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   LES DELICES DU QUENGO

Voilà plus de huit années, je crois, que je retourne chaque été au château du Quengo, à Irodouër, entre Rennes et Dinan et non loin de Dinard. J'ai raconté ailleurs (Ma Vie est un Roman : « Personnages » puis "L" et "Lorgerie" , ou directement "Lorgerie") comment j'ai découvert ce ravissant manoir, sa petite chapelle, son parc et son étang, en y étant amenée entre deux gendarmes. Les propriétaires ont leur site propre auquel je renvoie ceux qui veulent plus de détails. Je me contenterai, en quelques photos, de donner une idée de l'atmosphère et des parfums, de ce qui enchante tous les voyageurs de passage, de la poésie qui habite les lieux ..

Dès l'entrée, une symphonie de boiseries rares, avec les corniches du plafond et ses tonalités bleu roi et fleurs de lys dorées, et un escalier à la fois monumental et gracieux qui fleure bon la cire et le poli : il domine le carrelage de mosaïques blanches à queues d'hermines noires. Les armes de famille sont gravées dans le bois, et quelques trophées de chasse rappellent discrètement des battues d'autrefois.
La première pierre du manoir a été posée vers le XIVe siècle, mais l'ensemble reflète les architectures à la fois simples et élégantes des XVIIe et XVIIIe siècles français.  La modernité agressive n'a pas défloré les lieux qui baignent le soir dans une semi-clarté des lampes et, en hiver, le reflet du feu de bois sur les murs.











Un silence apaisé vous accueille et le matin, pour le petit-déjeuner, vous traversez un petit salon plein de livres, un grand salon avec portraits de famille désuets aux couleurs délicates, avant d'arriver dans une salle-à-manger où vous attendent les confitures maison (délicieuses), le pain grillé et où vous vous sentez châtelain vous-mêmes. Car c'est la magie du Quengo, vous êtes chez vous, les lieux vous adoptent. Le parquet qui craque, la salle de bains comme autrefois, les chambres aux papiers magnifiques que l'on ne saurait plus retrouver aujourd'hui, tout vous confie que vous êtes dans un monde où règnent les privilèges du coeur et de l'âme décernés à qui les mérite. Et qu'on ne parle pas d'argent : les sommes sont modiques. Vous disposez aussi d'une vaste parc et d'un étang et même d'une petite chapelle de pierre enchâssée dans des arbres ancestraux.
Depuis que Anne du Crest de Lorgerie et son mari Alfred ont repris le manoir, longtemps ordonnancé par la mère d'Anne, Geneviève de Lorgerie, les épinettes, orgues miniatures, pianos et autres instruments de musique jalonnent votre passage, et il n'est pas rare d'entendre le maître des lieux lui-même se détendre au piano : il est en effet, de son premier métier, facteur d'orgues et donne parfois quelques prestations alentour. Les clients anglais, allemands, italiens sont nombreux et il n'est pas rare d'échanger quelques considérations et conseils autour d'une tasse de thé avec des visiteurs de rencontre. La courtoisie des hôtes, l'atmosphère sereine contribuent au plaisir qu'on en ressent.