourgeoise de Charlotte I, Iphigénie dans Iphigénie en Tauride, et la Nathalie de Wilhelm Meister. Cette Charlotte II était née von Schardt, son père étant maître de cérémonies à la cour de Weimar, qui n’était pas un trou perdu comme Wetzlar. Elle avait en outre épousé le Chevalier de Stein, écuyer du duc de Saxe Weimar. Quand Goethe arriva à Weimar, Charlotte était mariée depuis dix ans, mais ce fut une immédiate « communion des âmes », qui dura une quinzaine d’années, jusqu’au mariage de Goethe avec Christiane Vulpius. Goethe dédia à sa Charlotte nombre de poèmes, et elle écrivit pour lui deux pièces, une comédie, Rino (1776), qui le présente au milieu des dames de la cour, un drame, Dido (1792), qui contient des allusions à sa rupture avec lui.

Muse et inspiratrice (bis). Schiller, l’ami de Goethe et le premier poète allemand avec lui, eut aussi sa Charlotte de muse. Elle s’appelait Charlotte von Kalb (1761-1843), nom bizarre pour une muse puisque Kalb désigne le veau en allemand. Mais Athéna n’était-elle pas désignée comme glaukopis, « aux yeux de vache » ? Et, pour être juste, Kalb était le nom d’épouse de notre dame née Charlotte Sophia Juliane Marschalk von Ostheim. Cette Charlotte-là se piquait d’écrire et fréquentait les beaux esprits. En mai 1784, Schiller fait la connaissance du couple Kalb et se lie avec la jeune femme, fantasque et changeante, mais dont la personnalité à l’équilibre fragile, fort propice aux sentiments romantiques, le fascine. En décembre 1793, il recommande pour précepteur du jeune Fritz, fils de Charlotte, rien moins que le grand poète Hölderlin. Une toile de J. H. Schmidt figure Charlotte vers cette époque, l’œil farouche et la mâchoire décidée, avec un charme de vierge italienne patinée de clair-obscur hollandais.

Observatrice. Comme la Palatine, Hedvig Elisabet Charlotta of Holstein-Gottorp, reine de Suède, laissa des Mémoires précieuses pour comprendre son époque et son royaume. Fille du Prince-évêque de Lübeck, le duc Frédéric Auguste de Holstein-Gottorp et de Ulrika Frederika de Hesse-Cassel, elle avait épousé le frère du roi Gustave III de Suède, le duc Karl. Ce prince était volage, mais comme beaucoup de Charlotte, celle-là était philosophe. En 1809, l’époux devint le roi Karl XIII. Il mourait neuf ans plus tard. Et, comme Charlotte de Savoie n’avait guère attendu pour rejoindre son Louis XI outre-tombe, Hedvig Elisabet Charlotta partit, quelques mois plus tard, dormir auprès de son roi pour l’éternité.

Piquant. L’une des femmes les plus piquantes du XIXème siècle allemand qui en comptait plusieurs, fut l’épouse de Schiller, l’écrivain Charlotte Louise Antoinette von Lengefeld (1766–1826). Elle l’avait épousé l’année de la prise de la Bastille, 1789, au moment où Schiller venait d’obtenir, grâce à Goethe, un poste de professeur à Iéna, non loin de Weimar. Fidèle à son époux, elle le soigna pendant les dernières années de sa maladie et lui survécut d’une vingtaine d’années. Elle est enterrée aux vieux cimetière de Bonn.

Poignant. L’opéra de Francis Poulenc, le Dialogue des Carmélites, créé en 1956 et inspiré de la pièce de théâtre de Bernanos (jouée un an après sa mort, en 1949), nous fait revivre de manière poignante le supplice de Sœur Charlotte et des quinze autres Carmélites de Compiègne exécutées sous la Révolution. A l’origine de la pièce de Bernanos, la romancière allemande Gertrude von Le Fort s’était inspirée pour sa nouvelle, Die Letzte am Schafott (« La dernière à l’échafaud ») d’une histoire racontée par la seule survivante de l’épopée tragique, Mère Marie de l’Incarnation. La musique, avec ses accents à la Debussy et des passages dramatiques et puissants à la Monteverdi et à la Moussorgski, parvient à rendre palpables les mouvements des âmes et terrible le Salve Regina, chanté par de moins en moins de voix, couvrant, à la fin, le bruit de la chute des têtes guillotinées, et portant la marche héroïque de la dernière des Carmélites surmontant sa peur pour s’abandonner à Dieu.

