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   BRUNCH LITTERAIRES choix des rubriques



Café M, 24 boulevard Malesherbes, 75 008 Paris
12h 30 à 14h 30.
42 Euros par personne (avec une coupe de champagne )
Réservation : 01 55 27 12 34
Presse : Agence Force 4/Sophie Morgaut, tél : 01 44 40 27 30.

sophie.force4@wanadoo.fr

Le directeur du Hyatt Regency de la Madeleine, à Paris, Christophe Lorvo, est un amoureux de la littérature. Un jour de l’année 2003, il a eu l’idée d’instaurer des brunch littéraires arrosés de champagne Moët et Chandon et animés, un dimanche par mois, par l’écrivain, journaliste et « nouveau romantique » Gonzague Saint-Bris.


J’avais connu Gonzague dans les années 1970 et lisais ses billets écrits d’un ton à la fois léger et solennel. Nous avions partagé la table de Jean d’Ormesson chez Lucas-Carton, non loin du Hyatt Regency d’aujourd’hui. Peu après, il avait animé « Ligne Ouverte » sur Europe I et il est devenu un "best-seller" avec Le Romantisme absolu (1978). Au fil de nos publications, nous nous sommes encore entrevus de temps en temps, il a parlé d’un des mes livres dans son magazine Femme, et a été couronné du Prix Interallié 2002 pour Les Vieillards de Brighton. L’an dernier, il a publié Les Princes du Romantisme (Robert Laffont).
C’est un personnage gentil dans un monde qui ne l’est guère, attentif aux êtres, amoureux des belles choses, avec quelque chose de « la douceur angevine » de Du Bellay, sauf qu’elle est tourangelle. Sa jeunesse comme la mienne, très différemment, ont été baignées d’images du Clos-Lucé, près d’Amboise, musée consacré à Léonard de Vinci (devise : Obstinato Rigore) : sa famille en était maître des lieux, et, pour l'anecdote, ma mère, chaque été, m’emmenait non loin de là, au Château du Pray.

Photos du haut : le journaliste des Echos, Emmanuel Hecht, et Anne qui organise des voyages individuels en Italie. Ci-dessous, la table où brunchent Jean Piat, son épouse, célèbre auteur de pièces plus drôles les unes que les autres Françoise Dorin, Gonzague Saint-Bris et une cliente américaine de l'hôtel.

Pour ces brunch littéraires, à l’automne 2003, le premier à venir parler de son livre Adieu à la France qui s’en va fut Jean-Marie Rouart (aujourd’hui à Paris-Match), suivi de Macha Méril (Biographie d’un sexe ordinaire), le Prix Renaudot Philippe Claudel (Les Âmes Grises), l’effervescent Frédéric Beigbeder (Windows on the World), le délicieux René de Obaldia (La Jument du capitaine), Jean-Christophe Ruffin (Globalia), Bernard Pivot (100 Mots à sauver).
Et nous voilà réunis pour écouter « bruncher » l’homme aux yeux bleus comme un lagon des rêves dont je fus jadis tant amoureuse à l’époque de mes quinze ans, l’acteur et auteur Jean Piat.


Après un livre sur Sacha Guitry, Jean Piat sort son hommage à Beaumarchais. Un intermittent du spectacle. (Plon)
Beaumarchais, il l’a rencontré le 27 février 1948, lorsque le monologue du Barbier de Séville lui permit d’entrer au Conservatoire.
Gonzague Saint-Bris présente avec l’élégance de la discrétion ce livre insolite et enchanteur d’un être que l’on a toujours pris pour ce qu’il ne fut pas, un idéologue et chantre de la révolution. Beaumarchais ne fut, entre autres, qu’horloger, gigolo, harpiste, auteur de théâtre ou agent secret : ce fut lui, croit-on, qui démasqua le chevalier d’Eon, femme travestie en homme ; comment ? l’histoire ne le dit pas.
Son pseudonyme, Pierre Auguste Caron (1732-1799) le doit à l’époux défunt de sa maîtresse Madeleine Francket, que d’aucuns, nous précise l’acteur comme savourant un bonbon délicieux, « écrivent avec un q entre le c et le n ».
L’histoire de cette liaison émoustille d’ailleurs notre bretteur de l’esprit, et la salle sourit : « Il a 22 ans, elle en a 35 ou 36. Elle est mariée à un vieil époux qui se prénomme Pierre-Augustin comme l’amant, ce qui limite les chances de se tromper. Le mari meurt tôt, par gentillesse ou par hasard. » Et c’est de ce mari que la veuve hérite le bois ou « Bos » « Non-marchet », qui donne à notre écrivain son pseudonyme de Beaumarchais. Le saviez-vous ? Moi pas.
Madeleine meurt et Beaumarchais épouse une autre veuve, Geneviève, qui monte à cheval aux Champs-Elysées. Cela fait bien des veuves, bien des morts et l’on regarde le jeune homme d’un air soupçonneux. « - Beaumarchais von Bülow ! » s’exclame Gonzague Saint-Bris.
Par la suite, notre auteur du Barbier de Séville puis du Mariage de Figaro devient le chouchou des quatre filles du roi, surnommées par leur père Loche, Coque, Graille et Chiffe et … achète des terrains autour de la Bastille. Il ne devra la vie, quelques années plus tard, qu’au souterrain par lequel, au 14 juillet 1789, il fuit la horde qui veut sa peau. Il ne reviendra qu’après Thermidor.
Dix ans plus tard, il meurt … inconnu.
Au passage, on apprend que c’est Beaumarchais qui, las d’entendre « A vous la gloire, à nous l’argent », a créé la Société des Auteurs … à l’issue d’une bataille de treize ans. Il devait être d’ailleurs abonné au chiffre treize, car il épousa sa dernière femme, Marie-Thérèse, treize ans après être devenu son amant.
Champagne, cristal de Baccarat, gaspacho et saumon fin, les nourritures temporelles, mitonnées par le chef Nicolas Sale, font écho aux délices des nourritures spirituelles.
La veille au soir on fêtait à la télévision un autre jeune homme qui avait atteint les quatre fois vingt ans, Charles Aznavour. Quelle génération ! Mais le plaisir vient de ce que ces brunch n’ont aucun relent nostalgique ou désuet, l’assistance est jeune aussi, d’une élégance sereine, on fait allusion aux événements du temps, « glissez mortels n’appuyez pas ».On y retrouve, comme disait Nimier, ce que la vie offre de plus précieux, la légèreté.

Quelle merveille, l’esprit n’est pas mort, il prend ses brunch au Café M !

Prochain Brunch : 11 juillet avec Picouly.

Avec Nelson Montfort