Prise. En escalade, comme l’explique le site escalade.multimania.com ,« la lolotte est un mouvement technique traditionellement attribué à Laurent Laporte. Il consiste à mieux valoriser une prise en plaçant ses pieds en quarres différents. Prenons un exemple : La main droite tient une prise en dessous du niveau des épaules, et les pieds sont situés de part et d'autre de la prise. Le but est de réaliser un mouvement le plus économique possible pour aller chercher loin en main gauche ; une solution : la lolotte. Le pied droit reste en quarre interne, tandis que le pied gauche passe en externe, le genou rentré vers l'intérieur venant assisté le blocage du bras droit. » Précisions du site chayote .waika9.com : « Utilisée pour pallier un problème de force ou de souplesse, la lolotte permet de plaquer le bassin contre le rocher, tout en déplaçant le centre de gravité du grimpeur. Elle s'utilise généralement en dévers. Imaginée par un grimpeur Français du nom de Laurent Jacob, ce mouvement est aujourd'hui devenu usuel grâce à son efficacité. En allant chercher une prise de pied qui serait difficile à valoriser de face sans se retrouver avec le bassin très éloigné du rocher, donc avec moins de poids sur votre pied d'appui, vous enroulez en rentrant le genou vers l'intérieur ce qui vous colle à nouveau à la falaise. De ce fait, vous gagnez en allonge sans bloquer. Malin et esthétique, mais parfois traumatisant pour le genou. On a déjà vu des problèmes de ligaments ou de rotules après une lolotte un peu trop furieuse. »

Providence. A l’époque où le Fatum était baptisé du nom plus confiant de « providence », Charlotte naquit, troisième des six enfants d’un père ouvrier, devenu en 1820 vicaire permanent de Haworth. Née le 21 avril 1816, à Thornton dans le Yorkshire, elle avait quatre ans quand sa mère mourut et elle fut envoyée dans la sinistre pension pour enfants pauvres de Cowan Bridge, dont elle s’inspira dans Jane Eyre. Deux de ses sœurs, les aînées, y moururent sur le champ de tuberculose et de mauvais traitements. Les deux autres, Emily et Anne y contractèrent la maladie qui les tuera, à peine âgées de la trentaine. Le père retira immédiatement les survivantes et entreprit de les faire travailler à la maison, ce qu’elles firent dans une débauche de jeux d’imagination et de rôles. Préceptrice dans quelques familles, Charlotte voulut toutefois échapper à l’atmosphère pesante du presbytère et, avec ce mélange de bon sens terre-à-terre et d’exaltation qui souvent caractérise les Charlotte, partit enseigner dans un pensionnat de Belgique où elle tomba amoureuse du directeur ; las, ce dernier était marié et d’un tout autre rang social que la jeune fille : contrainte à la démission, elle dut rentrer en Angleterre ; fidèle à la vocation épistolaire des Charlotte, échangea encore avec son amour perdu une correspondance de deux ans. Tous ces chagrins l’avaient mûrie et pour ses trente-et-un ans, elle s’offrit la publication d’un des romans les plus lus dans le monde, Jane Eyre (1847). Un an plus tôt, c’était encore elle qui avait pris en main les destinées de la famille et décidé de faire publier leurs poèmes à elles trois (Anne, Emily, Charlotte) sous les pseudonymes de Currer, Ellis et Acton Bell. L’année où sortit Jane Eyre parurent, sous les mêmes pseudonymes les deux autres grands romans de sœurs Brontë, les Hauts du Hurlevent d’Emily, Agnes Grey d’Anne.

Si la divine providence avait aidé Charlotte, elle prit une revanche bien cruelle.

1848 et 1849 furent des années de deuil pour Charlotte, car son frère Branwell mourut rongé par l’alcool, suivi dans la tombe par Emily et Anne. Charlotte resta seule. Elle se rendit à Londres, se consacrant à l’édition des œuvres de ses sœurs, et rencontrant au passage le grand auteur Thackeray. Shirley sortit en 1849 et, quatre ans plus tard, Villette.

Dans l’ombre un homme était fou amoureux d’elle, et, après sept années de cour pressante, il finit par l’épouser le 29 juin 1854. Il s’appelait Arthur Ben Nicholls, vicaire à Haworth. Ce fut un mariage bref : au cours de sa grossesse Charlotte contracta une pneumonie qu’elle se plut à ne pas soigner et qui l’emporta le 31 mars 1855, à l’âge encore jeune de quarante-huit ans.

Deux ans plus tard Elizabeth Cleghorn Gaskell publiait la première grande biographie qui lui fut consacrée, The Life of Charlotte Brontë.

Une photo qui la représente très probablement nous montre un front très (trop ?) grand et des yeux magnifiques, un nez ferme et un menton effilé. Ce fut la seule de la nichée Brontë à mener une vie à peu près normale et à connaître des amours somme toute relativement banales. La différence avec l’hypersensbible Emily et Anne, prisonnière de son univers intérieure, apparaît nettement dans le film consacré en 1979 aux Sœurs Brontë, où Marie-France Pisier joue Charlotte.

Romantique. Quelques Charlotte historiques (Charlotte de La Marck, la Princesse de Galles Charlotte épouse de Léopold Ier, Charlotte Corday) d’une âme délicate, moururent très jeunes, parfois en voulant donner une vie qui ne parvint pas à naître. D’autres, amoureuses désespérées, sombrèrent dans la folie. D’où cette aura romantique qui nimbe les Charlotte, et dont Goethe para sa Charlotte si bourgeoise qui torture le jeune poète. Les Charlotte évoquent les aventures romanesques, les passions ardentes. Telle fut Charlotte Brontë (1816-1855), sœur d’Anne et d’Emily, et auteur de Jane Eyre.

Savoureuse. La Charlotte se dévore avec délices, qu’elle soit dessert ou pomme de terre. Car bien des mets sont baptisés Charlotte, par exemple « charlotte de ris et tête de veau ». En tant qu’entremets, il s’agit d’un gâteau aux fruits ou à la crème, avec du biscuit, de la brioche ou du pain mie, bref quelque chose de tendre à se mettre sous la dent. Quant aux pommes de terre, elles sont les plus fondantes du marché. Or tout cela on le doit à un Reine Charlotte qui fut reine d’Angleterre et qui était née Charlotte de Mecklenbourg-Strelitz. Issue d’une famille slavo-allemande de la Baltique, elle avait épousé en 1761 le roi George III d’Angleterre (1738-1820), monté sur le trône l’année précédente et dont le règne dura soixante ans – l’un des plus longs de l’histoire britannique. Après un amour contrarié pour une dame anglaise, Lady Sarah Lennox, George s’était dit prêt à épouser toute princesse allemande protestante crédible comme reine pour l’Angleterre, car, ajoutait-il, « un mariage doit bien se faire un jour ou l’autre pour éviter les ennuis », ce qui était du dernier galant. Charlotte convola donc sous ces auspices peu romantiques, et pourtant le mariage dura plus d’un demi-siècle et ne fut pas plus malheureux que bien d’autres. Sous le règne de George III, le chiffre des habitants de la Grande-Bretagne doubla, passant de plus de sept millions à plus de quatorze millions, et les Etats-Unis déclarèrent leur indépendance. Quant à Charlotte, elle inaugurait des recettes et les pionniers d’Outre-Atlantique baptisaient de son nom les coins les plus lointains.

Silhouettes animées. Lotte Reiniger a développé en 1919 une technique fort originale de conception de films à base de silhouettes animées. Mariée en 1921 au producteur et opérateur Carl Koch, elle a travaillé avec lui pendant près de quarante ans, créant Les Aventures du Prince Ahmed (1926), l’un des premiers grands films d’animation dans le monde, à l’époque du film muet.

Travail. Charlotte Valandrey, est une actrice qui ne passe pas une année sans jouer à la scène ou à l’écran. Interprète à la scène d’Anouilh (Roméo et Jeannette) ou de Jean-Paul Sartre (Les Mains sales), actrice de Vera Belmont dans Rouge baiser au cinéma, elle a fait diverses apparitions dans des séries télévisées – Nestor Burma, le Docteur Sylvestre … Dans la série Juge Cordier, Père et Fils, elle est la fille. Ce rôle de journaliste impatiente d’enfoncer les portes fermées semble coïncider avec quelques traits de son propre caractère, la ténacité, la boulimie réfléchie, le tempérament, l’instinct.

Tutélaire et responsable. La première vision de Werther dans le livre de Goethe comme dans l’opéra de Massenet est celle d’un jeune fille délicate entourée d’enfants qu’elle nourrit. Or le modèle, Charlotte Sophie Henriette Buff, dite Lotte, deuxième fille du bailli Heinrich Buff et de sa femme Madeleine Ernestine, hérita de la responsabilité et de l’éducation de ses dix petits frères et sœurs quand leur mère mourut : elle avait alors dix-huit ans et elle était déjà fiancée depuis trois ans à un familier de la maison, Johann Christian Kestner, juriste et secrétaire d’ambassade. Son signe la prédisposait sans doute au sens pratique et à la prise en main ferme des choses, car elle était née un 11 janvier 1753, et l’on a coutume d’attribuer ces qualités aux natifs du capricorne. C’est donc au sein de cette famille bourgeoise et tendre que débarqua un beau soir de bal célébré pour l’anniversaire de la sœur aînée de Charlotte, le 9 juin 1772, un jeune romantique féru de Droit et de littérature du nom de Goethe lettre de Werther datée du 16 juin de la même année. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette inspiratrice de l’un des romans les plus échelés du romantisme était, de l’aveu même de son fiancé Kerstner, l’une des moins sentimentale qui se pût imaginer, un caractère des plus unpathetisch, comme disent les Allemands. Charlotte épousa Kestner, comme il était prévu et malgré un baiser échangé avec Goethe, à Pâques 1773. Le roman de Goethe Les souffrances du jeune Werther parut l’année suivante. Le couple venait de déménager à Hanovre, ville natale de l’époux, et leur premier fils était né : Goethe avait accepté d’en être le parrain. Le destin de Charlotte était décidément lié aux enfants : elle en eut onze, sept fils et quatre filles ! En 1800, devenue veuve, elle entra dans une période de soucis (avec l’occupation française de sa maison) et de deuil (avec la mort de sa fille Louise. Le 15 octobre 1804, elle en appela à l’aide de Goethe pour installer un des ses fils comme médecin. Il y répondit immédiatement.

Plus de trente ans après leur séparation, Lotte et Goethe se revirent à Weimar, en 1816. La fille de Lotte, Clara, qui avait sûrement lu le best-seller de l’époque, Werther, fut déçu des phrases somme toute bien banales qu’échangèrent ces personnages si romanesques : « Vous êtes une femme bien séduisante », s’était exclamé pauvrement ce Goethe qui, comme il l’avait avoué à plusieurs reprises, avait survécu à Werther. Et puis il invita son égérie d’enfance dans sa loge au théâtre … Sic transit amor mundi. Ils ne se revirent jamais. Selon le mot cruel de Charlotte von Stein, autre égérie de Goethe, « elle est encore de joli tournure, mais aucun Werther ne succomberait plus aujourd’hui à ses charmes ». C’était confondre le personnage et le modèle. Charlotte Kestner se dévouait à ses enfants, comme la jeune Charlotte Buff autrefois à ses frères et ses sœurs. Elle échangeait avec eux une correspondance importante. Ils la chérirent jusqu’à sa mort, à soixante-quinze ans : elle s’éteignit le 16 janvier 1828 à Hanovre. Charlotte aussi avait survécu à Werther et si Goethe avait accompli son destin de poète, elle avait accompli sa destinée de femme et de mère, au sens le plus complet et le plus intense.

Veuve. Dans la loge de Goethe à Weimar, deux Charlotte apprirent à s’apprécier – Charlotte née Buff, inspiratrice du personnage de Goethe, et Charlotte Schiller, veuve du poète et dramaturge, séduite par les traces de beauté et la spiritualité impressionnant e de l’égérie de Goethe, mais (in cauda venenum, dans la queue le poison) ajouta « Dommage que branle la tête, ainsi peut-on voir de quelle fugacité sont les choses sur terre. »

Victime sacrificielle. La parution de Werther fut à l’origine d’un flot de sonnets et autres poèmes féminins écrits par des Anglaises plus que par des Allemandes. Ainsi Charlotte Smith, en 1786, composa-t-elle un sonnet intitulé "Supposed to be Written by Werther", où Werther est une victime des grands feux de la passions, sous une avalanche de clichés : il meurt comme un papillon de nuit qui se brûle, si l’on peut dire, à la flamme de son propre feu. Cette moralisation du suicide de Werther se trouve dans nombre de ces poèmes féminins - comme chez Anna Seward à peu près à la même époque - où le jeune homme éperdu de sensibilité sans contrôle et sans limite, devient le bouc émissaire, au sens originel, de tous ceux que les passions égarent. Rappelons que les Charlotte sont, pendant ce temps, bien au chaud à la maison …

Yeux. Le regard gris-vert fendu et baigné de mélancolie de Charlotte Tessa Rampling, née le 5 février 1945 à Sturmer, Grande-Bretagne inspira longtemps le musicien Jean-Michel Jarre (qu’elle a épousé le 7 octobre 1978), qui lui écrivit la chanson des « Mots Bleus » sur une musique de Christophe, et tient sous son charme des générations de spectateurs. Il contribue au climat parfois vénéneux de films comme Portier de Nuit (1973), où elle aime son ex-bourreau nazi, ou Max mon Amour (1981), où elle s’enferme avec un chimpanzé dans sa chambre à coucher. Fille de colonel qui avait été médaille d’or du quatre fois quatre cent mètres aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936, elle chantait avec sa sœur dans les pubs des chansons comme « C’est si bon » ou « C’est magnifique » dès l’âge de treize ans. Lascive et pure, amoureuse de tout ce qui est ineffable, elle pose un regard énigmatique sur le monde qui l'entoure, faisant surgir comme malgré elle des jeux d’ombre et des éclairages insolites. Ce n’est pas un hasard si elle se consacre à la photo à ses heures de loisir.

CALENDRIER

La Sœur Charlotte de la Résurrection** a sa fête le 17 juillet.

Le 31 décembre est le jour de la fête de la Bienheureuse Charlotte Davy,** béatifiée en 1984.

GEOGRAPHIE

A Lisieux, entre la place du Change et l'église Saint-Antoine, les trois "refuges" des Carmélites (dont Charlotte) du 14 septembre 1792 au 22 juin 1794 sont indiqués aujourd’hui par une plaque commémorative : rue des Cordeliers, rue du Président Sorel et rue Saint-Antoine. ». Monoprix construit à l’emplacement du monastère de la Visitation Sainte-Marie où les Carmélites furent arrêtées le 22 juin 1794.
A Paris, 35 rue de Picpus, fosses communes des martyrs de la Révolution française. A gauche de la grille, une plaque commémorative porte les noms des seize Carmélites Martyres.
Charlottenburg, devenue en 1920 un quartier de Berlin, avait été une ville ravissante (d’abord nommée Lietzenburg) sur la Spree, où avait été construit, en 1696, un château de facture classique pour l’épouse de l’électeur Frédéric Ier, qui se prénommait Sophie Charlotte. Dans le parc ont été enterrés l’empereur Frédéric-Guillaume II et la reine Louise. Centre réputé de porcelaine, Charlottenbourg fut compris, après la deuxième guerre mondiale, dans la zone d’occupation anglaise de Berlin.

L’un des hauts lieux de culte des Charlotte reste le Weimar de Goethe, où il vécut la « communion des âmes » avec Charlotte von Stein, l’égérie de sa jeunesse jusqu’à son mariage avec Christiane, mais aussi où il revit, trente ans plus tard, l’inspiratrice de son personnage de Charlotte dans les Souffrances du jeune Werther, Charlotte Kestner, née Buff.

Cette rencontre originale, car si décevante et somme toute triviale, inspira Thomas Mann pour un roman, Charlotte à Weimar. Puis un film de Egon Günther, Goethe und Charlotte Buff – ein spätes Wiedersehen, tiré du roman, avec Lili Palmer : Charlotte, sa fille et une servante entrent dans un bistrot. Le garçon qui la sert, épris de littérature, reconnaît en elle l’impératrice de ce roman qui l’a tant fait pleurer dans sa jeunesse et en répand le bruit dans toute la ville. Les gens se pressent pour dévisager en cette vieille dame la jeune Charlotte d’autrefois, amour de celui qui est devenu un monsieur plus âgé et fort respectable. Charlotte ne reconnaît plus en lui le jeune impétueux de jadis, et le dernier mot reste au garçon de bistrot épris de littérature : « Madame la Conseillère, je dois dire qu’aider la Lotte de Werther à descendre de la voiture de Goethe, c’est une expérience – comment la nommer ? C’est une expérience romanesque. »

Mais aussi, lorsque le Goethe-Institut a décidé, en 1993, d’ouvrir un bureau à Weimar, il s’est installé dans la maison qui appartint jadis à Charlotte von Stein et où elle était morte le 6 janvier 1827.

L’édifice le plus célèbre de Weimar est aujourd’hui la maison de Goethe, dans le quartier résidentiel. Ce fut là que Goethe mourut le 22 mars 1832.

En outre, à Weimar, la maison des Schiller à partir de 1802, Windischengasse, peut se visiter encore aujourd’hui. Là se déroula la fin de la vie d’un Schiller veillé par sa Charlotte. Il s’éteignit là, le 9 mai 1805. Trois jours plus tard, il était enterré au Jacobsfriedhof. Aujourd’hui, il repose avec Goethe dans un caveau commun, selon le vœu de ce dernier qui ne s’était jamais remis de la mort précoce de son meilleur ami.

Charlotte Sophie de Mecklenbourg-Strelitz fut une princesse à laquelle trois villes d’importance historique non négligeable dans le Nouveau Monde doivent leur nom – deux aux Etats-Unis (Charlotte, en Caroline du Nord, qui compte aujourd’hui environ deux cent cinquante mille habitants, et Charlottesville, en Virginie) et une au Canada (Charlottetown, capitale de l’île du Prince-Edouard, qui compte aujourd’hui environ vingt mille habitants). Il faut dire qu’elle était aussi femme du roi d’Angleterre, à l’époque où les Etats-Unis prenaient leur indépendance, avec l’élégance d’offrir à la reine des « marrainages » faute de sujets.

Charlotte County a, en outre, été fondé le 23 avril 1921, sur la Côte Ouest des Etats-Unis. Or, cette région baptisée par les Espagnols Carlos Bay avait été rebaptisée par les Anglais en 1775 Charlotte Harbor, en hommage à Charlotte Sophie.

On peut aussi repérer sur les cartes la Faille de la Reine-Charlotte, aux Etats-Unis. Ainsi que les Iles de la Reine-Charlotte, archipel de Colombie britannique, dans le Pacifique, au nord-ouest de l’île de Vancouver près de la frontière avec l’Alaska, que le détroit de la Reine-Charlotte sépare du continent. Sur l’une de ces îles, l'île Moresby, se trouvent les spectaculaires Gwaii Haanas, surnommés le "Royaume des Merveilles", patrie du peuple Haïda.
Revenons sur l’histoire de certains de ces endroits qui, portant le nom d’une reine d’Angleterre venue du froid, firent pour certains l’histoire des Etats-Unis naissants :
Charlotte, ville de Caroline du Nord, aux Etats-Unis, est la capitale du comté de Mecklenbourg. Elle est située au sud de l’Etat entre Atlanta et Richmond. Charlotte fut incorporée dans le comté en 1768, six ans après sa création. La cité tient, nous l’avons vu, son nom de la princesse Charlotte de Mecklenbourg-Strelitz, qui venait d’épouser en 1761 le roi Georges III d’Angleterre. Elle doit son emblème, le frelon, à Lord Cornwallis qui fut si mal reçu en ces lieux après la Déclaration d’Indépendance qu’il traita la gracieuse agglomération de « nid à frelons ». Deux Présidents des Etats-Unis, Andrew Jackson et James Polk naquirent dans ses environs et, à la fin de la guerre civile, c’est à Charlotte que le Président des Confédérés Jefferson Davis, battant en retraite de Richmond, conféra pour la dernière fois avec son cabinet tout entier réuni. Le premier institut supérieur de Caroline du Nord, Queens College, fut fondé à Charlotte en 1771.
Charlottesville, siège de l’université de Virginie, est située à 70 miles de Richmond au pied de la Blue Ridge Mountain. Jadis, la bourgade se situait sur l’une des pistes vers l’Ouest et ce fut là que le père de Thomas Jefferson choisit de s’installer en 1737. Sept ans plus tard, le comté d’Albermarle était créé et la bourgade rebaptisée du nom de la même Charlotte, femme de George III. Pendant la Révolution américaine de nombreux Anglais et gens de Hesse furent incarcérés là. En 1819, Jefferson fit construire les premiers bâtiments de l’université de Virginie. Sa maison de briques avec un dôme, à Monticello, domine la ville. Plus tard, en 1848, le train desservant la ville, le commerce sur le fleuve Rivanna fut abandonné. A cause de Jefferson, la ville est devenue un centre de « pélerinages », avec le mémorial de Lewis et Clark, et les statues de Washington, Jefferson et Lee.
Charlottetown, au Canada, est la capitale de la province de l’île du Prince-Edouard. Elle compte une vingtaine de milliers d’habitants et exporte des pommes de terre renommées. En 1720, des Français fondèrent là un petit centre baptisé Port le Joie. Mais en 1763, les Britanniques s’emparèrent de la souveraineté sur l’île et Port la Joie reçut à nouveau le nom de … l’insatiable marraine britannique, épouse du roi George III.
Carlotta Nom d’un typhon observé par le National Hurricane Center de Miami.

REINES, PRINCESSES, PERSONNAGES

Charlotte de Lusignan Reine du royaume de Chypre, renversée par son frère Jacques II, elle faisait partie d’une dynastie française d’origine poitevine, qui s’était illustrée pendant les Croisades et régna sur Chypre de 1192 à 1489.

Charlotte de Savoie (vers 1445-1483) Fille du duc de Savoie Louis II, elle épousa en 1457 le futur Louis XI. Mère de Charles VIII et d’Anne de Beaujeu, belle-mère de Louis XII, elle compta une sainte parmi ses enfants (Jeanne de France.

Charlotte de Bourbon Femme de Guillaume le Taciturne (1533-1584) qui se convertit au calvinisme et mena la rébellion hollandaise contre les Espagnols, et mère de Maurice de Nassau.

Charlotte de La Marck (1574-1594)

Charlotte d’Albret Sœur du bon roi Henri IV (1598-1610).

Charlotte des Essarts (vers 1580/8-7-1651), favorite du roi Henri IV

Maîtresse du bon roi Henri IV.

Charlotte Rouault (1618-1644), d'Abbeville, ursuline.

Charlotte-Elisabeth de Bavière, dite la princesse Palatine (1652-1722)

Charlotte-Amélie de Hesse-Cassel Mère du roi de Danemark et de Norvège Frédéric IV (1671-1730)

Charlotte Augusta (1796-1817)

Charlotte Corday (1768-1793)

Hedvig Elisabet Charlotta of Holstein-Gottorp

Charlotte Bonaparte, nièce de Napoléon – ainsi, par sa mère – que de Désirée Clary - et fille de Joseph épousa son cousin Louis-Napoléon, fils de Louis.

Charlotte, impératrice du Mexique (1840-1927) Autre destinée tragique mais haute en couleur, celle de cette Charlotte belge, née à Laeken le 7 juin 1840. Fille du roi Léopold Ier (et portant le prénom de la première femme de ce dernier), elle épousa en 1857 Maximilien d’Autriche, couronné par Napoléon III empereur du Mexique. Les époux partirent pour Mexico en 1864. Deux ans plus tard, l’épouse éplorée était de retour en Europe et tentait de sauver son empereur. Ne pouvant rien faire pour lui, elle en perdit la raison en 1866. L’histoire occulte raconte qu’elle eut un enfant adultérin qui serait le général Weygand.

Charlotte-Béatrice Ephrussi (1864-1934) Fille d’Alphonse de Rothschild et petite-fille de James.

Charlotte de Nassau (1896- 1985) Grande-duchesse de Luxembourg, de 1919 à 1964, fille du grand-duc Guillaume IV, qui a abdiqué au profit de son fils, le prince Jean.

ECRIVAINS, ARTISTES, MUSES

Carla Valenti, chanteuse californienne de jazz

Charlene Ann Baumbich, écrivain et humaoriste américaine

Charlene Moore, chanteuse de Gospels

Charlotte Brontë (1816-1855)

Charlotte Delbo Auteur de plusieurs ouvrages sur les camps de la mort, Charlotte Delbo fut incarcérée à Auschwitz, matricule N31661.

Charlotte Heine Sœur de l’écrivain Heinrich Heine.

Charlotte Le Couteulx de la Noraye A inspiré à André Chénier ses poèmes A Fanny.

Charlotte Moorman Violoncelliste

Charlotte Painter Editrice

Charlotte Perriand (1903-1999) Architecte décoratrice

Charlotte-Arrisoa Rafenomanjato, écrivain, poète, essayiste et traductrice. Elle est Présidente de la Société des Ecrivains de l'Océan Indien (SEROI). Fille de médecin, elle est elle-même sage-femme-puéricultrice. Son époux est diplomate. Elle est mère de trois enfants. Auteur d’une dizaine de pièces de théâtres, de contes et de nouvelles, elle habite Antananarivo

Charlotte de Rothschild Fille aînée de James de Rothschild, fondateur de la dynastie française, elle fut un peintre de talent.

Charlotte von Kalb

Charlotte von Lengenfeld , femme de Schiller.

Charlotta Augusta Wadams, femme du poète André Calvos.

ACTRICES

Carla Bruni, actrice italienne

Carla Guevara, chanteuse dans Miss Saïgon

Charlene Gonzalez, Miss Univers 1994, originaire des Philippines.

Charlotte Gainsbourg

Charlotte Rampling

JOURNALISME, POLITIQUE, SOCIETE

Charlene Barshefsky, avocate d’origine polonaise, née en 1951, et représentante au Commerce des Etats-Unis sous la Présidence Clinton.

Charlene Zettel, représentante du soixante-quinzième district (région de San Diego) du California State Assembly Caucus.

Charlotta L. Bjärkebring, député au Parlement suédois pour le Comté de Södermanland, née en 1960, siège à des comités pour la Défense et les Affaires Culturelles.

Charlotte Bühler, psychologue qui créa avec son époux Karl et Paul Lazarsfeld un centre de recherche en psychologie économique.Charlotte Ford Fille du magnat de l’automobile Henry Ford, elle fut la compagne de Stavros Niarchos.

Charlotte Garrigue Femme du premier président de la république tchécoslovaque Masaryk Tomas Garrigue.

Charlotte Herfray Spécialiste de la maladie de Alzheimer.

Charlotta Spears Bass (1880-1969).

ART, LITTERATURE

Les Charlotte sont des personnages hautement littéraires à commencer par la plus célèbre d’entre elles, celle de Goethe. Mais l’étude des Charlotte en littérature ménage quelques surprises. D’abord, c’est l’héroïne rêvée des livres d’enfant, où on la retrouve sous la forme d’une plaisantine, d’une gourmande, voire même … d’une araignée (Charlotte’s Web). A Namur et Charleroi, un amoureux la transforme en chanson. Et, nous vous le donnons en mille, qui prit le prénom de Charlotte pour pseudonyme, qui se nomma lui-même pour cacher son identité Charlotte Arand ? Sacher-Masoch.

Titres d’œuvres

Charlene, A Saint from Southwest Louisiana ?, livre de Barabara Guttierez, racontant la vie en Louisiane de la petite Charlene Richard, morte le 11 août 1959 d’une grave maladie lymphatique et « offrant ses souffrances au Salut des autres ».

Charlotte à Weimar, titre d’un essai de Thomas Mann.

Charlotte et son Jules, court-métrage de Jean-Luc Godard (1959).

Charlotte’s Web, livre-culte de E.B. White, Harper and Row, 1952.

Chut chut chère Charlotte est le titre d’un film de Robert Aldrich, tiré d’un roman policier.

Karlotta und die sieben Räuberväter, de Ursel Scheffler, Loewe-Verlag.

Les gourmandises de Charlotte Fable sur les méfaits de la gourmandise, par Job (Jacques Marie Gaston Onfroy de Bréville)

Pseudonymes et personnages

Charlotte, personnage de la comédie de Molière, Don Juan.

Charlotte, deux personnages de la Comédie Humaine, dont l’une est une veuve, maîtresse de Marsay, et l’autre la fille d’un cabaretier auvergnat.

Charlotte, héroïne des Souffrances du jeune Werther de Goethe et de Massenet.

Charlotte, héroïne de l’opéra inspiré par Goethe à Friedrich Gottlieb Klopstock.

Charlotte Arand, pseudonyme de Leopold Ritter von Sacher-Masoch (1836-1895).

Charlotte Barlett est un personnage du roman de E.M. Forster, A Room with a view (Une chambre avec vue), inspiré par la tante de l’auteur Emily Nash.

Charlotte Baynes est un personnage du roman de W.M. Thackeray, The Adventures of Philip, inspiré par la belle-mère de l’auteur Isabel Shawe.

Charlotte la double, personnage de Erich Kästner, dans la littérature jeunesse.

Charlotte Löwensköld, personnage de Selma Lagerlöf dans un roman du même nom.

Charlotte Lucas, personnage d’Orgueil et Préjugés de Jane Austen.

Charlotte Poireau Personnage de la BD du même nom de Jean-Claude Poirier.

Lolotte, personnage du film Eléna et les Hommes (1956) de Jean Renoir ; c’est la femme de chambre d’Eléna, jouée par Magali Noël, courtisée à la fois par l’ordonnance du général et un fils de famille.

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